1er janvier, Minuit pile. Des millions de SMS transitent sur nos portables. Pour souhaiter une bonne et heureuse année.
Les nouveaux usages numériques rendent tellement facile la « fonction » qu’on ne prend plus la peine d’aller acheter une carte et un timbre qu’on enverrait à Mamie.
Car même Mamie a son téléphone qui reçoit ces fameux textos en 1 une ligne : « bonne année ».
Ainsi la vieille carte de voeux qu’on pouvait envoyer tout le long du mois de janvier n’est plus.
Retour sur un étrange usage du XXème siècle…
A quoi sert la carte de voeux ?
La carte de voeux est avant tout une marque de respect vis à vis de ses aînés.
C’est la politesse d’adresser ses voeux à ses ascendants, quand on ne peut les visiter.
Elle permet de répondre à la fonction phatique de la communication : rester en lien avec des gens qu’on voit peu, mais dont on sait qu’ils sont dans notre environnement familial.
Aussi envoyer une carte à une veille tante, c’est lui signifier qu’on pense encore à elle, même si on ne la voit plus aussi souvent.
Le geste est simple, et permet de conserver un lien.
Même pour la personne qui ne veut plus trop avoir affaire à ces lointains proches, la carte de voeux permet de conserver l’attachement, tout en restant détaché.
Le temps des voeux.
Dans un monde instantané, les voeux se doivent d’être immédiats.
C’est à dire qu’on les envoie le 1er janvier, ou jamais.
Il est plutôt surréaliste d’envoyer un texto à un ami pour lui écrire « Bonne année à toi » le 29 janvier…
Au mieux, celui qui reçoit le texto se demande s’il a un problème avec son portable, qui lui a apporté ce message si tard…
Le temps de la carte des voeux est plus lent. On a tout le mois de janvier pour envoyer ses voeux.
Les nouvelles cartes de voeux, web 2.0.
La carte virtuelle, avec une animation est une alternative à la carte de voeux traditionnelle.
Elle a la même fonction : celle de délivrer un message classique ( heureuse année ), avec des motifs traditionnels, ou un peu animée.
On peut agrémenter la carte de paysage de neige, de soleil. La formule reste assez sobre. On ne souhaite que des voeux.
Les voeux avec la photo de famille. Ou l’égo-portrait.
Quoi de plus personnelle que de mettre une photo de sa petite famille, pour adresser ses voeux ?
Le web2.0 permet en effet de fabriquer une jolie photographie, agrémentée d’un « bonne année ».
La photographie est celle qu’on a généralement pris au moment de Noel. La photographie à côté du sapin de Noel est la plus usuelle.
Ces voeux sont malheureusement « auto-centrés » sur soi.
Cet usage est totalement décalé, à côté de la fonction première des voeux : penser à l’Autre.
A l’encontre de la formule de l’ancien temps, où on se limitait à souhaiter une bonne année et bonne santé.
C’était le destinataire qui était visé, et ce n’était pas le destinataire qui vous souhaite ses voeux, en arborant sa jolie famille.
Imaginez une carte de voeux avec les enfants qu’on envoie à un couple qui n’en a pas, parce qu’il ne peut pas en avoir…
L’usage des réseaux sociaux a depuis bouleversé les nouvelles formes de voeux.
On n’adresse plus ses voeux individuellement, mais d’un bloc, à tous ses amis sur « Facebook », « Twitter ».
C’est plus rapide. C’est envoyé à tout le monde.
La fonction phatique de la carte de voeux, qui était de rapprocher deux individus auxquels on est attaché s’est transformée en cet égo-carte-de-voeux.
Je vous souhaite une bonne année, pleine de santé !
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