La vie est un théâtre : communiquer comme un engagement, selon Goffman

Qu’est-ce communiquer ?
Au-delà des échanges de messages, par la discussion, ou les messages sur textos, communiquer c’est d’abord être avec les autres.

Et communier.
Birdwhistell, ou l’école de Palo Alto, représentée par Paul Watzlawick ont toujours considéré que l »on « participait à la communication » plutôt qu’on ne la produisait.

Que l’on était membre ( d’un groupe, d’une société ) , parce que l’on y était prévisible, et que l’on « performait » la culture en permanence par ses faits et gestes.
Loin des conceptions usuelles de la communication, où l’on envoie un message à l’autre, comme dans une partie de « ping pong ».
On est dans un « orchestre », où la partition est déjà en cours. A soi de se mettre dans la bonne note.
La communication comme une longue partition.
Loin des schémas traditionnels des SMS qu’on s’envoie.
A lire, avec la vision de Goffman !

L’intéraction dépasse les individus :

L’idée première est qu’une intéraction entre deux personnes, n’est pas qu’une intéraction.

c’est-à-dire une séquence actions/réactions, comme dans les échanges de textos ou d’e-mails.

Elle appelle à la société tout entière, parce qu’elle fonctionnerait de la même façon.
L’intéraction entre individus ne doit pas être décrite comme d’ordre psychologique, mais sociétal.

L’intéraction n’est pas un échange de « ping-pong », mais « l’occasion de multiples petites cérémonies » ( Goffman, 1967/1974 ) dont la fonction est d’assurer l’ordre social. C’est une transaction.
Entrer dans une boulangerie, saluer les clients déjà présents, émettre une touche d’humour, ce n’est évidemment pas donner une information vitale ( « je veux du pain » ), mais une mise en situation, où chacun se positionne.

La notion d’engagement. ( involvement )

Goffman s’intéresse à ce concept, celui de l’engagement ( ou involvement ) :
Dès l’instant où deux individus se trouvent en présence rapprochée, ils sont soumis à des règles intéractionnels.
Et peu importe s’ils parlent : ils se sentent en intéraction, en échange, en observation avec l’autre.
Ils ne peuvent plus agir comme s’ils étaient seuls.
L’exemple commun est celui des patients dans une salle d’attente.

Personne n’ose parler. Mais pourtant, chacun se sent observé.
Et chacun des gestes est millimétré, et « conscientisé » ( ou pas ).

« Lorsque des individus se trouvent réunis en des circonstances qui n’exigent pas que des paroles soient échangées, ils s’engagent néanmoins, qu’ils le veuillent ou non, dans une certaine forme de communication. Même si un individu peut s’arrêter de parler, il ne peut s’empêcher de communiquer par le langage du corps. Il peut parler à propos ou non. Il ne peut pas ne rien dire »

L’individu est donc, plus que dans l’orchestre, il est en scène en permanence.
Dans « la présentation de soi« , Goffman définit ainsi la vie sociale comme un théâtre, dans le quel la scène ( là où se déroule la communication) est le lieu d’expression de nous même : les acteurs..

Pour rappeler « Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles. » « ,de William Shakespeaere.

La prédictibilité de la communication.

Pour reprendre la métaphore théâtrale de Goffman, les acteurs repèrent, et intéragissent en permanence, dans une situation donnée.

 » lorsqu’un individu est mis en présence d’autres personnes, celles-ci cherchent à obtenir des informations à son sujet ou bien mobilisent les informations à son sujet ou bien mobilisent les informations dont elles disposent déjà. Elles s’inquiètent de son statut, de ses dispositions à leur égard, de sa compétence, de son honnêteté, etc.. Cette information n’est pas recherchée seulement pur elle-même, mais aussi pour des raisons très pratiques : elle contribue à définir la situation, en permettant aux autres de prévoir ce que leur partenaire attend d’eux et corrélativement ce qu’ils peuvent en attendre ».

La prévisibilité de la communication est donc essentielle :

Je repère chez l’autre ce qui peut m’aider à le comprendre.

Chez Goffman, chaque acteur semble réfléchir à ce qu’il va dire ou faire; en fonction des réponses qu’il a déjà faite.
C’est l’exemple dans la salle d’attente, où en fonction des autres, j’essaye de prévoir ce qui va se passer :  »
La maman fait un signe d’inquiétude : va-t-elle demander de pouvoir voir le médecin avant tout le monde ? ».

En résumé :
Communiquer va au delà du langage verbal, ou du langage du corps.

C’est se mettre en danger, dans une situation de société, où je dois conjuguer.
L’engagement, c’est la non possibilité de me retirer de l’espace de communication : je fais avec, et chacun réagit comme il le peut.

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