Vous pensez avoir maîtrisé votre sujet, en vous lançant dans une explication. Un exposé. Vous avez argumenté comme il fallait. Chaque mot était pesé..
Et pourtant, tout le monde vous a trouvé ennuyeux, et on n’a rien retenu de ce que vous avez dit.
Une mauvaise communication ?
La communication n’est pas qu’énoncer des mots, des belles formules . Mais surtout, elle est faite d’émotions. Focus !
La communication passe par les mots.
Notre monde qui transmet des messages transmet surtout des contenus, des bits, des octets numériques… ça, cela n’est pas communiquer, mais informer.
Non communiquer, c’est étymologiquement communier. C’est à dire partager.
Les mots ne sont pas les plus importants pour communiquer. C’est surtout dans la façon dont on les dit, le comment on les prononce.
La communication non verbale nous apprend que beaucoup de ce qu’on communique, ce sont des postures, des intonations de voix, des gestes.
L’école dite de Palo alto aux états-Unis a longuement travaillé sur le sujet de cette communication non verbale. Une logique de la communication est un texte fondamental qui donne les axiomes de la communication. ( on y trouvera un résumé ici : une logique de la communication, ou les 5 axiomes de la communication ).
Et l’aspect relation de la communication est importante, car au delà des mots, c’est aussi important de s’attacher à la façon dont on les dit.
« Une communication ne se borne pas à transmettre une information, mais induit en même temps un comportement ». Ces 2 opérations représentent l’aspect « indice » et « ordre » de toute communication. « Un message sous son aspect d’indice transmet une information ; dans une communication humaine, ce terme est donc synonyme de contenu du message ».
« L’aspect ordre désigne la manière dont on doit entendre le message, et donc la relation entre partenaires ».
Exemple. Soit les 2 messages « Desserre l’embrayage progressivement et sans à coups » et « tu laisses aller l’embrayage et la transmission sera cassée en un rien de temps ». Les 2 messages ont le même contenu informatique, mais la relation, la façon de prendre le message n’est pas la même.
La place de l’émotion dans la communication.
Dans la relation et l’ordre adressé à l’autre, l’émotion en fait partie.
Les émotions sont également un important signe communicationnelle. Ce qu’aristote appelait l’ethos. L’expression de soi, de son caractère. C’est un peu différent, mais le moyen de s’exprimer est le même :
Et dans la façon de parler, l’émotion est ce qui parle le plus à l’autre.
Des les premiers jours, le bébé comprend les choses par l’énergie de sa maman. Et comprend ses peurs, ses angoisses ou son bonheur.
Voila pourquoi dans les thérapies familiales, avec le bébé qui pleure sans raison, on demande à la maman de tout simplement parler à son bébé. Il ne comprend pas un mot, mais comprend la relation, l’énergie des mots. Les émotions ont une empreinte dans la communication.
D’ailleurs, lorsque vous assistez à une conférence, vous ne vous souvenez pas forcément de ce qui a été dit, mais vous vous rappelez parfaitement que le présentateur ou le conférencier était captivant, ou ennuyeux. Et non par les mots, mais par l’énergie et les émotions qu’il a dégagé.
Autre exemple : vous vous souvenez parfaitement des moments où vous avez eu une émotion. Et oublier tous les autres moments d’ennui, même les émotions de tristesse. Chacun se souvient, dans le monde entier de ce qu’on faisait le jour des attentats du 11 septembre 2001, ou le jour des attentats de Charlie Hebdo.
Plus positivement, dans la communication, vous comprendrez ainsi que c’est l’aspect relationnel de la communication qui importe.
Exprimer ses émotions est donc nécessaire pour exprimer votre être, même si on a appris depuis tout petit qu’il fallait réprimer ses émotions.
Communiquer par l’émotion naturelle : la joie.
L’ émotion naturelle pour l’homme est la joie.
Regardez l’enfant qui n’a pas subi le poids des normes et de l’éducation : il est toujours joyeux.
Et lorsqu’il n’est pas joyeux, il pleure , mais cela ne dure pas, l’enfant vit l’émotion . Et revient toujours sur la joie qu’il a.
Exprimer ses émotions n’ est pas à proscrire. Cela permet de replacer le « je » dans ce que je dis, de manière personnelle. Et qui parle à l’autre. Les émotions sont universelles. Et il n’y a pas de débat : tout le monde préfère l’émotion de la joie.
Exprimer ses émotions n’est pas se laisser submerger par ses émotions. On peut être en colère. c’est légitime, mais on peut l’exprimer sans se défouler et hurler. On peut dire tout simplement : ‘ je suis en colère et j’aimerais qu’on trouve une solution ensemble« .
Exprimer ses émotions et s’en détacher.
Les émotions sont donc légitimes, mais elles ne doivent pas nous maintenir dans un état émotionnel différent trop longtemps : la peur, la colère sont des états normaux, mais pas dans la durée.
Un coach de vie illustrait parfaitement cela en prenant le parallèle d’un troupeau de zèbre dans la savane.
Heureusement, le zèbre a peur, c’est ce qui lui permet de prendre conscience du danger : celui d’éviter de des faire manger par le lion.
Pourtant, le zèbre peut vivre à cinquante mètres d’un lion, sans s’inquiéter. Il n’est pas en permanence en état de peur et de stress. À mettre en lumière avec nos peurs et stress du quotidien, comme si on vivait en permanence à côté d’un lion qui nous dévorerait.
Le zèbre n’a aucune peur. Il ne se met en alerte qu’au moment où il comprend que le lion commence à avoir faim. Car il sait que le lion n’est pas là pour tuer et entreposer des zèbres dans un supermarché. Le lion chasse quand il a faim…
Le zèbre peut donc rester dans un état de non stress, même à côté du lion.
Alors dans notre quotidien, rester dans un état de stress, d’émotion inconsidérée n’a pas lieu d’être. Même si on n’a pas réussi à dire à son chef qu’il n’aura pas son tableau Excel qu’il a demandé et qu’il est misérable.
On peut ainsi se libérer de ses émotions en les exprimant avec recul ( je suis en colère car… et je pense qu’on peut donc se mettre d’accord pour trouver une solution ensemble ), ou en les ayant mis de côté comme le zèbre.
Pour le zèbre, c’est facile, puisque c’est quelque chose de naturel pour lui.
Mais pour l’être humain… conditionné par le désir de réussir, de faire plaisir à ses parents, de se projeter dans l’avenir que dans le présent, c’est un peu plus compliqué.
Pour finir cet article sur l’expression des émotions dans la communication, je donnerai une petite technique qui fait des miracles.
La technique du papier déchiré.
C’est un coach de vie qui m’a appris cette petite technique : pour évacuer les émotions et ne pas les laisser rester en soi, quoi de mieux que de les mettre sur papier.
« Je suis triste, mon chef m’énerve, ma collègue est une vraie pétasse (sic)« …
Puis de déchirer ce papier, sans le relire.
La technique est efficace : on imprime littéralement son émotion sur papier, en utilisant son corps ( ses tripes, sa main, son doigt, et ça le cerveau et le corps l’enregistre ). Et on l’évacue symboliquement et physiquement, dans la poubelle.
On pourra ainsi utiliser une bonne communication, en utilisant au mieux l’émotion de joie. Et d’exprimer ses émotions négatives en les mettant en relief, et avec recul. Comme un moyen de trouver une solution, avec l’autre. Plutôt que de lui cracher à la figure…