Langue et parole, selon Roland barthes

L’aventure sémiologique ! C’est le fabuleux voyage que Roland Barthes nous convie sur le terrain de la sémiologie !

Roland Barthes a une pensée critique singulière, et il a été le premier à décortiquer les mythes de la publicité, de la voiture DS, du catch.

Très moderne ! A découvrir les fondements de ces analyses, par de la méthodo’ : distinguer langue, parole, premiers éléments de sémiologie. C’est ici !

Distinguer langue et parole.

Commençons par les classiques. Et Roland Barthes s’intéresse à Saussure qui fut un grand linguiste. Et s’intéresser à ce qu’est langue et parole.

Langue et parole définissent un concept intéressant chez Saussure. Le concept sort de la linguistique antérieure qui s’attache à la prononciation et son évolution, les associations de mots, .. bref centré sur l’individu.

Le concept de langue et parole lui a une visée plus large, individuelle et sociale.

La langue regroupe tous les signes, les mots, les règles qui nous permettent d’articuler le langage.

Elle est le langage moins la parole.

« C’est à la fois une institution sociale et un système de valeur. L’individu ne peut à lui seul la modifier, ni la créer. La langue est essentiellement un contrat social ».

Les normes, les habitudes, les conventions conditionnent notre façon de parler. Pour parler il faut se conformer à règles. Et c’est parce qu’elle a une valeur contractuelle qu’elle résiste aux modifications de l’individu seul. Et donc que la langue est une institution sociale.

La parole, elle est la concrétisation de la langue. Son instanciation, son actualisation. Par les mots prononcés, l’intonation. Le souffle, la hauteur de voix, l’accélération du débit. l’émotion qu’on n’y met.

Elle est constituée par les choix que l’individu fait, pour exprimer sa pensée personnelle.

La parole est une combinaison de signes qui se répètent de discours en discours. en ce sens, elle correspond à un acte individuel, certes, mais non a une création pure.

Dialectique de la parole et de la langue.

C’est par la parole qu’on apprend une langue.

Un enfant n’ouvre pas un livre de la langue française pour apprendre à parler. La langue n’existe parfaitement que dans la masse parlante. La langue n’est possible qu’à partir de la parole.

La langue est le trésor déposé par la pratique de la parole dans les sujets appartenant à une même communauté. Et parce qu’elle est une somme collective d’empreintes individuelles, elle ne peut être qu’incomplète au niveau de chaque individu isolé.

En somme, la langue est le produit et l’instrument de la parole. Il s’agit donc bien d’une dialectique.

En corollaire, il est inconcevable d’étudier la langue avant la parole ou inversement. Il est tout aussi inutile de séparer langue et parole.

  • Pour approfondir ( sinon passez au paragraphe suivant pour le fil de la réflexion et de lecture 🙂 ) :

À la conception langue et parole évoquée ici chez Saussure, Hjemslev ( essais linguistiques, 1959 ) a formalisé dans la notion de langue trois termes :

le schéma ( charpente, pattern ), la norme et l’usage. La norme est déjà un premier pan de réalisation sociale ( règles établies socialement ).  L’usage est l’ ensemble des habitudes d’une société donnée. Comme la façon dont prononce  le r par exemple, dans certaines régions.

Entre parole, usage, norme et schémas les rapports de déterminations sont variés . La norme détermine l’usage, mais aussi déterminé par elle. Le schéma est déterminé à la fois par la parole, l’usage et la norme.

À la dichotomie langue et parole peut ainsi se substituer une autre dichotomie Schéma et usage.

Voire au code et message. Le code étant la charpente, la langue et le message l’instanciation sociale de ce code.

Jakobson, dans « Essais de linguistique générale » s’intéresse également à un concept qui en découle : les structures doubles. Des cas de circularité et de chevauchement entre code et message. C’est le cas de la métacommunication :  « je parle de ce que je parle ». Discours rapportes à l’intérieur du message. Sur Jakobson, on lira le billet : les fonctions du langage de Jakobson.

Quel intérêt de parler langue et parole ?

Roland Barthes étend la notion de langue et parole à tous les systèmes de signification. Et pas seulement du langage oral. Et c’est ce qui est génial dans la trouvaille et la réflexion de Roland Barthes !

Dans tout système de signification, on pourra parfois classer les faits dans la langue, parfois dans la parole. À la vue des définitions présentées ci dessus.

Le langage du vêtement.

Prenons le vêtement par exemple.

 

Dans le domaine de la communication, on s’intéresse à trois systèmes différents :

 

la lecture dans un magazine de mode, dans une illustration de la mode par la photographie et le vêtement porté par monsieur tout le monde.

  • vêtement écrit.

Dans le vêtement écrit, c’est à dire dans le journal de mode, le vêtement est décrit en utilisant les mots descriptifs des matières, des coupes.

Il n’y a pas d’exécution individuelle des règles de la mode, mais juxtapositions de signes relatifs au vêtement. Ici, c’est la langue à l’état pur.

Mais comme le souligne Saussure, il n’y a pas de langue sans parole.

Ici, la langue de la mode n’émane pas de la masse parlante. Mais d’un petit  groupe d’individus, un groupe de décideurs.

Il s’agit du microcosme des créateurs de mode. Elle élabore volontairement le code écrit dans le journal de mode.

  • vêtement photographié.

Dans le vêtement photographié, on sourit un peu de l’abstraction du code formel du groupe de décision, puisque le vêtement est porté.

Par une femme, individuelle. La photographie et le vêtement commencent à « parler ». À s’instancier et sortir du code générique descriptif.

Cette parole n’est cependant totalement libre : elle correspond à un code normatif. Et la parole est figée, dépourvue de toute liberté combinatoire.

  • vêtement porté.

Le vêtement porté ( ou réel ) par monsieur ou madame tout le monde dans la rue lui répond au schema de langue et parole complètement.

On peut opposer la langue vestimentaire par le choix varié, du chapeau comme le béret ou le chapeau melon qui a un sens différent. Par les règles qui déterminent les associations des pièces entre elles ( soit le long du corps, ou l’épaisseur ).

La parole vestimentaire,elle, rassemble tous les éléments relatifs à son expression : taille du vêtement, degré de propreté, associations libres de pièces selon l’individu.

La langue du vêtement est donc le costume, et l’habillement sa parole.

Roland barthes souligne qu’a la différence du langage : le costume qui est une confection réalisée par un groupe minoritaire ( la haute couture ) précède toujours l’habillement. Alors que le langue et parole s’auto alimentent.

Le système sémiologique de la nourriture.

Autre exemple : le langage de la nourriture !

La langue alimentaire est constituée de règles de.exclusion ( les tablons alimentaires comme le cheval ou le chien qu’on ne mange pas).

  • Par des oppositions signifiants d’unités ( par exemple sucre salé ).
  • Par les règles d’associations ( simultanée dans un mets, ou successive au niveau d’un menu ).
  • Par des protocoles d’usage.

La parole alimentaire elle est très riche  : elle englobe toutes les variations personnelles, familiales, de préparation, d’association, de culture.

Le menu est un exemple très pédagogique pour comprendre la dichotomie langue et parole :

Le menu fixe les règles du déroulé du repas : entrée, plat et dessert. La structure du repas est réglée par des normes locales, nationales.

Quant au contenu du plat, les formes sont variables à l’infini. Il dépend de la pincée de sel de la cuisinière. Et chaque plat est unique, même s’il répond dans la combinatoire à une recette elle même écrite par des règles.

Pour reprendre le concept langue et parole du langage, ici, l’usage fait la langue alimentaire. et comme l’enfant qui apprend par la paroles avant d’intégrer la langue, c’est l’apprentissage en copiant sa maman qui permet de prendre corps avec la nourriture.

Contrairement au groupe de décision de la haute couture, dans le langage du vêtement et de la mode, il y a peu d’action de tel groupe minoritaire.

Faites l’exercice !

L’étude de ce rapport langue et parole dans les systèmes de significations peut se faire dans tous les domaines.

À vous de jouer !

Roland barthes nous invite à rafraîchir à l’automobile, le mobilier. Le modèle standardisé de la voiture, et la conduite..

les meubles ont peu de modèles, c’ est L’ameublement qui permet de composer le langage de son habitat.

Les éléments intéressants sont ceux qui utilisent des systèmes complexes comme le cinéma, la publicité.. à double tiroir : les images peuvent à leur tour procéder d’une parole pour en devenir une langue, elle même sujette à d’autres systèmes de significations. Dans mythologies, Roland barthes étudie le mythe, comme un système sémiologique intéressant. Qu’on pourra lire ici : le mythe, selon Roland Barthes.

 

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