Michel serres m’a accompagné. Et il vous accompagnera encore. Et ce soir, grande tristesse michel serres est décédé. Je voulais partager ce billet cette semaine. Terrible prémonition. ‘Triste, triste, triste je suis.
La philosphie ne se résume pas aux cours au lycée.
C’est un « mind-set » comme on dit aujourd’hui.
Un principe de vie. Et Michel Serres est là pour tenir le gouvernail !
Temps de lecture : 10 Minutes. Pour un grand homme !
Découvrir la philosophie.
Lorsqu’on est lycéen, lorsqu’on découvre la culture, trouver des pépites d’intelligence pour avancer, c’est précieux. On prend des cours de philosophies. Mais relire Platon, Descartes, pour un jeune, c’est un peu lointain.
Loin de son réel. Aussi découvrir Michel Serres, présent, physiquement là, c’est ouvrir son horizon. Avec quelqu’un qui est là, et qui accompagne.
C’est ce que fait Michel serres depuis des décennies. Et des décennies dans ma propre vie spirituelle, intellectuelle.
Une vie dans la réalité.
On ne peut être que charmé par Michel serres.
D’abord par son parcours atypique.
Oui, il a fait de brillantes études parce qu’il est brillant.
Mais il a choisi de naviguer en ce monde. De manière concrète, en s’engageant sur des bateaux dans la marine.
Pour toucher le concret plutôt que de résister dans des pensées écrites dans les bureaux d’une université ou dans un café parisien,.
Le philosophe qu’on comprend.
J’ai découvert Michel serres au petit écran, en 1989. La marche du siècle. Une vieille émission que peu se souviendront.
Sa verve, sa façon de parler est simple, claire. Elle parle a tout le monde.
Il n’a pas que des idées, il a un coeur. Des tripes. Une envie de partager.
Les plus grands philosophes sont ceux qui maîtrisent leur sujet. Et maîtriser son sujet c’est savoir rendre le compliqué facile à comprendre. C’est ce que sait faire Michel serres.
On peut l’écouter des heures, et se dire : « ah, oui, c’est super. Et simple ».
Michel Serres donne envie. Envie de se poser intellectuellement. Philosophiquement. Humainement.
Et être un être rationnel doté d’un cerveau, de curiosité. Toujours apprendre. Michel Serres donne envie d’être curieux et d’apprendre !
Quelques décennies plus tard, toujours là !
On a beau avoir dépassé les 80 ans, on ne parle pas du passé comme une nostalgie, c’était mieux avant !
Et Michel serres au contraire dynamite ces préjugés.
Dans son petit livre ( pas cher et accessible pour tous ), michel serres le martèle : « c’était mieux avant ? » en décortiquant l’histoire et les usages. Car michel serres a vécu assez pour en « philosophe » expliquer que non, ce n’était pas mieux avant. Malgré toutes les difficultés de notre monde moderne d’aujourd’hui !
On lira ainsi ce petit billet : « C’était mieux avant ! »
Moderne.
Michel serres sait prendre le recul; il est curieux. Michel Serres sait parler de notre monde d’aujourd’hui.
Telle la petite poucette. La jeune enfant qui utilise son pouce pour naviguer aujourd’hui dans notre monde numérique.
On lira ainsi « la petite poucette« .
Le sens de l’info et de la philo !
Sur France Info, Michel Serres a repris tous les mots, les concepts, pour les faire redécouvrir. En les mettant dans le contexte. En reprécisant l’histoire. En les mettant en réalité, dans notre présent.
Dans une chronique hebdomadaire, pendant 14 ans, Michel Serres a décortiqué notre monde.
Pour le rendre intelligible, face au chaos de notre monde.
En 2018, il arrête la chronique, avec un adieu, reprenant le poème de Lamartine.
Qu’on lira ici,pour rester curieux.
Les adieux.
… Nous n’irons plus dans les prairies,
Au premier rayon du matin,
Egarer, d’un pas incertain,
Nos poétiques rêveries.
Nous ne verrons plus le soleil,
Du haut des cimes d’Italie
Précipitant son char vermeil,
Semblable au père de la vie,
Rendre à la nature assoupie
Le premier éclat du réveil. …
Adieu, vallons; adieu, bocages ;
Lac azuré, rochers sauvages, Bois touffus, tranquille séjour,
Séjour des heureux et des sages,
Je vous ai quittés sans retour.
Déjà ma barque fugitive
Au souffle des zéphyrs trompeurs,
S’éloigne à regret de la rive
Que n’offraient des dieux protecteurs.
J’affronte de nouveaux orages ;
Sans doute à de nouveaux naufrages
Mon frêle esquif est dévoué,
Et pourtant à la fleur de l’âge,
Sur quels écueils, sur quels rivages
N’ai-je déjà pas échoué ?
Mais d’une plainte téméraire
Pourquoi fatiguer le destin ?
A peine au milieu du chemin,
Faut-il regarder en arrière ? …
Nous mesurerons la carrière,
Qu’il aura fallu parcourir.
Tel un pilote octogénaire,
Du haut d’un rocher solitaire,
Le soir, tranquillement assis,
Laisse au loin égarer sa vue
Et contemple encor l’étendue
Des mers qu’il sillonna jadis.
Alphonse de Lamartine (1790-1869)
Merci Michel !