Comprendre notre monde, c’est comprendre ses interstices, ses petites structures… le langage est déjà structuré. Des mots, des signes, un langage, une langue.
Vous côtoyez ce monde de mots tous les jours.
Et je vous propose de le découvrir,à nouveau…
Le structuralisme, kesako ?
Définition du structuralisme.
Selon Wikipédia, tout simplement, voici la définition succinte du structuralisme :
Le structuralisme est un ensemble de courants de pensée holistes apparus principalement en sciences humaines et sociales au milieu du xxe siècle, ayant en commun l’utilisation du terme de structure entendue comme modèle théorique (inconscient, ou non empiriquement perceptible) organisant la forme de l’objet étudié pris comme un système, l’accent étant mis moins sur les unités élémentaires de ce système que sur les relations qui les unissent.
Le sujet est large, et je vous propose une histoire simplifiée d’analyse, un petit résumé du structuralisme.
Ferdinand Saussure. Signifiant et signifié.
Ferdinand Saussure est un peu le père du structuralisme.
Partir de la linguistique, c’est à dire des schémas de phonétique, de construction de signes pour en sortir la partie intraséque : le signifiant et le signifié des mots.
La photographie d’un cheval est signifiant : ce qu’on voit.
Et le concept du cheval que vous avez identifié est le signifie. Ce que représente l’image.
Ou la rose vue en tant que telle. Et son signifié : tout ce que la rose représente : l’amour, le recueil, la beauté.
Le domaine du structuralisme étend les recherches de la linguistique vers d’autres disciplines. Comme l’histoire, l’.anthropologie, la psychanalyse, la littérature.
Ferdinand de saussure ( 1857-1913) donne des conférences à l’université de Genève sur le sujet. Et inscrit la théorie.
La langue est une institution sociale. La parole est individuelle, mais la langue une institution sociale.
La langue est un système organisé de signes exprimant des idées.
Codifiée. Et à analyser , en dégageant les oppositions, les écarts qui permettent à une langue de fonctionner et de signifier.
Le mythe selon Roland barthes.
Le grand pas du structuralisme a été de l’élargir à d’autres champs. Au XXeme siècle, la communication s’élargie, et les médias sont en eux-même une source de structure de notre vision du monde.
Roland Barthes a su décliner le structuralisme et l’étude de ces signes, et de leur relation au delà des mots.
Il y a intégré toutes les dimensions de la communication, par tous les supports : l’écrit, le verbal, la voix par la radio ou la télévision.
La publicité, les supports divers.
Il en définit une nouvelle forme de compréhension de notre monde : celui porté par le mythe : mythe de la voiture Ds conduite pour Charles de Gaulle, le mythe de la publicité sur la margarine.
Mieux, sur le sport, en réinventant la lecture du catch.
Roland Barthes a intégré la dimension sociale et normé de la langue, des signes quotidiens en observant le monde qui s’ouvrait :
L’arrivée de la publicité, des médias comme la télévision.
On pourra lire ici un article résumé de son essai « Mythologies« , qui fait référence dans le monde de la sémiologie.
Des modèles de communication à analyser en les décryptant sous tous leurs angles. Le visuel et pas que l’écrit.
Car la société a évolué et la communication de masse, et des médias se.étend dans tous les foyers.
La radio puis la télévision sont des objets qui rapprochent le monde dans son salon, même au plus loin de toutes les campagnes et les villes.
C’est une révolution, après l’arrivée de l’électricité dans les foyers.
Roland barthes (1915-1980) définit ainsi dans son ouvrage « éléments de sémiologie », en 1964 ce texte fondateur :
« La sémiologie a pour objet tout système de signes, qu’elle qu’en soit la substance, qu’elles qu’en soient les limites : les images, les gestes, les sons mélodiques, les objets, et les complexes de ces substances que l’on trouve dans les rites, des protocoles, ou des spectacles constituent des langages, du moins des systèmes de signification. »
L’intérêt des recherches de Roland barthes est son caractère universel ou totalisant : il englobe toute forme de communication.
Il a su capter l’air du temps, parce qu’il a vécu dans ce moment ,et du monde qui fondamentalement changé.
Comme il a changé dans une troisième façon, au XXIeme siècle.
La lecture de Roland barthes est intéressante, car toujours d’actualité. Et l’analyse du monde aujourd’hui procéde aux mêmes structures.
l’homme ne change pas.
Des études de structure du langage, à celui des supports variés des médias, le pas est franchi :
Réfléchir aux structures d’organisations de notre société.
Le structuralisme a été largement propulsé en france par les auteurs que j’ai cité : barthes par exemple.
Une école Française.
Alors que les Américains étudiaient le langage analogique de notre monde de communication, comme Paul Watzlawick, à l’école Palo Alto, aux Etats-Unis, l’école Française a étudié les faits de structure du langage.
En 1960, le centre d’études des communications de masse ( CECMAS ) est créé.
Il est fondé par le sociologue Georges Friedmann ( 1902-1978 ). Ce centre étudie les problématiques de la communication.
Edgar Morin, Rolan Barthes participent à ce mouvement. Seul Roland Barthes se définit comme le référent du structuralisme.
Ce centre de recherche étudie les effets de masse, et s’interroge sur l’influence des médias.
Ce groupe de pensée aura une influence considérable dans le monde entier, Christian Metz qui réfléchit plutôt à l’image et au film en sera également un acteur essentile.
La structure d’un monde étatique.
La société a toujours inscrit des « structures » sociétales.
En faisant les recherches sur le structuralisme, je suis tombé sur des sujets de société.
Quel rapport entre les mots, la linguistique et les revendications syndicales ou sociétales ?
Et je me suis posé cette question entre tous ces rapports, entre langue et ensuite faits sociétaux..
C’est le sujet de la structure qui définit notre monde au xxeme siècle.
Après la structure des mots qui définit la langue, on voit que l’humain intervient dans l’appropriation de la langue, pour la faire vivre, la faire respirer.
L’aspect sociétal entre donc en jeu, comme l’a souligné Roland barthes dans notre vie de media, de publicité, de paraître.
La recherche de Saussure, Barthes s’est posée sur les oppositions, la différenciation. D’abord d’un point de vue linguistique puis sociétal, puisque la langue est un rapport avec la société, ses normes.
Le monde bourgeois, ouvrier, aristocratique à toujours existé.
S’y intéresser a permis de mettre en exergue la majorité silencieuse de la soumission à une structure fermée, des institutions.
Car poser le langage, la communication comme un phénomène social , des rapports d’oppositions, entre les sujets fatalement, le sujet s’élargit à la structure.
Surveiller et punir. L’hyper structure.
Michel Foucault écrit surveiller et punir, en 1975.
Il réfléchit aux invariants de notre société d’individus, broyés par la société, l’etat, ses fameuses structures institutionnelles : l’état, l’église, le maire du village, le maître d’école.
Surtout il met en évidence les organisations castatrices et surveillantes. La panoptique en est un exemple : construire des lieux qui surveillent, où l’on est vu sans pouvoir voir.
C’est l’objet du projet des prisons , par Jeremy Bentham et son frère, Samuel Bentham.
Le structuralisme sera décrié, à la fin des années 1970, car trop réduit à des mécaniques du fonctionnement de la société. Un théâtre sans sujet.
La crise du structuralisme se heurtera à la place remise autour du sujet, de l’acteur, de l’audience.
La panoptique.
Foucault a identifié un modèle d’organisation d’un contrôle exercé.
Et ce sujet moderne : vous qui travaillez en « open-space » au boulot, en entreprise. Ce modèle ouvert est un espace de surveillance. Tel qu’il a été défini, en comparaison avec la prison ( voir photo ci dessus ).
« Le modèle d’organisation en « panoptique », utopie d’une société sert dans cette perspective pour caractériser le mode de contrôle exercé par le dispositif télévisuel : une façon d’organiser l’espace, de contrôler le temps, de surveiller continuellement l’individu et d’assurer la production positive de comportements. Figure architechtonique d’un type de pouvoir emprunté par Foucault au philosophe utilitariste Jérméry Bentham, le panoptique est cette machine de surveillance où d’une tour centrale on peut contrôler avec pleine visibilité tout le cercle du bâtiment et où les surveillés, logés dans des cellules individuelles, séparées les unes des autres , sont vus sans voir. »
L’application concrète n’est pas que dans les prisons, mais ans le monde de la télévision. Avec un modèle inversé : appelée la panoptique inversée, les téléspectateurs voient sans être vus.
La panoptique aujourd’hui est plus subtile. Pas par la vision, mais le traçage systématique de toute notre vie. Nous sommes vus, sans être vus. Et nous ne voyons pas.
Telles sont les applications que proposent Google, Apple. Devinant ensuite nos déplacements et nous offrant le « meilleur service » pour vous. Mais la gratuité n’existe pas. Nous sommes le produit.
La stucture sociale.
En 1970 paraît dans la revue « La pensée » un article qui met en exergue la puissance de la structure sociale : « Idéologie et appareils ideologiques d’Etat« .
Cet article a une grande influence sur la perception de la communication, en France, et à l’étranger. Althusser, l’auteur, y oppose les instruments répressifs de l’Etat ( armée, police, … ) qui exercent une coercition directe. Qu’il nomme « appareils idéologiques d’Etat ». Comme l’écrit Armand Mattelart, dans l’histoire des théories de la communication :
« Ces appareils signifiants ( école, Eglise, famille, etc.. ) ont pour rôle d’assurer, de garantir et de perpétuer le monopole de la violence symbolique,, celle qui s’exerce sur le terrain de la représentation, en dissimulant l’arbitraire de cette violence sous le couvert d’une légitimité prétendument naturelle. C’est par leur intermédiaire qu’agit concrètement la domination idéologique, c’est à dire la façon dont une classe au pouvoir ( société politique ) exerce son influence sur les autres classes ( société civile ). »
Ce manifeste est toujours bien d’actualité, devant une société politique éclatée en France, avec l’élection en 2017 d’Emmanuel Macron qui a tenté de renverser symboliquement ( au moins ) la société politique en faveur d’une société civile. Les grands partis traditionnels ( Les Républicains, le Parti Socialiste ) ont été mis de côté, et la société civile ( entrepreneurs, salariés ) a pris en quelque sorte le pouvoir à ce moment. Avec les difficultés et les peurs suscitées. Puisque la société s’est largement habituée à ces « appareils idéologiques d’Etat« .
D’ailleurs, à cette même époque, dans les années 1970, Pierre Bourdieu réfléchit lui aussi sur cette violence cachée de la société.
Il fonde ses analyses sur ce qu’il nomme l' »habitus » : terme qui désigne ce système stable de dispositions à percevoir et à agir, qui contribue à reproduire un ordre social établi, dans les inégalités. La société ou « formation sociale » se conçoit comme un système de rapports de force et de sens entre des groupes et des classes.
Par exemple, il analyse la photographie : il montre comment une pratique de loisir qu’on pense anodine et libérée des codes de représentation répond plutôt à un code et à la convention. Les usages modernes d’instagram, de Facebook aujourd’hui procèdent de ce même lissage de la convention. Ces entreprises proposent des filtres uniformes, castrant la liberté des photographes. Par facilité. Mais le monde imposé, même du monde photographié se trouve « formatté ».
Regis debray.
Régis Debray remet la place de la structure avec la technique, qui montre que technologie et humain sont liés ensemble, sans opposition.
La technique modifie notre façon d’être. Tel le déplacement par exemple, largement raccourci par l’arrivée du train, de la voiture. Modifiant nos propres perceptions du monde, sur la géographie, la culture, le temps.
La transformation digitale aujourd’hui met d’ailleurs en exergue la partie technique, prédominante sur l’humain.
En 1991, dans son cours de mediologie générale, Régis Debray se fait aussi le témoin de notre monde qui a largement bousculer ces fameuses structures :
Les institutions sont décriées. On ne respecte plus nos hommes politiques, ni la maîtresse. On demande des comptes.
C’est l’heure de la transparence, et surtout du pouvoir s’informer.
La connaissance et le pouvoir de décider n’appartient plus aux structures traditionnelles.
La structure planétaire et Américaine.
Mais d’une manière subtile, ces structures organisationnelles, dans la communication, dans la vie dans la société perdurent.
L’hyper monopolisation des grands géants américains a raboté le champs de la liberté. Et par les usages prédéfinis par nos smartphones, nos usages, nous nous réduisons à un monde déjà écrit, formaté.
Surfer sur internet par exemple ne permet plus la découverte. Les choix sont pré-définis, « augmentés pour notre service ».
Certes, c’est plaisant de trouver une information pertinente intéressante ( le cinéma du coin par exemple ).
Mais l’objet de l’intelligence humaine est de pouvoir de sortir de ces structures pensées pour nous. Surfer pour découvrir autre chose que soi.
Sortir du selfie de soi, mais réfléchir aux autres.
Le structuralisme des années 1970 avait déjà en vision cette influence pesante d’un monde qui décidait pour nous. A l’époque, les structures étatiques et instutionnelles étaient plus présentes. Aujourd’hui, elles tendent à disparaître mais elles sont remplacées par les structures technologiques.
C’est ce que dénonce par exemple Eric Sadin.
L’intelligence artificielle même, nous comprend, et nous conduit à être avec soi-même. Pas avec les autres.
Elle nous enferme dans une structure « panoptique » : nous sommes surveillés, et on nous propose ce qu’on pense être. Le mieux est de succomber à ces propositions googlistiques le plus tard possible. Pour au moins avoir construit son être, son aura. Ses convictions.
Avant d’entrer dans le monde soi disant généreux d’un monde numérique qui emprisonne, dans le sent où il nous confond dans des structures commerciales, informationnelles. Desquelles vous ne sortirez pas, sauf si vous résistez. Car ce qu’on vous propose, c’est votre image dans un miroir.
Un peu déformé. Mais lisse. Un miroir où vous vous sentez bien. Jusqu’au jour où vous ne vous comprennez plus pourquoi vous êtes là.
Alors rêvons : les structures se délient un peu. Il ne tient qu’à vous !
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