Christian Metz [ 1970 ]. L’analyse des images. Revue de communication.
L’image a une ressemblance avec la réalité. Elle appelle à nos sens, la vue, à la sensation, le cœur plus qu’à la raison. Les experts en linguistique, qui s’occupent plus du langage ont pu se sentir un peu frustrés, devant cette forme de langage, qui semble étrangère au langage structuré que l’on connait. L’effort de Christian Metz est une réflexion sur l’analogie, et d’y trouver derrière l’image une structuration, une lecture à l’identique de la linguistique.
Dans l’Analyse des images, on sent le doute et surtout la défense d’une lecture linguistique et structurée de l’image. Christian Metz, spécialiste de l’image et de la sémiotique du cinéma, sait trouver derrière l’image quelques vérités sur l’analyse de l’image.
L’opposition de deux images sont une opposition paradigmatique du langage entre deux mots. Ce qui permet de leur donner du sens, et un langage.
De plus, la ressemblance à une image requiert une analyse structurale, un « décryptage », un décodage de l’image pour la comprendre. Et dans le codage, on peut y retrouver le code grammatical classique.
Englober linguistique, sémiotique dans l’image, c’est tenter de replacer la linguistique structurale englobant tous les langages, y compris celui de l’image.
Extraits.
L’analogie et iconicité.
« Lorsque la réflexion sémiologique se porte sur l’image, elle est forcément amenée dans un premier temps à mettre l’accent le plus manifestement sur cette image des autres objets signifiants. Son statut « analogique », son « iconocité ». L’image d’un chat ressemble à un chat, alors que le segment écrit « chat » ne lui ressemble pas ». Même les diagrammes, le « plan de cinéma » ou le tableau abstrait a se statut de « quelque chose » de ressemblance.
L’analogie ou l’iconicité est à poser. « La réflexion sur l’iconicité commence par poser la notion d’analogie. Beaucoup ont cédé à la tentation de trop iconiciser l’icône. Et d’établir entre le « langage des images » et le « langage des mots » une infranchissable ligne de démarcation.. Il n’y a en vérité aucun sens à être « contre » la langue ou « pour » elle, « pour » l’image ou « contre elle » » .
Régis Metz a « la conviction que la sémiologie de l’image se fera à côté de celle des objets linguistiques ».
– « L’analogique est un moyen de transférer des codes, dire qu’une image ressemble à son objet réel, c’est-à-dire que grâce à elle cette ressemblance elle-même, le déchiffrement de l’image pourra bénéficier des codes qui intervenaient dans le déchiffrement de l’objet : sous le couvert de l’iconicité, le message de l’analogie va emprunter les codes les plus divers. En outre, la ressemblance est elle-même codifiée, car elle fait appel au jugement de ressemblance selon les temps ou selon les lieux. » Une même image est interprétée selon les cultures.
– » L ‘image ne constitue pas un empire autonome et refermé, un monde clos sans communication avec ce qui l’entoure. Les images, comme les mots, ne sauraient être prises dans les jeux du sens. Dès l’instant où la culture s’en empare, le texte inonique est offert à l’impression de la figure et du discours. La sémiologie de l’image ne se sera pas en dehors d’une sémiologie générale. »
– Les concepts de phonème, morphisme, mot, double articulation, degré d’aperture et concepts de paradigmes, dérivation, plan de l’expression, plan du contenu, forme, unité significative s’intègrent ensemble. Définis pour la langue, il s’appliquent plus généralement à d’autres objets signifiants. A l’image notamment.
– « Il n’est pas mauvais de rappeler cela à une époque où se développe un fanatisme du « visuel ». Ce n’est pas parce qu’un message est visuel, que tous ses codes le sont. De plus, un code ( même visuel ) n’est jamais visible, car il consiste en un réseau de relations logiques. »
« On ne pourrait rien dire du visuel s’il n’y avait pas la langue pour nous permettre d’en parler. »
Plusieurs propositions, sur l’analyse des images :
- Un message visuel peut ne pas être analogique. Ici on retrouvera les images dites « non figuratives », et les icones logiques.
- L’analogie visuelle admet des variations que l’on pourrait appeler quantitatives. Degré d’iconicité.
- L’analogie admet des variations qualitatives. Il s’agit des ressemblances appréciées différemment selon les cultures.
- […]
- bien des messages visuels sont en réalité des textes « mixtes » : cinéma parlant, images légendées.
- […]
- L’opposition brutale du visuel et verbal est simplificatrice. Des intersections sont possibles.
- […]
- Le plus souvent réfléchir sur l’image ne consiste pas à produire des images, mais à produire des mots.
Relativiser la notion d’analogie, qui est elle-même codée, et éveiller l’idée qu’une linguistique peut fournir des éléments à la théorie de l’image.
[ Christian Metz 1931 – 1993 ]
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Bonjour,
Merci pour ce retour à Metz !
Et j’ajouterai dans la même veine, qu’il faut absolument lire « Le signifiant imaginaire » de Metz.
Ouvrage que je trouve excellent sur le dispositif cinématographique, abordé à l’aide des outils conceptuels de la théorie analytique.
Bien à vous,
VLC.
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Merci pour cette suggestion, un ouvrage à lire pour cet été 🙂
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