1er janvier, Minuit pile. Des millions de SMS transitent sur nos portables. Pour souhaiter une bonne et heureuse année.
Les nouveaux usages numériques rendent tellement facile la « fonction » qu’on ne prend plus la peine d’aller acheter une carte et un timbre qu’on enverrait à Mamie.
Car même Mamie a son téléphone qui reçoit ces fameux textos en 1 une ligne : « bonne année ».
Ainsi la vieille carte de voeux qu’on pouvait envoyer tout le long du mois de janvier n’est plus.
Retour sur un étrange usage du XXème siècle… Lire la suite
Archives du mot-clé fonction phatique
Les 6 fonctions de notre langage, numérique ou pas.
Notre monde numérique et notre communication aujourd’hui se résument à ceci :
la transmission d’un message ( souvent binaire, numérique, grâce aux technologies modernes ) à un destinataire.
L’image du « ping-pong » : je t’envoie un message, j’y réponds, via la douceur numérique d’un portable.
Tout est doux ; l’usage est maîtrisé.
Pourtant, la communication est différente, bien au-delà !
Focus ! Lire la suite
Bonjour, le mot simple d’une communication ordinaire
Les usages nous ont appris, depuis le plus jeune âge : dire « bonjour ».
A l’enfant, on explique que c’est de la politesse de dire bonjour. Souvent, les conventions, mêmes rébarbatives, ont une explication, un sens. Et voilà le sens millénaire : Dire bonjour, c’est le mot qui nous met en relation de communication. Lire la suite
La fonction phatique, sur Facebook et chez le coiffeur
« Il fait beau aujourd’hui » [ chez ma coiffeuse ]
Je partage une video buzz, » I like ! »
[ sur Facebook ]
« Allo ? tu m’entends ? » [ au téléphone ]
« Hum… oui … effectivement »
[ dans une discussion ]
« C’est l’histoire d’un belge… » [ dans une soirée entre copains ]
Souvent, nous communiquons pour ne rien dire.
Ce qu’on dit n’a aucune importance. Mais c’est là l’important.
Que ce soit sur Twitter, facebook, par MSN, chez la boulangère, mon coiffeur, ou entre collègues, ces bribes de communication sont LA communication. Focus ! Lire la suite
Que twitterait Sarkozy ?
Les déclarations politiques sont toujours nuancées, ou objet à des codes.
La politique a son langage. On l’appelle souvent la « langue de bois », c’est à dire communiquer, sans rien dire. Lire la suite
Que Twitterait De Gaulle ?
Les déclarations politiques sont toujours nuancées, ou objet à des codes.
La politique use du média comme vecteur de communication d’idées politiques. De De Gaulle dans les médias, on se souvient de l’appel du 18 juin 1940, à Londres, sur les ondes de la BBC. Il s’agit d’utiliser la radio comme LE média de l’époque. Aujourd’hui, De Gaulle utiliserait Twitter. Comme le font les nouveaux « usagers » dans le cadre des révolutions en Afrique. Et twitterait :
La France n’est pas seule !
la défaite est-elle définitive ? Non !
Je vous ai compris ! Lire la suite
Fonctions du langage de Jakobson, par l’exemple
Le schéma de Roman Jakobson fait référence dans les études sur la communication. Sa construction, inspirée du schéma de Shannon et Wiener, publié en 1948 eut un énorme impact.
Aujourd’hui, il sert de repoussoir pour penser d’autres modèles.
On trouvera ici un exemple illustrant les fonctions du langage de Jakobson.
Fonctions du langage de Jakobson
Roman Jakobson ( 1896 – 1982 ) :
Né à Moscou, il fonde en 1915 le Cercle linguistique de Moscou. Jakobson s’attache dans ses travaux au poème, en approfondissant la forme. « Le procédé, voilà l’unique héros de la littérature » .
Récurrences phoniques, rythmiques, syntaxiques et sémantiques. Jakobson élargie la fonction poétique au delà de la littérature, dans la conversation, le langage.
Une jeune fille parlait toujours de l’ « affreux Fred ». Pourquoi affreux , et non pas horrible, insupportable, dégoûtant ? « Je ne sais pas pourquoi , mais affreux lui va mieux ». Sans s’en douter, elle appliquait le procédé poétique de la paranomase [ se dit d’un mot inclus, totalement ou en partie, dans un mot ]. Le choix des mots, l’un plutôt qu’un autre ; la phonologie, le phonème, sont des axes de son travail. Jakobson souhaitait écrire un tableau des oppositions pertinentes entre les sons ou les phonèmes, conçus comme les atomes de nos phrases.
L’intérêt du texte ici est l’introduction dans la fonction du langage, calquées sur les « six facteurs inaliénables de la communication verbale ». Ces fonctions du langage dites de Jakobson sont une référence dans les études sur la communication.
[ Essais de linguistiques générale, 1963 ].
Roman Jakobson part du schéma de Shannon, concernant les éléments fondamentaux permettant une communication. Le destinateur envoie un message à un destinataire. Pour qu’il soit opérant, le message requiert d’abord un contexte, saisissable pour le destinataire. Pour qu’il soit reçu, le message nécessite un contact ; un canal physique ( une lettre, une ligne téléphonique ). Enfin , le message est construit sur un code ( une phrase par exemple ).
A ces six facteurs inaliénables de la communication, Jakobson y associe six fonctions du langage. « La diversité du message réside non dans le monopole de l’une ou l’autre des fonctions, mais dans les différences de hiérarchie entre celles ci ».
Le destinateur ou fonction dite « expressive » ou « émotive » :
Centrée sur le destinateur, « elle vise à une expression directe de l’attitude du sujet à l’égard de ce dont il parle. Elle tend à donner l’impression d’une certaine émotion. La couche purement émotive dans la langue est présentée dans les interjections. « Tt ! Tt », l’énoncé consiste en 2 clicks de succions. La fonction émotive, patente dans les interjections, colore à quelque degré tous nos propos. Un sujet utilisant des éléments expressifs pour indiquer l’ironie ou le courroux transmet visiblement une information ». Jakobson illustre l’exemple, souvent pris comme un exercice dans la pratique théâtrale de mettre sous un mot ( segodnja vecurom « ce soir » ) , une variété de situations différentes.
Fonction conative ou l’orientation vers le destinataire :
Elle trouve son expression grammaticale dans le vocatif et l’impératif. Les phrases impératives ( « buvez ! » ) s’écartent des phrases déclaratives par « l’épreuve de vérité ». Elles ne sont ni vraies, ni fausses. « Quand Nano dit « buvez », l’impératif ne peut provoquer la question « est ce vrai ou n’est ce pas vrai ».
La fonction phatique ou la présence du canal de communication :
« Il y a des messages qui servent à établir, prolonger ou interrompre la communication ; à vérifier si le circuit fonctionne (« Allo, vous m’entendez ? » ou attirer l’attention de l’interlocuteur : ou s’assurer qu’il ne relâche pas : « vous m’écoutez ? » ). Cette accentuation du contact peut mener à des dialogues entiers dont l’unique sujet est de prolonger la conversation. L’effort en vue d’établir et maintenir la communication est typique du langage des oiseaux parleurs.
La fonction métalinguistique ou se concentrer sur le code :
Le métalangage n’est pas seulement un outil scientifique pour l’usage des linguistes. Il joue un rôle important dans le langage de tous les jours. Chaque fois que le destinateur / destinataire juge nécessaire de vérifier s’il utilise bien le même code, le discours est centré sur le code. : il remplit une fonction métalinguistique. « je ne vous suis pas, que voulez vous dire ? ». « Que signifie sophomore ? Sophomore est un étudiant de seconde année ». L’apprentissage de la langue maternelle par un enfant jour largement de ces opérations métalinguistiques.
Fonction « référentiel » ou contexte :
Elle est la troisième personne, le « quelqu’un » ou le « quelque chose » dont on parle.
Fonction poétique :
Reste donc le message lui même, que Jakobson englobe dans la fonction poétique. « La visée ( Einstellung ) du message en tant que tel, l’accent mis sur le message pour son propre compte, est ce qui caractérise la fonction poétique du langage. Toute tentative de réduire la sphère de la fonction poétique à la poésie n’aboutirait qu’à une simplification excessive et trompeuse.
« Pourquoi dites vous toujours « Jeanne et Marguerite », et jamais « Marguerite et Jeanne ». Ca sonne mieux ainsi. Jakobson rappelle les deux modes des opérations linguistiques : la sélection et la combinaison.
Sur le thème de l’enfant, le locuteur fait un choix parmi une série de noms existants : enfant , gosse, mioche, gamin. Ces mots sont plus ou moins équivalents. La sélection est produite sur la base de la similarité, dissimilarité, de la synonymie et de n’antinomie.
Pour commenter ce thème « enfant », le locuteur fait le choix d’un des verbes sémantiquement apparentés « dort / sommeille / somnole ». Les deux mots choisis ( enfant dort ) se combinent dans la chaîne parlée. Cette combinaison, la construction de la séquence repose sur la contiguité. « La fonction poétique projette le principe d’équivalence de l’axe de la sélection sur l’axe de la combinaison. »
Six fonctions du langage sur six facteurs de la communication ; voilà l’instinct génial de Jakobson.
A nuancer : la communication, basée sur les théories scientifiques de Shannon ne doivent pas faire oublier que communiquer ne se réduit pas à véhiculer un message, mais donner tout ce qu’on communique : la parole , les intonations, les gestes, les silences. Eléments qui ne rentrent pas dans les concepts de Jakobson.
On lira un exemple pratique, sur les fonctions du langage : Les fonctions du langage Jakobson, par l’exemple.
Jakobson s’est inspiré du modèle défini par Claude Shannon, sur ces 6 fonctions du langage, basées sur les fondements techniques d’un modèle de communication unique : Claude Shannon, sur une définition mathématique de la communication. C’est l’intuition de Jakobson d’y appliquer les fonctions du langage associées.
Les fonctions du langage peuvent s’appliquer dans nos usages numériques, tels que les réseaux sociaux ( Facebook, Twitter ). On retrouvera un exemple de ces fonctions appliquées à Twitter, sur cette grille de lecture : Les 6 fonctions du langage de Twitter selon Jakobson.
On lira un exemple de fonction phatique, par le mot « bonjour », qui initie la communication sur le canal communicationnel : le bonjour ou une communication ordinaire.
La théorie décrite par Jakobson sur ces fonctions a été décriée, car elle limite les fonctions à une communication représentative ( rationnelle, voire digitale ), et centrée sur l’émetteur du message. Elle ne met pas en évidence les intéractions entre les personnes communiquant, et interagissant. La communication expressive est plutôt conceptualisée par l’école Paolo Alto.
On lira l’approche différente : une logique de la communication.
- Textes relatifs :
La communication représentative, ou « télégraphique »
il n’y a que 6 fonctions du langage de Jakobson, et non sept comme le sous entend le roman « la septième fonction du langage » de Romain Bine
On lira également un avis sur le monde de la communication en entreprise. Dans le contexte des fonctions de Jakobson : La vie en entreprise, selon Jakobson.
Communiquer et entrer dans l’orchestre
Non, on n’est pas l’être absolu doté d’un cerveau omniscient, qui décrit ses mots, ses idées.
Non la femme de ménage n’a pas à rougir des idées écrites sur le site lemonde.fr… Les journalistes du Monde ont beau écrire les meilleurs textes, si l’on n’est pas compris, nos mots et nos idées ne seront pas écoutés ou approuvés… Mais oubliés.
Communiquer c’est échanger, et surtout « faire avec ». On s’arrange avec la langue de tous, on se plie aux règles. On ne vient pas dans le monde avec ses mots, on prend ceux qui trainent depuis des siècles.
La communication c’est une affaire sociale. Jouer de la même harmonie.
Ces mots paraissent évidents, dans notre société de médias « hyper-communicante ». Qu’en reste- il ?
Prenez Charcot et Freud. Les deux ont travaillé sur l’inconscient, la psychologie ; On ne retient que Freud, car au delà de ses convictions, il a su propager son message, via des congrés internationaux, publications. Le message ne suffit pas, il faut savoir comment s’ harmoniser avec l’orchestre.
Le contenu de son message ne suffit pas, aussi pertinent soit il. Parfois d’ailleurs, il a peu d’importance. La communication politique par exemple joue de la « non-information », ( ou appelée parfois « gueule de bois » ) . Non, l’important c’est d’être présent, jouer de la fonction phatique [ jakobson ]. Rester présent, et être présent partout.
Autre exemple, les entreprises dans leurs formations de communication permettent aux salariés d’apprendre basiquement que le message qu’on veut donner est trahi par la voix, les gestes. D’où les enregistrements vidéos des interventions pour en arriver à un constat élémentaire : ce qu’on dit ( « les résultats de mon travail est essentiel » ) est trahi par un geste ( « une crispation de la bouche indiquant que je ne suis pas fier de moi » ) .
Chacun le sait, mais il est difficile d’en avoir conscience, car le média portant le message est invisible. L’enfant pointe son doigt vers la lune ? vous ne regardez pas le doigt mais pas la lune. Vous lisez « Marie Claire » ? vous ne regardez pas la texture, ni la topographie du texte. Le média est invisible, sauf peut être pour le « récepteur » du message, qui reçoit en plus du message d’autres messages ( dits analogiques ) portés par la voix, la gestuelle.
Qu’en faire ? Non toujours en avoir conscience, et se dire, qu’au fond, tous logés à la même enseigne … et qu’y réfléchir, c’est prendre recul …
A lire pour approfondir :
Entrer dans l’orchestre, c’est un axiome de la logique de la communication : Logique de la communication.