Herbert Marshall McLuhan ( 1911-1980 ) est professeur de littérature et théoricien de la communication.
Il est un des fondateurs des études contemporaines des Médias, et a su le premier diffuser au grand public les études relatives aux études sur le média.
« The medium is the message« .
La formule la plus célèbre de McLuhan est » le médium est le message » .
Focus sur une figure clé des défricheurs des Sciences de l’information et de la communication.
Et un visionnaire.
Le média, le canal de communication aussi important que le contenu du message.
On considère généralement l’aspect du fond et de la forme d’un message, d’un écrit.
Dans la communication, on s’attache souvent au sens, au contenu du message.
McLuhan met en évidence que le média par lequel est véhiculé le message est tout aussi important.
Le canal de communication ( imprimerie, journal, téléphone, télévision ) a un rôle fondamental dans la force, du message. Autant que son contenu.
Pour qu’une information passe, le message doit trouver à la fois son canal.
Comme le disait Keynes : « On ne peut avoir raison tout seul« .
Le médium est une composante clé de la valeur de nos messages, et de leur portée.
L’imprimerie de Gutenberg a permis par exemple la diffusion de la Bible.
Et les grands bouleversements de notre monde sont liés aux bouleversements techniques.
C’est pourquoi aujourd’hui, on parle de révolution du XXIeme siècle, quant à l’arrivée du canal internet.
Le canal influe sur le mode de perception du message.
Ainsi, une conversation identique, véhiculée par téléphone ou sur internet par la messagerie instantannée.
La valeur d’une information ( « La France est en récession économique » ) n’est pas la même si elle provient de ma grand-mère, ou d’une chaîne de télévision spécialisée en économie, comme BFM TV.
Dans canal de communication, on peut y associer tout support de véhicule.
Il contient ainsi les réseaux de télégraphie, le train comme canal de transport des hommes, et donc des idées ; les réseaux internet ; voire les lignes électriques :
En ce sens, l’électricité par exemple, est un exemple concret de la phrase « the medium is the message » :
- l’électricité a permis la révolution, le changement de notre monde : accès au confort, mais surtout accès à la lecture lorsqu’il n’y avait que la bougie qui permettait de lire les livres ; au transport électrique des trains, à la radio, à la télévision, à internet.
- le canal électrique est totalement dépourvu de contenu : l’électricité de dit rien. Mais ce « média », ce canal de communication électrique a changé notre monde, d’un point de vue des idées ( par sa diffusion par les médias nécessitant l’électricité ).
Comme le souligne Umberto Eco, dans « la guerre du faux« , à propos de McLuhan :
« Avec l’avènement de l’électricité, des phénomènes révolutionnaires se sont créés : avant tout, s’il est vrai que « le média est le message »; indépendamment du contenu, la lumière électrique est le premier média de l’histoire totalement dépourvu de contenu ; puis la technologie électrique , remplaçant non pas un organe séparé, mais le système nerveux central, a offert comme produit primaire l’information ».
Médias chauds, médias froids.
Mc Luhan a formalisé en 2 catégories les caractéristiques des médias :
les médias chauds, et les médias froids.
Voici l’explication de ces deux notions, un peu difficiles à appréhender.
- Média chaud :
Le média chaud se concentre sur un seul sens ; à un haut pouvoir de définition, saturant le récepteur de données. Il laisse le récepteur libre des autres facultés.
Les médias chauds :
– le livre ( il appelle au sens seul de la vision )
– la radio ( il appel au seul sens de l’ouie )
– Le cinéma ( d’une qualité de définition forte, elle n’oblige pas à compenser ses sens ).
Comme le précise Umberto Eco : « Ces médias hypnotisent, mais sur un seul point« . ( la vision, l’ouie ).
- Média froid :
Le média froid fournit lui peu d’information définie, et obligent le récepteur à combler ces vides, en engageant tous ses sens :
– La télévision :
Elle est un média froid : elle oblige le récepteur à décoder par tous les sens ce qui est proposé ; et elle engage entièrement le récepteur.
L’image télévisuelle est pauvre en données : « l’image télévisuelle offre au spectateur environ 3 millions de petit points à la seconde, dont il n’accepte que quelques douzaines à la fois, à partir desquels il construit son image. ».
Le peu d’information fournie par le média oblige la participation, et encourage la participation du spectateur.
Ce point peut paraître paradoxal avec l’idée répandue que la télévision abrutie, et rend passif le spectateur.
La vue, lorsqu’elle le seul organe de perception du média ( comme dans la lecture d’un livre ) permet de ne voir qu’un seul aspect de la vie des formes.
« Elle nous permet d’isoler l’incident individuel dans le temps et dans l’espace.
Au contraire, dans le média froid, la perception est globale, non spécialisée. Elle est totale. Et empêche cette distanciation, ce recul sur les choses. »
La lecture de McLuhan est difficile à décortiquer : il a joué sur la forme, les formules chocs, et son analyse a été largement commentée.
Umberto Eco conclue par exemple son analyse [ la guerre du faux , 1985 ] :
« Lisez McLuhan ; mais ensuite, essayez de le raconter à vos amis.
Ainsi, vous serez obligés de choisir une séquence et vous sortirez de l’hallucination ».
L’exemple d’un medium, comme message : le tatouage.
Le tatouage est un exemple qui donne un message, sans qu’à un moment ne parle de contenu.
Le tatouage est visuel, imprimé sur le corps. Et le corps devient message.
La limite du tatouage dans son contenu ( la limite du corps ) ne permet pas d’exprimer un message en soi. Mais en tant que signe lui-même, il exprime un message. Le medium ( le corps ) devient message.
Il a tant de valeur qu’aujourd’hui, le tatouage est perçu comme un message de son comportement, de sa personnalité.
Ainsi, l’université du Canada, McMaster University montre dans une étude ( à lire ici ) que les professionnels tatoués auraient plus tendance à agir sous le coup de l’émotion et de l’impulsion, et seraient donc moins fiables. En France, plus d’un français sur deux a déjà entendu une réflexion négative concernant son tatouage.
Ainsi, avant même d’avoir parlé, s’être exprimé, le tatouage donne déjà un message. Au moins perçu.
Le canal et le medium, c’est quoi ?
Occuper le canal ! Le canal de communication. Les politiques et le marketing l’ont bien compris :
Peu importe le message, c’est le canal et le support médiatique qui importe . Voilà comment le marketing utilisé le News jacking, et les politiques de faire de la surenchère sur les mots non pas pour partager du contenu mais capter l’attention.
.
Je vous en parle.
On y reviendra, il y a encore beaucoup à dire.
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Infographie des médias chauds et froids, selon Mc Luhan, en synthèse.
Le message est le médium : ou le tatouage comme canal de com’
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Article très intéressant, merci .
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Merci beaucoup, j’espère que cet article sur Mc Luhan vous a plus !
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