Le temps numérique coule, le temps humain s’écoule

Le temps numérique coule, le temps humain s »écoule .
Les activités nous soulèvent.
Le boulot nous structure.
La curiosité peut également nous projeter ailleurs. Quitter son soi pour aller ailleurs.

Le temps nous appartient. Numérique, binaire, ou entier, total.

Mon temps numérique.

Les relations humaines sont un vertige qui nous poussent à se mettre dans la réalité.
Sinon, je reste avec moi même, avec les doutes, l’ennui. S’ennuyer est salvateur. C’est une activité en voie de disparition.

Avec toutes les sollicitations de mon smartphone qui me ramènent vers d’autres potentiels inaccessibles.

Le virtuel est une empreinte du passé :
La photographie sur Instagram est passée. La photo de la soirée sur Facebook est passée .
Les réseaux sociaux sont une mémoire joyeuse. On ne poste pas les ennuis, juste les kifs. Et c’est très bien. Mais ces kiffs sont déjà dans le passé.
Le temps numérique est saccadé. Les notifications sur mon smartphone me demandent de changer de monde.

De retrouver le virtuel.

Sans échelle d’importance. Horizontalité.

Que ce soit une information sur le résultat d’un Match de football ( sans intérêt pour moi ) ou une notification d’un ami qui vient de prendre le train. ( sans intérêt pour moi ).
L’intelligence artificielle tant vantée pour nous offrir l’expérience sans couture, c’est à dire sans accroc n’existe pas encore. Faudra encore quelques millions d’investissements dans les startup et la transformation digitale.
La transformation, en moi, elle se fait en permanence.
Pendant que mon corps se liquifie minute après minute vers la mort, mon cerveau et les neurones captent de nouvelles choses. De nouvelles idées jouissives, des morceaux de connaissance qui m’augmentent. La réalité augmentée, sans artifice numérique.
Pour apprivoiser le temps humain, celui qui ne tousse pas, qui n’est pas binaire , me voilà seul.

Mon temps d’ennui et de représentation.

Là sur le canapé, j’écoute le temps qui passe.

Quelques bruits extérieurs : bruit de vaisselle, porte qui claque, musique lointaine.
Qu’est ce qui peut nous faire bouger au delà des activités quotidiennes , des soirées parfois convenues ?
L’intelligence n’a pas lieu d’être dans les soirées et les repas chez les amis ou la famille. Nous sommes plutôt en représentation à jouer un rôle de donner nos joies.
Goffman l’expliquait bien : jouer le rôle dans le théâtre de la vie.
Mais avec soi même, quel rôle jouer ?
On ne peut tricher avec soi même .
Seul, je peux m’augmenter en alimentant ma vie numérique.
Et aujourd’hui sa vie numérique est bien juste une petite extension de sa vie physique.

La technique , comme les lunettes par exemple, sont notre extension et présentation de soi. Une médiologie.
Les réseaux sociaux sont une manière de rendre saine sa solitude en restant vrai.
Pour peu qu’on reste vrai.
L’Internet vous propulse.
La vie comme un théâtre.
On pense rester toujours soi même.
Mais on conjugue en permanence avec les autres. Comme dans une pièce de théâtre.
Chez le médecin on joue le rôle du malade.
Au boulot, on construit son image par rapport à sa mission.
Dans l’intimité avec ses enfants on prend une posture.
Dans l’intimité avec son conjoint, on prend la posture délicate de l’aimant.
Le sujet est difficile car l’acteur que nous sommes à son discours, sa phrase déjà écrite.

La ligne brisée.

Bodies in Urban Spaces, Willi Domer

Pour ceux qui ont forgé leur vie sur le modèle judéo-chrétien de trouver sa moitié , de forniquer selon les règles établies et d’enfanter pour perpétuer sa famille, les questions existentielles reviennent de manière subtile quand les enfants sont partis. Avant, on n’a pas trop le temps.

Trop occupé à s’occuper de ses progénitures.
L’activité familiale permet de se détourner de sa propre existence. Comme une lente jouissance de la vie. On est occupé toute sa vie.
Pour les autres, c’est une autre affaire : positivement c’est le moyen d’exister et de se composer hors de toute considération matérielle, le pendant est l’effort, au quotidien à réécrire en permanence son existence.

Souvent de manière déceptive quand on a quitté le monde virtuel .
On se retrouve alors seul avec soi même.

La vie tout simplement ?

En ce sens, cette absurdité posée par Albert Camus est fondamentale.
Elle est universelle. Et toujours d’actualité.
Et a le mérite de nous faire réfléchir en permanence sur le sens de notre présence là maintenant.
Le divertissement est roi.
La réflexion demande exigence et courage.
L’ennui est plus facile : on se laisse aller , comme une pleine conscience à écouter le monde.
Il a le mérite de ne pas fuir notre spiritualité ou nos doutes.

C’est plus facile de s’oublier en rencontres superficielles, lointaines . L’essentiel étant de s’occuper.
Le monde du divertissement l’a bien compris.

Jouer sur des jeux vidéos, regarder des films qui ne parlent pas de soi mais sensationnels nous permettent de ne pas réfléchir à soi même. Les jeux du cirque.
J’ai un peu de mal avec ces techniques d’oubli forcé.
Je préfère l’ennui.

Vivre est une vrai résistance si on veut la rendre authentique.

La chose plutôt jouissive c’est l’osmose avec son prochain.
Même si on n’est pas d’accord, même si on a pas la même éducation , on a tous le même trip : être bien avec soi même et avec les autres.
Peu importe la race, les pays.
En ce sens , les réseaux sociaux comme Facebook ou twitter qui se retranchent devant les spécificités des peuples se trompent pour diviser les peuples.

Ils sont plutôt à contenter les gouvernements des pays pour imposer leur produit que de répondre à cette humanité qui rassemble tous les peuples.

Je m’ennuie, donc je suis. Avec toi. Juste un silence, roi. Tu m’as compris.

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