Le bug, l’erreur, ou petit lexique heureux ou malheureux des anomalies


Se tromper, faire des erreurs, voilà la faille humaine qui s’immisce dans les technologies. L’être humain est faillible. Il crée le bug dans les technologies. Plus largement, la petite bête ( ou « insecte », traduction de « bug ») qui dérègle la machine, est véhicule de découverte, de frustrations au quotidien, et de création. Petit tour d’horizon !

Le bug technologique.

Le bug, par définition, est un défaut de conception.

Dans le domaine de l’informatique, la conception de programme consiste à écrire des commandes informatiques pour un résultat donné. Cela consiste à utiliser des commandes, ou un langage informatique. Comme tout langage, il est soumis à interprétation, et erreur. De fait, parfois le résultat attendu ne correspond pas à ce qui est attendu.

La complexité des programmes rend le bug « aléatoire ». Le développeur d’un programme informatique est alors « dépassé » par sa création. Souvent, on ne sait pas pourquoi cela « bug ». Chacun en a fait l’amertume aventure, en devant tout simplement redémarrer son ordinateur. Parfois, on ne sait plus comment cela peut fonctionner. Les ingénieurs des fusées, par exemple, ont parfois laissé un chiffon en place dans les moteurs, de peur que retirer puisse déclencher une anomalie.

Le bug chez la ménagère de 50 ans.


Le bug est une notion que chacun appréhende dans son quotidien. Rien de plus normal qu’un appareil qui « plante » ( téléphone, ordinateur ..). Dans les débuts des technologies, au milieu des années du XXeme siècle, les appareils étaient robustes, et fonctionnaient « toujours ». L’exemple du minitel dans les années 1970 en est un exemple. Jamais l’usager ne devait « redémarrer » le terminal. Les pages s’affichaient toujours, parfois lentement, mais sans dysfonctionnement particulier.

Aujourd’hui, les entreprises informatiques lancent par ailleurs des versions « béta », en affichant clairement que l’application proposée est encore « buguée », et n’est pas encore stabilisée (sic).

Redémarrer son ordinateur en cas de problème est devenu monnaie courante. Surtout avec l’arrivée de Microsoft, dont la technologie était parfois peu fiable. Nécessitant des mises à jour continuelles. La complexité des programmes informatiques, et la vitesse à laquelle elles sont proposées sont les 2 explications naturelles de ces « bugs ».

A noter dans l’utilisation au quotidien du « bug », qui n’existait pas :

–          Le téléphone. La mise à jour de Windows Phone 7 des téléphones Samsung, en février 2011 les a rendu inutilisables.

–          Les ordinateurs et l’internet : l’installation, le paramétrage des NeufBox, Freebox,.. nécessitent des hotlines dédiées afin de corriger les anomalies de ces appareils sophistiqués. ( pour rappel le minitel certes frustre et limité en terme de fonctionnalité ne nécessitait pas de tels efforts logistiques auprès de la clientèle ).

–          Les transports : les systèmes de réservations sont parfois ; et différents incidents techniques à la SNCF par exemple ont rendu les systèmes de réservations bloqués.

–          Les voitures : l’arrivée de l’électronique dans les voitures a déclenché des pannes de voitures, voire des accidents dus à des problèmes d’autorégulateurs.

–          …

La faille dans les systèmes informatiques permet également le piratage informatique.

Peut on corriger les bugs ?

La réduction de ces bugs est couteuse, et dans les sociétés, elle implique ce qu’on nomme des « TMA » : Tiers Maintenance Applicative.

Il s’agit d’ingénieurs qui analyse les dysfonctionnements, et tentent de trouver dans l’écriture des programmes l’erreur humaine commise…

Intrasèquement, le bug fait partie de l’esprit humain, et de la machine. Il ne peut être corrigé.

On se réfèrera aux travaux d’Alan Turing, qui a démontré que tout système formel se trouvait à un moment donné à une contradiction. Ces travaux sont à lire en parallèle des contradictions de l’esprit humain, révélé par le théorème de Godel, en mathématique :

Le théorème de Gödel, en 1931, eut son équivalent dans la théorie du calcul.Alan Turing démontre l’impossibilité des machines à pouvoir totalement formaliser en unités de calcul un problème donné. Il révèle des « trous » inéluctables même dans les ordinateurs les plus puissants que l’on puisse imaginer. On lira : Bach, Escher et Godel, paradoxe de l’intelligence artificielle

On retiendra ici que le bug est aléatoire, brutal, et la perception de l’usager incompréhensible.

Le bug en biologie

Le plus grand mal de la médecine est la mutation de gènes vers des anomalies destructrices. C’est le cas évidemment du cancer, qui est une prolifération de cellules « mutantes ». Il s’agit d’un dérèglement brutal du fonctionnement de la croissance des cellules. En ce sens, il est un parallèle au « bug », dans le sens où il n’y a pas d’explication, et « difficile » voire impossible à corriger.

L’AVC, ou l’arrêt vasculaire cérébrale s’apparente à un « bug », dans le sens où :

–          Il est brutal.

–          Il échappe à l’explication.

Dans ce cas malheureusement, la « correction » passe par une longue thérapie, lorsque cela est possible.

Les erreurs et bugs dans la création artistique.

Dans la création artistique, l’erreur, l’anomalie est source d’inspiration. Elle est parfois volontairement accélérée.

Les grandes œuvres de Picasso par exemple, sont courcicuitées d’événements anodins. Plus de peinture ? j’utilise une autre couleur, et voici une nouvelle création. Picasso disait « Quand il n’y a plus de rouge, je mets du bleu ». Ce n’est donc pas d’une abstraction intellectuelle que Picasso choisit, mais d’élément plus concret : plus de peinture…

Les bugs, ou parasites, dans les nouvelles technologies sont source de création. Le « bruit » , brouillage devient visible pour le spectateur . Il permet de construire un espace dont le spectateur prend conscience, et intègre. A la télévision par exemple, les transitions sous forme de « bruit », d’images saturées ou d’ondes parasitant l’image sont devenues des conventions artistiques. ( cas des émissions de zapping par exemple ) On regardera par exemple :

On voit ici des images saturées électroniquement, volontairement.

[ voir l’article : Autopsie du Bug, par Vincent le Corre : Autopsie du bug, ou le glitch art ]

Le bug comme source de découverte.

L’anomalie, le bug, le dysfonctionnement a parfois des heureux hasards. Que l’on regroupe dans la sérendipité.

Selon Wikipedia, la sérendipité est le fait de réaliser une découverte inattendue grâce au hasard et à l’intelligence.

Des inventions géniales ont pu être faites de manière brutale, par erreur, distraction :

3 exemples :

  • La découverte des bactéries par Antonie van Leeuwenhoek. Il fut le premier à voir et à décrire les bactéries. Toutefois, il n’était pas biologiste, pharmacien, médecin ou membre du corps médical. C’était un marchand de tissus. Pour juger de la qualité des étoffes, il avait besoin de loupes et peu à peu, il fabriqua des lentilles qui grossissaient de plus en plus. En Hollande il polit des lentilles au point d’avoir des résultats extraordinaires. Par chance, il vit des organismes vivants minuscules « nager » derrière sa lentille. Grossissant de 300 à 500 fois, il put voir et décrire des algues microscopiques et des protozoaires. [ source Wikipedia ]
  • Le micro ondes : on lira L’invention du micro ondes ou la barre de chocolat et le radar
  • L’imprimante à jet d’encre de chez Canon, qui fait un jour un faux mouvement. Son fer à souder chaud tombe sur une seringue d’encre et sa pointe chaude entre en contact avec le col de la seringue, faisant s’en échapper une petite éclaboussure d’encre. [ source Wikipedia ]

Comme la découverte de l’Amérique par erreur, le plus beau « bug » de la découverte de notre Nouveau monde.

Les bugs de communication.

Les « bugs » de communication sont nombreux. Communiquer est toujours source d’ennui. On ne sait jamais si la communication a été efficace. Voilà pourquoi nos politiques s’entourent de « conseillers en communication ». La communication est toujours fragile. Intrasèquement, elle est soumise à de nombreux paradoxes.

D’abord,  c’est le paradoxe du crétois : le crétois dit « les crétois sont des menteurs ». Si ce crétois ment, c’est que les crétois ne sont pas menteurs,  et donc a raison. S’ils sont menteurs, ce qu’il dit est faux, et donc, ils ne sont pas menteurs… Voilà le bug, une faille surprenante, qui dépasse notre raison..

C’est l’erreur de communication qui est la plus destructrice dans notre monde. Elle génère tous les problèmes de compréhension de l’autre, et de la différence : racisme, homosexualité, religion, et également dans notre intime. La psychiatrie est largement confrontée à ces « bugs », c’est-à-dire à l’incompréhension d’un malade qui « disjoncte ».

Le « bug », relève donc de l’incompréhension, de sa visibilité par ceux qui les subissent, de l’aléatoire, et nait , qu’il soit technologique ou pas, d’une faille, cette faille sublime de nos neurones, de notre pensée. Et parfois génère de la créativité.

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