Passé, présent, futur n’existent plus !

L’histoire d’une vie d’homme se structure entre un passé ( son enfance, une période de vie ), son présent ancré dans l’immédiateté.

Et un futur potentiel de possibles.

Les nouveaux usages numériques tendent à effacer ce paradigme qu’on pouvait penser comme universel.

Nous changeons de civilisation. Prenez conscience !

 

Le passé.

Les nouveaux usages numériques nous offrent une possibilité inimaginable de services.

Tracer nos efforts sportifs pour les analyser et prendre conseil d’un coach numérique sur une application numérique.

Mesurer notre façon de dormir pour y déceler des améliorations.

Scruter son application de guidage sur la route pour trouver le bon chemin et éviter les bouchons.

 

Toutes ces applications procèdent de la même technique :

Mesurer notre activité à l’instant T pour en faire un historique d’utilisation, de comportements.

Ces mesures tracent notre passé inscrit et elles ne disparaissent pas.

A la différence des souvenirs qui se diluent, deviennent opaques au fil du temps. Et dont on ne retient que le merveilleux , la nostalgie ou les traumatismes. Quitte à sublimer ce passé pour mieux vivre avec, dans le présent.

La mesure technologique de nos actes et comportements est froide et sans pitié : tout est enregistré, tracé. Le passé a une réalité différente de notre perception de son passé.

Allez voir les historiques dans vos applications favorites. Tout y est notifié. Vous vous surprendrez même à découvrir où vous souvenir de faits que vous aviez oublié.

Le passé n’existe donc plus; je veux dire ici : le passé que votre cerveau a intégré pour n’en retenir que l’essentiel qui vous importe.

Celui qui vous permet de mieux vivre le présent et le futur.

Et surtout d’oublier un passé qui n’a pas de valeur dans le fonctionnement de soi.

Le passé, c’est à dire son passé, ne peut se construire sur des historiques et graphes numériques.

Historiquement, notre rapport au passé est bien de choisir consciemment ou inconsciemment son héritage. Le cerveau a cette capacité d’oublier. Pour le meilleur ou pour le pire. Mais son fonctionnement est ainsi. Aujourd’hui, ces fonctions organiques sont en phase d’être contre carrées par des fonctions techniques. Qui parasitent notre condition humaine.

De manière positive, l’ADN qui nous inscrit définitivement dans une histoire, celle de nos gênes produit des effets parfois salvateurs.

Ainsi, récemment en 2018, la police a pu rétrouver les parents qui avaient tué leur propose enfant, trente ans après. Car le passé de l’ADN ne s’oublie pas.

 

Le danger ici n’est pas tant que ce passe est digitalisé ad eternam.

C’est qu’il devient votre compagnon pour la suite : votre futur. Comme vous le lirez plus loin.

 

Le présent.

Le présent est un moment où le sujet est en action.

Il est un moment d’instanciation de son être. Une virtualité concrète, mise en mouvement. Celle du corps, des tripes. De la pensée légère approximative qui ne nécessite aucune abstraction.

Le présent échappe à tout. D’une seconde à l’autre son monde peut s’écrouler. D’une seconde à l’autre, je peux exploser de rire. Je peux bander en 5 secondes à une belle image. Un beau mec. Une belle nana.

Un sourire, un parfum, un regard . Tout ce qui peut titiller notre machine humaine qui s’échappe à la rationalité !

Le présent échappe un peu à soi.

Et c’est cela le bonheur : ce petit truc imprévisible où l’on joue à chaque seconde un truc.

Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui d’enregistrer ce réel et ce présent.

Les lives avec périscope, les Facebook live. Les selfies qui deviennent plus présents que l’instant même.

Le paradoxe du photographe qui vous dit : « souriez » pour être plus naturel est le même :

Le présent devient représentation et fuit le naturel.

Évidemment, la vie en société est une représentation permanente où on joue un jeu. L’école Palo Alto comme goffman nous l’a montré : nous vivons dans un orchestre et chacun joue une partition, un rôle.

Une façade personnelle.

Dans une soirée celui de l’amuseur. Ou celui de l’intellectuel qui va en permanence jouer d’ironie. La nana sympa qui surjoue son rôle de nana sympa.

L’arrivée de l’usage numérique ajoute une Méta communication permanente et instantanée : ce que je fais se voit, se partage, et casse la spontanéité propre au présent. Celui d’être dans le monde. Surtout le montrer.

Je suis autiste.

Le présent occulte aussi les moments de partage. Les écouteurs sur les oreilles, un symbole d’un refus d’être avec les autres.

D’abord pour celui qui isole son présent dans sa sphère intime avec cette personnalisation promue par les acteurs numériques.

J’ai beau être présent ici physiquement, je suis devenu autiste : je ne parle pas.

Je ne m’intéresse pas à mon environnement immédiat. Je mets la distance : je reste dans mon monde , avec ma musique. Ma vidéo. Je sors du monde présent.

Dans un quotidien où on perd du temps dans les transports, les attentes en salle du médecin, profiter du temps ennuyeux pour faire autre chose est en fait plutôt intéressant. Cela permet de lire, d’écrire, d’écouter une émission en podcast plutôt que de ne rien faire.

L’ennui pourtant est salvateur. Se retrouver nu permet de trouver moyen de le casser. Tout simplement en discutant avec l’inconnu. Une affaire de serendipité et de s’ouvrir au monde.

L’ennui est banni aujourd’hui. Il faut toujours être occupé. ( à lire : l’ennui, cet objet désuet du XXème siècle )

Quand j’ai passé un week-end à ne rien faire, j’ai cogité. Et je le sens coupable de n’avoir rien fait. Comme on dit. Alors que ce moment de rêvasserie, d’imagination a autant de valeur que d’aller manger dans un restaurant avec des amis.

Le présent n’existe plus.

 

Le futur.

Avec le passé trace de nos vies, le présent mesuré « on line » et instantané , le futur est devenu prédictible.

L’intelligence artificielle n’est qu’à ses balbutiements.

Mais elle changera le monde à moyen terme.

Alors autant vous préparer à comprendre ces enjeux. Que j’explique ici. Pour trouver le sens plutôt que de lire les dernières news froides ou inconséquentes qu’on lit comme un sujet d’un autre temps. Qui pourtant nous embarquera..

Les applications de coaching, de localisation nous scrutent. Et nous donnent de bons conseils.

A peine sorti du boulot, une notification m’annonce qu’il me faudra 23 minutes pour rentrer chez moi.

Au moment de prendre mes chaussures de sport, on m’annonce qu’aujourd’hui je pourrais faire 1 km de plus en course car les signaux de la santé sont au vert !

Pour langer mon bébé , la dernière fois j’avais un peu hésiter sur le positionnement du geste pour mon bébé.

Cette fois ci on m’annonce que tout ira bien.

Eh oui le futur est déjà écrit. Ces petits exemples sont symptomatiques d’un futur proche.

Nous n’avons plus qu’à se laisser guider par les conseils de nos meilleurs amis qui ont codé de l’autre côté de l’Atlantique nos comportements.

 

Le passé ( ce que j’ai fait largement tracé par les outils numériques que j’ai choisi ), le présent ( la mesure de mes gestes permanents) permettent de définir ce qu’il y a de mieux pour mon futur présent .

Les structures traditionnelles des temps ( passé, présent et futur ) deviennent une seule chose :

L’algorithme permanent qui conduit ma vie. Qui se nourrit du passé et du présent pour construire le futur.

Voilà l’essence du titre provocateur : passé, présent et futur n’existent plus. Car ils deviennent une même chose, liée par la technologie.

Nous ne sommes qu’au début.

Et autant en avoir conscience.

 

Un nouveau paradigme de civilisation.

Nous avons vécu de manière millénaire ansi : un passé, présent et futur cloisonné en grande partie, struturellement.

Et aujourd’hui nous changeons de civilisation.

Car ces mouvements techtoniques ne sont pas anodins.

Ils changent la perception de l’homme de son univers de façon radicale.

De lui même.

Seules les institutions encore légitimes comme l’école prolongent l’essence de l’homme dans ses devoirs et sa construction. La curiosité, l’apprentissage.

« S’ouvrir à ».

Une fois sorti de ce monde un peu encore protégé, les réseaux sociaux, les grandes startup modélisent une nouvelle façon d’exister.

Il ne s’agit ici plus d’usage et de consommation.

Mais de notre condition humaine. Qui lentement bascule vers une soumission inéluctable.

Comment réfléchir ?

Comment s’ouvrir au monde quand les géants des gafas nous promettent cette expérience personnalisée qui nous enferme dans notre pensée avec soi même ?

Les gafas nous replacent chez le penseur de Rodin.

Avec cette statue emblématique du penseur qui légitime une pensée personnelle et absolue.

Alors que l’on sait évidemment que la pensée n’existe que quand les rapports avec l’autre. Et en aucun cas avec sa propre expérience personnnalisée qui finit par se stériliser faute d’interactions, de strokes.

Ce que la PNL ( Programmation Neuro Linguistique ) appelle caresse ou fessée ( le stroke ). Tout ce qui permet de ne pas rester isoler mais interagir.

le penseur de rodin avait la vertu de s’attacher à promouvoir la réflexion.

Le penseur selon les gafas, c’est de propulser une liberté malhonnête de soi même.

 

Déjà en prendre conscience doit nous rappeler à l’ordre.

 

Qui peut aider ?

Ne pas céder à l’apocalyptique :

Les technologies ont apporté des nouveaux usages, des services importants à tout le monde.

Le web 2.0 a libéré la démocratie, l’autonomie, la mondialisation positive.

A lire ici : les 5 promesses de la société de communication.

Moi-même je peux ici de façon facile exprimer mes idées dans le monde entier.

Le propos n’est donc pas d’opposer technologie et humanité.

D’ailleurs, à la base, comme le souligne Mauss, l’homme est à lui seul un objet technique

Et utiliser la technologie est ancestrale. Ceux qui portent des lunettes ( objet artificiel technologique ) comprendront bien l’importance de la technologie au service des hommes.

Le retour du rituel.

Le sujet dépasse tout le monde et il ne faut pas se laissé dépassé

Les institutions publiques et politiques sont mises de côté.

D’abord elles ont du mal à suivre ces changement sociétaires.

Ensuite elles sont décribilisées.

Les initiatives locales et sociétales échappent à ces initiatives destructrices :

Les fêtes entre voisins, les réunions physiques loin du brouhaha numérique. Le carnaval, les fêtes locales. Les fêtes religieuses. La vie associative en règle général.

Ces rituels permettent de retrouver le temps. Inscrit dans ces moments physiques, qui dépassent le réseau social. Ces rituels horizontalisent les rapports humains.

C’est à dire qu’ils rassemblent tout type de population. Jeune ou moins jeune. De conditions aisées ou populaires. La hiérarchie est peu présente. Chacun est relié avec l’autre par sa présence. Parfois par sa compétence, différente selon l’endroit, l’activité.

A la diffférence, les réseaux sociaux qu’on peut considérer comme des rapports horizontaux entre invidus relient plutôt des catégories d’individus.

Les différents réseaux sociaux d’ailleurs rassemblent en fonction de l’âge, comme Snapchat versus Facebook.

Les communautés d’intérêt ( la musique, la photographie ) placent l’individu dans une catégorie donnée de rapport social.

Les seuls rapports entre individus sans considération « d’étiquette » aboutissent souvent à des incompréhensions.

Des jugements de valeur. Des insultes. Des arguments populistes. C’est le cas de Twitter qui peut rassembler des milliers de personnes autour d’un Hashtag. C’est à dire autour d’un sujet.

Qu’on pourrait commenter, illustrer avec intelligence. Et nourrir l’intelligence humaine. Rapidement, les propos racistes, sexistes, homophobes détruisent toute cette approche bénéfique de l’horizontalité des relations. Tout internaute devient noyé dans une masse au même niveau. Certes mais au niveau de l’intelligence zéro.

Les réseaux sociaux verticalisent plutôt les individus dans leur sphère cotonneuse. Là où ils sont bien. Avec ceux qui pensent comme eux. Au fond.

Il faut une grande vigilance, une grande bienveillance pour rester connecté ainsi.

A chacun d’y faire bon usage.

Les communautés de partage ( économie collaborative ) recréent plutôt du bon lien. Comme blablacar, les sites d’échanges. Car il replace la relation au bon niveau : le rapport humain entre personnes de tout horizon. Qui se réunissent pour un moment de vie. D’échange. Sans ramener son avatar politisé.

 

Le présent réexiste. On ne s’attache pas à ce qu’on a dit, ce qu’on a publié. Ce que les algorithmes ont enregistré de nous.

Voilà où peut être on peut changer ce nouveau rapport au passé-présent-futur.

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