L’histoire de la communication à l’heure d’internet
Qu’est ce que l’information ? Qu’est que la communication ?
Depuis plusieurs années, on trouve ces définitions et concept ici.
Le monde bouge. S’accélère .
Aussi, je vous présente ici une révision réactualisée des principes de communication et de l’information.
Vous avez peut être changé, le monde aussi !
A l’aura d’un monde qui a changé de civilisation et de paradigme.
Je laisserai une large place aux nouvelles tendances , sans revenir sur l’histoire qu’on pourra relire ici. Evolution et histoire du concept de la communication.
- Grand résumé de la communication.
Je propose ici avant de parler des nouveaux usages de se replonger dans l’histoire de la communication en quelques principes clés !
Qu’est ce que la communication?
A l’origine, la communication est de partager avec. Le mot originel communare est de communier avec. Mette en relation.
- La communication comme transmission.
Le terme de communication a dévié de sa définition originelle de partage pour se réduire à la notion de transmettre.
C’est à dire de se placer comme un locuteur qui donne un message à un destinataire de façon linéaire.
Cette vision est réductrice et c’est celle qui va s’imposer dans notre monde jusqu’à aujourd’hui.
Surtout d’un point de vue technologique comme on le verra. Et qui a influé sur la vie humaine de la communication.
On dira donc souvent que la communication est de fournir un message à un interlocuteur.
C’est la vision du téléphone, du télégraphe ou de la lettre que l’on envoie à sa dulcinée.
Cette conception de la communication est un peu limitée.
Elle est née de la théorie de Shannon sur la communication.
Elle s’est poursuivie avec la théorie des fonctions du langage de Jakobson.
La conception de la communication selon Jakobson.
Jakobson a défini 6 fonctions élémentaires du langage. ( on lira ici ; les 6 fonctions du langage de Jakobson )
Au delà de la communication linéaire d’un message d’un locuteur vers un destinataire, il a cependant inscrit quelques notions autour du message en tant que tel.
En s’intéressant à ce qui se passe autour de la communication.
- Par exemple : la fonction phatique du langage qui permet de prolonger la conversation et la communication.
C’est le symptôme de ces moments d’échanges dans ce séquence avec son coiffeur ou sa concierge : parler du beau temps.
L’information en tant que tel est nulle c’est à dire qu’elle n’apporte rien vraiment. Mais cela permet de prolonger une discussion, une relation qui s’arrêterait si on ne parlait pas de choses triviales.
Shannon, plutôt ingénieur illustre cette fonction dans la technique : lorsqu’on parle au téléphone, on approuve à l’interlocuteur par des hum hum… oui j’entends bien pour rassurer son locuteur que l’on est toujours en connexion et à l’écoute. Il faut dire qu’à l’époque de Shannon le téléphone était encore un objet technique défaillant.
Et entretenir sur le canal téléphonique un feed-back permettait à chacun de vérifier sinon était toujours connecté et en relation.
La communication expressive.
Face à la vision réductrice d’une communication unilatérale et linéaire, deux mouvements ont inversé cette vision.
D’abord Wiener.
Dérouté par les dégâts de la seconde guerre mondiale, il tente de définir une communication optimale entre les êtres humains pour mieux se comprendre . Il formalise le concept de la cybernétique. Ou la rétro action :
Quand on parle à l’autre, on interagit ; on prend ce qu’il a comprit et dit pour reformuler et changer son propre discours.
Cassant la voix à la linéarité de la communication.
On lira ainsi le billet sur Wiener et la cybernétique.
Ensuite, la communication expressive s’est diffusée grâce à l’école Palo Alto.
Avec quelques trivialités mais qui a l’époque étaient des révolutions :
- On ne peut pas ne pas communiquer.
- La communication est inscrite dans une relation : le comment dire est aussi important que le message lui même.
- La communication non verbale : les gestes , intonations sont autant d’élément de communication que le langage.
Leurs efforts sont encore d’actualité Quand on voit les stages de formations de communication en entreprise où l’on reprend ces concepts 50 ans après comme s’il s’agissait d’une nouveauté !
L’école n’apprend qu’à lire et écrire. Et non pas partager avec; comme au sens originel du mot communication !
Le paradigme d’une communication insérée dans la culture.
Goffman de l’école Palo Alto a profondément revisité les principes de la communication en la remettant dans un contexte plus large.
La communication est plus largement une actualisation de la culture tout simplement.
La culture est un système de valeurs. La communication est la dynamique qui met en mouvement cette culture.
En intégrant ses composantes : le système de valeur véhiculé :
- Dans les formules de politesse.
- Dans la représentation où chacun tient un rôle comme dans une pièce de théâtre.
On peut communiquer différemment si on tient le rôle de père par exemple avec si fils, ou si on tient le rôle de collègue de travail. La personne est la même mais pourtant elle utilise des façons de communiquer différentes
Au delà d’ailleurs du message ou du langage proprement dit. Le comportement, la communication non verbale use de geste.
Nouveaux usages : La peur de communiquer.
La communication non verbale est compliquée.
Elle procède à la différence de la communication verbale classique e peu de signes tangibles. Le langage du corps et analogique n’est pas aussi raisonné que le langage.
Par exemple, derrière une larme, le signe ne dit pas si c’est une marque de joie ou de tristesse.
Aussi si elle est plus naturelle ( c’est le langage de la relation utilisé quand on est bébé avant le langage verbal ), elle peut prêter à confusion.
Et nécessite cette lente appropriation de la relation que la communication moderne refuse. Aller vite.
Aller à l’essentiel !
Les nouveaux usages de communication :
Nous ne téléphonons plus.
Nous préférons le texto, le sms.
La distance du signe permet d’éviter la relation compliquée qui demande ce temps de mise en relation.
Plutôt que d’appeler et de parler du temps qu’il fait pour initier la fonction phatique de la relation, on préfère être direct.
Le temps qui nous manque soit disant nous pousse à envoyer un sms plutôt que d’appeler.
La communication digitale des smartphones s’est de plus agrémentée de smileys. Permettant de remette un semblant de relation analogique et expressive.
Mieux, les GIFs qui illustrent en vidéo anime son inner Life dont le travail a notre place :
Communiquer son état d’esprit en un click, avec des vidéos prechargées.
La communication confondante.
La communication confondante relie les hommes dans une communion. Comme dans le sens originel de la communication. Qui est de partager avec. Communier.
Cette communication est devenue stérile et médiatisée.
Autant dans les instants de vie commune dans les fêtes régionales, le mot communion a un sens. On rit, on boit. On chante.
Autant dans le spectacle télévisuel,
L’artifice est devenu roi. La communication confondante résume la confusion entre une réalité et l’image véhiculée par le média.
C’est malheureusement le cas de la dernière coupe du mondes gagnée par la France. Les médias ont construit cette marche de suspens et de cohésion nationale match après match. En sublimant la France, les joueurs.
Et l’effet est un pchittt. Quelle aura deux semaines après cet événement ,
Ces événements sont construits artificiellement de manière fugace : on n’oubliera pas la ferveur populaire et c’était le cas.
Mais la vision offerte par les médias traditionnels usurpent l’événement.
Les médias traditionnels utilisent largement l’esprit de cohésion sociale. Car ce sont les derniers moments qui rassemblent toute une population devant les médias.
La segmentation des usages de la télévision fait que que les jeunes regardent plutôt des des séries sur leur smartphone.
L’objet télévisuel classique est devenu ringard. Sauf dans ces fameux moments de communication confondante où on rassemble : les compétitions sportives, les émissions phares grand public comme The voice sur TF1, où les grands moments nationaux comme l’enterrement de johnny halliday.
L’information.
Le grand changement sur le concept de l’information est une communication devenue horizontale.
A décrypter ici !
Le média inversé.
La place des médias a largement été centralisée par la télévision ou par les quelques journaux nationaux.
Où se concentraient la vérité, l’attention unique. Une certaine vérité relative car souvent nourrie du microcosme de la politique.
L’espace public est ainsi né au XVIIIeme siècle.
Il s’agit de « privatiser » le discours réservé aux élites, à l’état. Ce corps intermédiaire ouvert par la bourgeoisie définit ainsi une sphère de communication entre personnes privées, définissant un public.
Cet espace médiatique, incarné par la télévision et la presse tend à échapper à l’état. Il permet l’espace critique. En ce de s les médias sont devenus le 4eme pouvoir. Ou un contre pouvoir a l’état.
Jefferson œuvre à faire entrer dans la constitution américaine le principe de liberté de la presse.
Je préfère des journaux sans gouvernements plutôt qu’un gouvernement sans journal .
Communication et information.
On confond souvent la communication et l’information.
La communication est un acte, une actualisation d’un message qu’on distribue, partage. C’est un acte de communion ( au sens originel du mot communication ).
Il est une réalité présente de soi avec les autres.
Il n’est pas besoin d’informer ou de donner des informations pour communiquer.
La communication non verbale nous le montre. Un regard, un silence, une larme sont autant de signe de communication qu’un long texte qu’on lit à quelqu’un.
L’information.
L’information est d’abord une mesure scientifique.
Avant même de parler du message que l’information véhicule ou son contenu.
L’information est une mesure de la liberté de choix, dont on dispose lorsqu’on sélectionne un message.
Une mesure mathématique de l’originalité de la situation, créée au récepteur par l’avènement d’un message.
Plus un fait est improbable, plus l’information a une valeur.
Par exemple, dire que paris est la capitale de la France n’est pas une information. Car c’est un fait largement écrit dans tous les manuels de géographie ou d’histoire. Ce fait est probable a 100% et c’est la raison pour laquelle ce n’est pas une i formation.
A la différence : un homme armé est entré ce matin dans une cours d’une école à Paris est un fait improbable. Sa valeur informationnelle est importante.
Les médias captent donc ces signaux faibles d’information et les relaient.
La valeur de l’information tient donc à sa rareté, son caractère improbable.
Les grands stratèges qui souhaitent prédire les tendances usent de ces méthodes. Capter le petit signal faible.
Le rôle des médias devant ces informations est de les comprendre, les hiérarchiser et les proposer au plus grand nombre.
L’analyse et la hiérarchisation sont importantes car deux informations improbables n’ont pas la même valeur dans une communauté donnée. Ainsi une information sur une catastrophe dans un pays lointain sera moins relayée qu’un accident survenu dans son pays.
Viralité de l’information.
Aujourd’hui la viralité de l’information asperge l’internet. Chaque information devient copiée collée dans des milliers d’articles. Relayés par les réseaux sociaux.
La valeur informationnelle tend à disparaître. Tout fait devient horizontal. Aussitôt exploité. Diffusé. Commenté.
En ce sens, il n’y a plus de hiérarchisation.
C’est l’horizontalité de l’information. Où tout à la même valeur. Sauf si elle est plus diffusée qu’une autre.
C’est la tendance inversée :
La valeur de l’information n’est plus liée à son caractère aléatoire et hiérarchisé dans le système de communication et culturel d’une société. C’est la viralité et son exposition qui fait sa valeur.
Peu importe d’ailleurs la véracité de l’information. Plus elle est lue et partagée, plus l’information prend de la valeur.
La mesure scientifique de l’information par son caractère improbable est devenue l’entropie maximale de l’information.
Shannon peut se retourner dans sa tombe !
The medium is the message.
Le relais de l’information comme on l’a vu est le média. Le média ( médium, intermédiaire ) est cet instrument qui est en lien entre celui qui fournit une information et celui qui le reçoit.
Historiquement, la presse, la télévision étaient ce média intermédiaire.
Mac Luhan lance la formule provocatrice au xxeme siècle :
The media is the message.
D’abord, cela signifie que le média en lui même a une résonance et un pouvoir au delà du contenu du message véhiculé.
Voilà pourquoi la télévision a largement diffusé des informations que tout le l’onde a accepté, peu importe le message.
Aujourd’hui c’est internet qui prend le relais. Devenant le 5ème pouvoir.
Peu importe le contenu, internet est le message. On y croit.
Le contenu du message importe peu.
La formule rejoint bien la théorie de Claude Shannon sur la valeur de l’information. Son contenu en somme importe peu.
Les médias traditionnels s’interrogeaient sur le contenu de ce qu’ils diffusaient.
Aujourd’hui sur internet, le média n’est représenté que comme un tuyau qui véhiculé des contenus.
Les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, what’s app ont toujours refusé de s’impliquer dans le contenu de ce qu’ils diffusaient.
En tant que diffuseur et opérateur, on peut louer cette indépendance sur la neutralité d’internet : on transmet des octets, des messages et on refuse de les lire et les censurer.
Un peu à l’image d’un postier qui vous distribue le courrier. Cela vous choquerait qu’il lise votre lettre avant de la remette pour vérifier qu’il n’y a pas d’insultes à votre égard.
La différence ici pour les réseaux sociaux est que la publication des contenus dépasse la stricte fonction de transmettre des messages. Ces réseaux sociaux sont devenus des médias
( d’ailleurs Twitter par exemple sur l’Apple store ne se classe plus en réseau social mais en tant que média ).
Les lignes bougent.
Les scandales de Facebook sur la manipulation des élections américaines.
Les morts en Inde dus à des lynchages par des fausses informations relayées sur what’sapp.
Les géants américains ont largement utilisé la viralité et aujourd’hui s’en mordent les doigts. Dépassés par les conséquences et dépassés par une citoyenneté qui commence à se poser des questions.
La réglementation européenne sur la protection des données personnelles ( d’ailleurs reprise par l’état de Californie, terre des gafas sic ) remet l’église au centre du village…
L’information et les fake news.
Les rumeurs et fausses informations ont toujours existé.
Souvenons à Paris cette information, dans les années 60, les jeunes femmes étaient enlevées dans les cabines d’essayage pour finir en esclavage.
La rumeur résistait car l’information était improbable. Seul le média ( le média est le message ) permettait de taire au fil du temps les mensonges.
Si l’on reprend la théorie de l’information comme énoncée par Shannon, la rumeur, le complot, ces faits improbables sont de vraies informations. Si l’on s’en réfère à la définition originelle.
Mais si ces informations autrefois oubliées , non relayées par les médias ne trouvaient pas de public large, c’était le travail de journalistes sérieux ou experts qui hiérarchisaient et de fait refusaient le mensonge, la contre vérité.
L’horizontalité de l’information.
L’horizontalité de l’information est aujourd’hui accessible à tous :
- En tant que consommateur de l’information : on peut trouver l’information sur internet partout y compris sur les sites racistes ou complotistes. L’éducation sur la lecture de l’information est en ce sens cruciale.
- En tant que producteur d’information. Le web 2.0 a permis à chacun de publier sur des blogs, des forums tout ce qu’il à dire. Y compris tous les mensonges.
- En tant que citoyen mondial, toute information est de facto lue partout, mondialement.
Ce sont les 5 piliers de la société de communication d’aujourd’hui !
L’horizontalité de l’information donne la même valeur à la bonne ou fausse information.
Les journalistes aujourd’hui se trouvent impuissants devant le phénomène.
La connivence parfois maladroite avec le pouvoir ou les lobbies ne les aide pas à trouver ou retrouver la légitimité.
Car après la politique, les institutions religieuses, les syndicats, ces communautés ont toutes perdues leur légitimité.
Les journalistes avec bienveillance utilisent le fact checking pour redonner le sens à l’information.
Le sujet n’est plus la probabilité d’une information et de la hiérarchisée mais de juguler le faux du vrai.
Les réseaux sociaux tels Twitter participent à cette démarche. Facebook travaille à publier l’indice de véracité des articles postés et partagés. En proposant des articles alternatifs et vérifiés en suggestion. Car la difficulté face aux fake news est de ne pas censurer.
Pour en revenir au média qui doit laisser la neutralité des messages. Comme le facteur qui ne lit pas votre courrier…
L’information froide.
L’information comme on l’a vu est une mesure scientifique d’un fait, d’une probabilité.
L’information a largement concerné le champ de la sphère publique.
Aujourd’hui, cette mesure concerne aussi la donnée personnelle.
Les géants du web ont appris à vous tracer. Et stocker chaque mouvement, chaque action que vous faites dans des immenses data center.
L’information est froide. Le lieu où vous étiez hier et là maintenant n’a aucune valeur informationnelle.
Vous laissez trace aussi de vos données de santé peut être.
Ces milliers de données ne disent rien. Mais si par malheur un paramètre change dans vos habitudes de vie, cette improbabilité devient une vraie information.
De là on vous notifiera une alerte sur la santé. Ou la perspective d’un bouchon si vous vous déplacez.
Le self quantified, la mesure de soi est devenue une mesure largement utilisée.
L’information ne concerne plus le monde, mais tout à chacun.
Les informations que vous transmettez chaque jour sont utilisées pour votre bien.
Google ou Apple a appris vos déplacements . Et lorsque vous prenez la voiture, on vous indique le temps de trajet.
L’information stockée du passé devient une information pour votre présent. Et conditionne votre futur.
Le paradigme informationnel qui ne vous concernait pas vous embarque maintenant. Passé, présent et futur n’existent plus.
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