Un mythe existe : il est sain d’exprimer sa colère.
Et s’il faut la libérer, quoi de mieux que de se lâcher sur un punching ball. Un coussin !
Mythe ou réalité ? Lisez le résultat d’études sur le sujet. Temps de lecture. 10′.
Le mythe : décharger ses émotions
Dans les médias, les revues de santé, ou dans les conseils des proches, on promeut d’exprimer sa colère.
Pour ensuite être plus serein, et décharger ses émotions, son stress, son l’adrénaline qui nous ont porté à 300 % à vouloir écraser son collègue, la vendeuse qui s’est trompée. Sa femme qui a rien compris. Son chien qui a mordu le tapis…..
Une sorte de soupape de sécurité, afin de ne pas faire de violence, en déchargeant cette énergie négative ailleurs.
L’image du sportif qui lâche tout ce qu’il a en soi pour « décharger » entretient ce mythe de la colère qu’on peut évacuer physiquement.
Le lâcher prise.
Le lâcher prise ici est celle de collègues qui se disent : pourquoi pas décharger sa colère, à jeux de fléchettes sur leur manager ou leur collègue. Il s’agit évidement de plaisanterie.
L’image des sportifs qui libèrent leur énergie.
L’image des militaires qui crient au combat comme pour exprimer une rage libérée.
Ces mythes nous inventent à considérer qu’il faut se lâcher, libérer son trop plein pour être serein.d’exprimer sa colère plutôt que de la retenir.
Comme un acte sexuel qui finit par l’explosion de sperme. Et qui ravit les partenaires ensuite.
La décharge de l’adrénaline, du désir.
Ces images de force, virile souvent, renforcent ce mythe d’expulser sa colère comme bienfaitrice.
Libérer sa haine est un peu différente, car elle n’est pas qu’un objet du corps. Elle est à la fois corps et esprit. Et on peut libérer son corps, sans que l’esprit ait expulsé cette haine.
Aussi l’expression de la colère n’est pas saine. Bien au contraire.
Les recherches en ce sens le prouvent.
Les études sur l’expression de la colère, par Bushman.
Dans le livre « 21 jours sans se plaindre », l’auteur Will Bowen reprend de manière scientifique le sujet.
Est-il sain d’exprimer sa colère ?
Brad Bushman, professeur et chercheur à l’université du Michigan travaille depuis 25 ans sur le sujet de la colère.
Il indique ici :
Nos recherches indiquent clairement qu’exprimer sa colère intensifie l’agressivité au lieu de la réduire.
On pourra citer ses travaux, dans « The inquisitive Mind, social psychology for you », ( in-mind.org ).
Dans « The inquisite Mind« , Bushman écrit ainsi à propos de l’expression de la colère.
» Selon la théorie de la Catharsis, du fait que l’expression de la colère produit une saine décharge émotionnelle, elle est bonne pour la psyché. Cette théorie, qui remonte à Sigmund Freud et à Aristore, est élégante et attirante. Malheureusement, rien dans les faits, ni dans les recherches ne permet de conclure que l’explosion de la colère a une quelconque valeur positive. Elle fait du tort à soi et aux autres ».
Plutôt que la théorie, les recherches américaines se sont basées de manière pragmatiques sur l’experience.
L’expérience de la sauce piquante, la vengeance.
Bushman a demandé à 6 étudiants à participer à l’expérience suivante.
Premièrement, Bushman demande aux étudiants de faire une dissertation.
Il indique que la copie sera notée par un autre étudiant.
Seconde étape. En fait, ce n’est pas les autres étudiants qui notent. C’est Bushman qui met une note arbitraitement à tous, « F ». ( qui est la plus mauvaise note ). Mais ne le dit pas aux étudiants.
Troisième étape. Bushman rend les copies à chaque étudiant, qui fulminent. Pensant qu’un autre étudiant a donné une sale note. Bushman propose à 3 étudiants de frapper dans un coussin, pour exprimer leur colère. Les trois autres ne le font pas. Et on les invite à se calmer.
Quatrième étape : Bushman convoque chacun des étudiants individuellement, en leur indiquant qu’ils auraient l’occasion de se venger. En choisissant d’offrir un verre à boire aux autres étudiants. En y ajoutant de la sauce piquante. A l’étudiant de choisir la quantité de sauce piquante y adjoindre.
Quel résultat ? le groupe des 3 étudiants qui avait pu décharger leur colère a versé beaucoup plus de sauce piquante que le groupe « témoin », qui n’a pas eu l’opportunité de se décharger contre le coussin.
Ainsi, l’expression de la colère n’a pas retiré le ressentiment et la colère, plus que le groupe « calme ». Bien au contraire.
Bushman affirme sur cette expérience :
« Les résultats de notre étude révèlent que les personnes qui déchargent leur colère sont environ deux fois plus agressives que ceux qui ne le font pas ».
L’expérience des mots choisis, révélateurs de la colère.
La deuxième expérience est tout aussi révélatrice.
Bushman prend les deux groupes témoins précédents.
L’un qui a exprimé sa colère ( en déchargeant leur rage contre un punching ball ).
Le deuxième groupe s’est seulement calmé.
Devant quelques mots, neutres, dont on a retiré les lettres, on demande aux deux groupes de les compléter.
La liste comprenait les mots suivants :
CHO_E
ATT_C_
KI__
R_P_.
Le groupe qui a exprimé sa colère dans le punching ball a eu tendance à remplir les mots de la façon suivantes :
CHOKE ( étrangler) .
ATTACK ( attaquer ).
KILL ( tuer ).
RAPE ( violer ).
Le deuxième groupe furieux dont on avait demandé de se calmer ont compléter les mots de la façon suivante :
CHOSE ( choisit ).
ATTACH ( attacher ).
KITE ( cerf-volant ).
ROPE ( corde ).
Les étudiants qui ont frappé le punching ball ont complété ansi des mots neutres partiels avec des mots violents.
Selon Bushman, « l’agressivité devient plus probable après qu’on ait déchargé sa colère ».
La violence faite au femme, une colère déversée
Dans les exemples précédents, l’expression de la colère se borne a frappé dans un coussin, ou un punching ball.
Dans la réalité du quotidien, malheureusement, la décharge de la violence se fait contre des animaux, son enfant, ou sa compagne.
Pensant que cela va « aller mieux » en libérant son mal-être, sa frustration, ses rancoeurs, frapper un être humain ne guérit pas. A la vue des expériences précédentes, on montre même le contraire.
Ainsi, une spirale infernale nait. Et de la petite violence ( une claque ) devient une violence de plus en plus grave : coups au corps, menant jusqu’à la mort, sous les blessures infligées. Rappelons qu’en France, tous les 3 jours, une femme meurt sous le coup des blessures de son conjoint.
Laisser courir l’idée du mythe qu’il est sain d’exprimer sa colère est une injonction à laisser chacun se défouler,
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