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La clôture sémiotique

Points de repère

Plus loin

Qu’est ce qui sépare la nature de la culture ?

L’homme fait partie de la biosphère, en tant qu’organisme vivant. La séparation du corps et de l’esprit a longtemps marqué la frontière entre l’homme et la nature. L’homme comme un être capable de se détacher de la nature.

Cependant, l’homme est un organisme vivant répondant aux mêmes lois de l’écologie du système. Il est immergé dans un monde fait de signaux, d’évènements auquel il doit s’adapter. De son propre environnement ( nourrir son corps, lutter contre la mort ) et de l’environnement immédiat. Edgar Morin, dans La Méthode retrace le cercle vertueux d’un être simple qui par complexification aboutit à l’être « supérieur », l’homme. Qui vit dans son environnement.

Vivre dans son environnement c’est le maîtriser. A la différence du monde végétal, qui s’auto alimente ( par la photosynthèse par exemple, et les sels minéraux puisés dans son environnement immédiat ), l’homme doit survivre, et chercher ses moyens de subsistance.  L’enfant qui naît est totalement dépendant de sa mère. Communiquer vers l’autre est un acte de survie, comme se nourrir. Maitriser le monde, et la communication, c’est d’abord appréhender les signes de la nature.

Déchiffrer les signes, c’est l’objet de la sémiotique. Mais comme M. Jourdain qui fait de la prose sans le savoir, jongler avec les signes, c’est un acte naturel. L’enfant construit les mots, associe par analogie un son avec une action, un état ( la chaleur de « maman »). Comprendre les mots, c’est trouver le signifié ( le mot « porte » ) avec le signifiant ( l’objet porte ). Un courant fort de la linguistique ( Saussure ) a associé le signe avec le duo signifiant / signifié.

La structuration linguistique.

Cette structuration du monde réel se base sur la linguistique et la langue. Les mots « pose » et « rose »  se distinguent par l’opposition de 2 lettres p/r. Il s’agit d’une opposition digitale, du « tout ou rien » ( ou binaire ). La différence entre le sourire et la tristesse peut se représenter par un trait arrondi vers le haut ( le sourire ) ou vers le bas ( la tristesse ). Dans la sémiotique de la cuisine, cette opposition peut se traduire par le cru / le cuit.

Manipuler les signes, cela revient à les structurer comme la langue, par oppositions.  On parle alors de rhétorique. Comme dans la publicité ou le design ( forme arrondie signifiant la douceur ).

Cette écriture ou lecture « digitale » renvoie à la symbolisation.

Cependant, de nombreux signes y échappent. Ainsi, les signes inférieurs comme la mélodie, une sonnerie, l’intonation de la voix, un geste. Une odeur. Ces signes ne sont pas structurés comme le langage.

La pyramide sémiotique.

L’apport de Charles S. Peirce a permis d’élargir les signes à tout ce qui nous semble « inférieur » dans les perceptions que nous avons du monde. A force de raisonner, nous avons perdu le sens de ce qui peut nous échapper.

Le premier signe « primaire », c’est l’indice. Une trace de pas qui existe par lui-même, sans qu’il ait été « conscientisé ». Pas de code associé à ce signe. Il existe par lui-même.

La seconde nature des signes est l’icône, ou l’image ressemblante. Comme un dessin, une sculpture.

La troisième nature de signe est le symbole ( dans lequel on retrouve les signes représentés par la linguistique, évoqués ci dessus ).

Clôture sémiotique.

Par l’icône et le symbole, la coupure avec la nature est faite.  Les animaux sont sensibles aux indices, mais restent indifférents à une photographie. Les similarités peuvent exister avec l’objet, mais elles sont reconstruites, et représentées. Par un code le plus souvent. La frontière entre indices et icône/symboles définit ce qu’on appelle la clôture sémiotique.

En dessous de l’ordre de l’icône, dans l’ordre indiciel, la raison et l’abstraction n’opèrent pas. C’est le domaine du rêve, du flot de paroles, des gestes. C’est la soupe « primitive » dans laquelle on ne réfléchit pas. Cela peut être l’extase, la communion entre les hommes devant un match de football.

Au-delà, il s’agit de convention, code, et abstraction. C’est se qui permet de prendre le recul sur les choses, et sur le monde. C’est fondamentalement maitriser le monde.  Les conventions de table ou de politesse par exemple peuvent paraître ennuyeuses, mais elles permettent de prendre prise sur la vie, de se rassurer, de prendre les raccourcis utiles à la bonne vie dans le monde humain.

Pyramide sémiotique de Peirce

La sémiosphère ternaire de Peirce.

Comme on l’a évoqué, prendre prise sur un signe nécessite un code, une abstraction. Donner du sens. En cela, on entrevoit clairement qu’il faut un interprétant au signe. Et que le signifié d’un signe n’existe que pour celui qui le capte. La couleur blanche peut évoquer aussi bien la joie et le bonheur ( mariage ) que le deuil ( dans certaines cultures ).  Entre l’objet matériel et le signe représenté, Charles Peirce introduit l’interprétant.

Ainsi les signes suivent le schéma :

En ce sens, la relation entre paires ( signifiant / signifié ) de Saussure est un processus énergétique de stimulus / réponse ou Cause / effet. Et non un processus informationnel.

C’est là la différence entre le monde des signes et le monde naturel.

Le monde naturel, en effet, est le domaine des actions entre paires, telles que la relation stimulus/réponse, ou cause/effet. Si je reçois un coup, je peux tomber. La poussée n’est pas sémiotique, c’est une pression physique. On remarquera que si je reçois un coup, je vais peut être réagir, sans réflexion , en réponse à un stimulus, une menace.

Signifier ,au contraire, suppose trois termes, pas deux. Le troisième terme permet de choisir ou non. De réagir ou pas. Choisir de répondre au monde ou pas.

En cela, l’information et le signe permettent la liberté, le choix, et la prise sur le réel.

Le schéma de Peirce est plus novateur, et réalise l’importance des trois termes ( signe/objet/interprétant ) sur le processus informationnel.

A lire également, pour approfondir : Indice symbole et icone de Peirce, Sémiotique de Charles Peirce

Introduction à la sémiologie

La sémiologie ou l'étude des signesLa sémiologie est l’étude des signes, dans la vie sociale.

Les signes sont partout, et de plus en plus dans notre société moderne, société dite tertiaire.

L’agriculture est de l’ordre de la nature, et peu productrice de signes.

Maîtriser les signes, et au moins les comprendre est une nécessité de notre monde d’aujourd’hui.

Sémiologie renvoie au signe, ou par exemple au symptôme.

Dans la médiologie médicale par exemple, il s’agit de déceler sur les symptômes, ou signe, les explications d’une maladie. Le signe renvoie à une interprétation possible. Une tâche visible sur la peau est à interpréter.

Plus largement, tout est matière à sémiologie. La publicité utilise largement le signe, comme discriminant d’une marque à l’autre. Le signe de la marque Nike par exemple permet d’identifier la marque sans aucune mention de « nike ». Juste un signe écrit sur les maillots…

Etudier les signes, et les catégoriser par une « sémiotique », c’est pertinent pour mettre en évidence notre lien avec la réalité, intégré par un recul sur les choses .

Pouvoir lire une étiquette d’une bonne bouteille de vin permet d’en jauger la qualité.

Et éviter l’ivresse… Boire le vin est bien plus jouissif.  Abuser de cette sémiotisation, c’est réduire toute la réalité à des concepts un peu stériles.

Michel Serres notait lui-même dans le « Tiers instruit » la passion à vivre et expérimenter, et ne pas tout schématiser.

Les concepts en peu de mots sont souvent une stérilité, et il est plus facile de construire une théorie en quelques mots ( comme la mode de la « génération Y » ) que d’appréhender la complexité du monde.

Des exemples intéressants ont permis de vulgariser la sémiotique, notamment au niveau de l’image.

Une émission télévisuelle «  Arrêt sur image » a permis de décrypter nos médias, et de capter la partie « invisible » mais tellement évidente des signes concrets d’une communication analogique. Les gestes, les intonations, les lapsus ont une part de vérité communicationnelle plus révélatrice que le contenu du message lui-même.  Quand j’arrive à un entretien d’embauche, les gestes maladroits ont plus d’impact que le contenu de mon CV.

On sent bien que le signe peut être très « primaire », comme l’indice : une trace de pas dans la neige, les cloches d’une église annonçant le décès d’un paroissien, un trémolo dans la voix. Il peut être plus évolué, en copiant une réalité : une photographie représentant un évènement. Qu’on nommera « icone ». Ou un symbole : une interprétation de la réalité par un signe détaché de son signifié. Le symbole « Nike » en fait partie. Il ne ressemble pas à la chaussure. C’est l’association du signe et de la marque qui définit cette relation de signifiant/signifié. Sur l’indice, l’icone et le symbole, on se réfèrerra au texte https://zeboute.wordpress.com/2010/11/09/indice-symbole-et-icone-de-peirce/.

A quoi sert donc la sémiologie ? A capter le réel, et surtout s’en détacher. Maîtriser le signe, c’est maîtriser notre époque.

Textes relatifs:

Au trop plein de « signes », dans l’article infobésité, ou le besoin d’une clôture sémiotique ]

Indice Symbole et icone de Peirce

Points de repère

Plus loin

Les 3 niveaux des signes, selon Charles S. Peirce

D’une façon plus théorique, on pourra lire l’article sur la sémiotique, ou étude des signes, de Charles Peirce  :

https://zeboute.wordpress.com/2010/11/08/semiotique-de-charles-s-peirce/

Peirce distingue une tripartition des signes : l’indice, l’icône et le symbole.

Tout d’abord, l’indice : l’indice est un signe immédiat. Une trace de pas, un bruit, le ciel rouge. « Lorsqu’un objet occurrent concret est relié à son signe désignatif par quelque action directe ou quelque réaction comme l’action du vent sur les ailes du moulin, alors le signe est un indice ». L’indice est un signe arraché à la chose ou précise Peirce, « réellement affecté par elle ». Dans le symptome médical, ou météorologique, dans le cas d’empreintes physiques, de trace. Il n’y a pas de code, de réflexion, ou de mentalisation. Le signe existe dans la nature tel quel. Il ne représente pas la chose ou le phénomène, il les manifeste en direct ou en propre. Dans une conversation, les intonations, les regards, la posture constituent une couche indicielle.

L’icône : « il s’agit d’un objet dynamique dont la qualité est reliée à son signe descriptif par une similarité qualitative ou ressemblance ». Par exemple une photographie, une sculpture, un dessin. L’échantillon de tissu que me montre le tailleur est une icône. On parle ici d’analogie. L’icône en tout cas est représentatif. La coupure avec la nature est là : les animaux sont sensibles aux indices , mais restent indifférents à la une photographie. Les similarités sont là avec l’objet, mais elles sont reconstruites et représentées.

Le symbole : une loi, une règle ou une habitude peuvent n’être reliées à leur signe que par l’interprétant du signe. Ce signe est alors un symbole. Le symbole ne ressemble pas à son objet. Le panneau « sens interdit » ne dit rien. Et à la différence de l’image, le signe symbolique se structure par opposition ou exclusion. Comme la langue, ou un mot. « robe » et « rose » sont 2 symboles différents, et c’est l’opposition par la lettre « s »/ « b » qui déterminent le signifié. Le symbole pointe donc sur le mode digital ( du tout ou rien ).

Sémiotique de Charles S. Peirce

Points de repère

Plus loin

Charles Sanders Peirce ( 1839 – 1914 ) est logicien, philosophe et homme de sciences américain.

La sémiologie est l’étude des signes au sein de la vie sociale, et de la culture.

Les signes sont partout : la trace des griffes d’un oiseau dans la neige, une photographie, un un panneau de signalisation…

Saint Augustin indiquait : «  le signe est une chose qui se tient pour une autre chose ».

C’est la définition la plus simple que l’on trouve du signe.

Autrement dit, un signifiant et un signifié. Les 2 faces d’une pièce de monnaie inséparables : la panneau rouge tiré d’un trait blanc ( le signifiant ) indique que le passage est interdit ( signifié ).

L’apport de Charles S. Peirce est d’avoir élargi la réalité binaire de ces signes.

La signification du panneau « sens interdit » n’est valable que pour le conducteur automobiliste. Autrement dit, un troisième élément est nécessaire.

De même, le ciel rouge m’indique qu’il fera beau demain. Pour un peintre, le ciel rouge peut avoir d’autre intention.

Ainsi, Peirce définit ainsi le signe : « Un signe, ou Representamen, est quelque chose qui tient lieu pour quelqu’un de quelque chose sous quelque rapport ou à quelque titre. Il s’adresse à quelqu’un. Ce signe je l’appelle l’interprétant du premier signe. Ce signe tient lieu de quelque chose : de son objet ».

« Le rapport de sémiose désigne une action, ou une influence, qui est, ou qui suppose, la coopération de trois sujets, tels que le signe, son objet et son interprétant.  Cette relation ternaire ne peut se laisser en aucun cas ramener à des actions entre paires ». Signifier suppose ici 3 termes, et non seulement deux.

A lire également : Indice symbole et icone de Peirce : une lecture de son texte fondamental.

Calendrier du mois

Prenons date ! C’est la rentrée de Septembre, l’occasion de  remettre  les neurones en place , et se consoler de l’été par des moments de grâces :

D’abord , émotion :

D’abord s’enlacer, se mouvoir dans le monde …

https://zeboute.wordpress.com/2010/09/27/la-vapeur-des-corps-communication-fusionnelle/

Ensuite , quoi de neuf dans le marketing et le net ? L’usage, user user user les nouveautés ? A voir dans son sac à main ..

https://zeboute.wordpress.com/2010/09/25/lusage-et-nouvelles-technologies/

Et un texte fondamental, logique de la communication, un pied de nez à la communication née de l’informatique. plutôt penser relation.

texte fondamental, innovant dans la recherche sur la thérapie mentale :

https://zeboute.wordpress.com/2010/09/17/paul-watzlawick-une-logique-de-la-communication/

Bonne lecture, octobre arrive , à suivre !