Avril 2020, près de la moitié de l’humanité est confinée chez soi.
Cette obligation de rester chez soi peut être pesante. Chacun vit différemment ce confinement.
Positivement ou négativement.
Selon son tempérament, ou selon les conditions dans lesquelles nous sommes contraints.
Comment survivre au confinement ?
Vivre avec le confinement.
Rester chez soi ne signifie pas rester inactif. Beaucoup de salariés travaillent donc chez eux, en télétravail.
Pour une partie des autres, le confinement se fait en famille. Avec les enfants. Les activités scolaires à distance rythment la journée. Y compris les activités ludiques. Et un peu sportives.
Le monde digital permet de rendre plus grand le terrain de son chez soi.
Connecté au monde par internet, les médias et les réseaux sociaux, on peut élargir son champs de vision.
Le numérique est devenu tellement ancré dans nos mœurs de vie, qu’on a tendance à oublier : le monde numérique est une extension de soi. Et par là même, le numérique étant partout. Nous ne sommes pas toujours confinés chez soi. Mais avons un sens d’ubiquité : nous pouvons être partout à la fois.
( on pourra relire à ce propos ce petit billet : L’hyper extension de soi, ou ma vie numérique augmentée ).
Et positivement, tout le monde se met à proposer solidairement des façons de vivre, de passer le temps.
Si l’on exclut les habituels théoriciens du complot ( « on nous ment sur le conivarius » ), ou les opposants systématiques à une vie solidaire ensemble, le web et les réseaux sociaux ont vu fleurir de multiples initiatives :
- la salle de spectacle chez soi : Jean-Louis Aubert, Raphaël, et même le silencieux Jean-Jacques Goldman font des concerts live, de chez eux. Votre maison transformée en salle de concert intime avec vos chanteurs préférés. Et gratuitement :).
- Les coachs sportifs proposent des vidéos, pour faire un peu de sport chez soi. ( comme le coach Mickael Leclercq )
- les médias ont bouleversé leurs programmes. Pour transformer votre maison en école pédagogique, des cours pour les écoliers sont proposés à la télévision.
- les tutoriels partagés par les internautes, pour aider dans les situations difficiles : pouvoir se coiffer soi-même, réparer un lavabo qui fuit, réaliser soi-même ses masques.
Et pour survivre au confinement, beaucoup d’entre aide : donner des idées créatives pour utiliser et vivre pleinement ce temps figé.
La créativité et l’intelligence humaine, avec souvent beaucoup d’humour montrent qu’on peut vivre le confinement de manière moins pesante.
Juste un exemple , qui illustre l’humour, la solidarité, l’usage des réseaux sociaux, tout en intégrant la proximité :
Question pour un balcon, est un jeu qui reprend le concept de l’émission « Question pour un champion » : il s’agit de jouer avec ses voisins, toute une rue, autour de questions.
Sa maison est devenue un plateau télévisuel.
La solitude du confinement.
Cette augmentation numérique de notre monde permet d’élargir notre espace vital de vie.
Il ne résout pas de manière définitive l’oppression qu’on peut ressentir à ne plus pouvoir bouger, sortir. L’homme est un animal qui se meut avec ses 2 jambes. Il n’est pas conçu pour rester allonger dans son canapé. Ou de tourner en rond dans un 20m2.
Car n’oublions pas que, derrière les initiatives heureuses et parfois jubilatoires, il y a beaucoup de promiscuité, ou de solitude.
Promiscuité dans les HLMs où des familles se retrouvent jusqu’à 5 personnes dans un petit appartement.
Ou solitude, à l’extrême de personnes fragiles, dans les EPHAD par exemple.
Promiscuité et solitude peuvent parfois même se conjuguer.
C’est le cas :
- des femmes dans une détresse psychologique, seules, à vivre avec un bourreau : les violences conjugales subies par les femmes.
- des homosexuels vivant sous le toit de leurs parents clairement homophobes et faisant vivre l’enfer à leur enfant.
- des enfants battus dans la famille. Avec une explosion des appels à l’aide.
Le confinement empêche toute libération, tout échappatoire. Il accélère le processus du processus d’enfermement de ces victimes avec leurs bourreaux.
Réfléchir au sens de la vie.
Nous avons ainsi vu les deux aspects positifs et négatifs de cette vie de confinement.
Ici, on synthétisera ce qui peut nourrir la réflexion d’un être humain face à ce confinement. A savoir sa condition humaine.
Voilà les questions qui taraudent :
- ne vis-je pas une « fin du monde » ? une terrible pandémie qui balayera toute l’espèce humaine. Ou au moins, moi, ma famille. Les explosions jubilatoires dans un déferlement d’humour un peu noir ne sont elles pas l’expulsion ultime de nos derniers moments de vie, de plaisir ?
- Quand le confinement va t- il se terminer ? le temps est suspendu, le mouvement est suspendu. On peut ressentir un étouffement en percevant que tout s’est arrêté et que rien ne bouge plus. La télécommande de la vie sur la touche « pause ».
- Quels projets pour demain, dans un monde dont on sait qu’il sera fait de reconstruction difficile. Economique et humaine ?
- Pourquoi vivre, au fond ?
- Et comment vivre ?
La réalité de notre fragilité nous parait soudaine. Le monde a progressivement permis de vivre sereinement, à l’abri de la maladie, de la guerre, de la faim. Et patatra.
Le désastre écologique pointait déjà son nez. Maintenant, il s’accompagne d’un désastre humanitaire, épidémique.
Non, l’être humain meurt. C’est notre condition.
La brutalité de la vague pandémique rend brutale les réflexions sur notre condition humaine.
Bien sûr, tout le monde se pose ces petites questions existentielles. Qui suis-je ? Où vais-je ?
La réflexion peut être difficile, tant beaucoup d’informations, de douleurs, d’images nous explosent à la figure. Ce sont ces éléments simultanés, violents qui peuvent déstabiliser chacun.
Vivre sainement son confinement.
Les réflexions sur notre devenir, et notre condition humaine sont pourtant légitimes. Et elles parcourent l’histoire de l’Humanité.
Et rassurons-nous, se poser les questions existentielles n’est pas une maladie, bien au contraire. Et ce n’est pas un débat de philosophe, d’écrivains. La recherche d’un sens à la vie est bien
La recherche d’un sens à la vie constitue une motivation fondamentale et non « une rationalisation secondaire ».
Ce que le logothérapeute Frankl explique :
« Certains auteurs soutiennent que les raisons de vivre et les valeurs de l’homme ne sont rien d’autre que des mécanismes de défense, des formations réactionnelles et des sublimations. Quant à moi, je pense que ne pourrais pas vivre pour l’amour de mes « mécanismes de défense », pas plus que je ne serais prêt à mourir pour mes formations réactionnelles ».
Aussi, en ces temps de confinement, où la soupape semble nous étouffer dans notre condition humaine suspendue, s’interroger, se questionner est plutôt quelque chose de sain, en fait.
Je vous conseille vivement de lire le petit billet Découvrir un sens à la vie, ou la logothérapie
Viktor Frankl est professeur de neuropsychologie. Et il a vécu personnellement lui-même l’expérience du confinement, la solitude, la menace de mort. Etant enfermé en camp de concentration. Bien sûr, le parallèle n’est pas judicieux avec ce que nous vivons. ( et permet de relativiser face à la douleur du monde ). Mais Viktor Frankl en a ressorti de cette épreuve des fondements qui pourront éclairer sur ces questions fondamentales.
La révolte contre une condition injuste.
La catastrophe humaine et économique est inimaginable. Ce scénario d’une pandémie qui stopperait le monde entier a déjà été évoqué par des scientifiques. Cette réalité semble pourtant irréelle.
On considère que ce séisme n’a jamais secoué le monde depuis la seconde guerre mondiale.
Alors cette condition peut nous paraître injuste, en tant qu’homme. On peut se révolter.
Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?
Le sentiment d’injustice, et plus largement de révolte face à telle situation a largement inspiré Albert Camus.
Sur la révolte, face aux Dieux tout puissants, face à une condition humaine injuste.
Le combat d’Albert Camus a été de nourrir toute son oeuvre autour de ce sujet.
Le roman La peste, est aujourd’hui relu à la lecture du confinement et de la maladie. Le roman se passe à une époque où sévit la Peste. Avec les mêmes symptômes sociaux de la crise du covid-19 : contagion de la maladie, impuissance quant aux remèdes. Et ce même sentiment de vivre dans un monde arrêté, dans lequel il faut survivre. De manière concrète, et métaphysique.
D’autres lectures d’Albert Camus éclairent le sentiment d’injustice. Et peuvent nourrir nos questionnements d’aujourd’hui. On lira ici quelques billets à ce sujet : Albert Camus.
Autant le numérique, les réseaux sociaux nous soulagent, nous aident à « tuer » le temps, autant nos philosophes, écrivains nous aident à mieux comprendre notre confinement.
Avec toujours ce sentiment de vivre, de respirer, de sourire, quoiqu’il arrive, nous restons nous-même.
Surtout tous ensemble, entre humains.
Take care & à Suivre !
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