Les problèmes de communication reposent souvent sur la nature propre d’une communication : le contenu et la relation.
Nous expliquerons ici en quoi consiste le contenu et la relation d’une communication.
tel que l’a formalisé Paul Watzlawick, de l’école Palo Alto, référence sur ces recherches.
On détaillera les erreurs flagrantes qui polluent nos échanges désastreux dans la communication.
Avant d’en synthétiser les bonnes pratiques. Mieux communiquer, en évitant ces écueils.
Contenu et relation de la communication. Qu’est-ce que c’est ?
Toute communication suppose un contenu ( le message ).
Mais elle ne se borne pas à transmettre une information. Elle induit en même temps un comportement ; une relation.
Ainsi, si je dis : » Tu ne vois pas que tu as mal réglé la radio, le son grésille ; on n’entend rien ! ».
Cela est différent de : » le son de la radio n’est pas réglé sur la bonne fréquence. Il te faut la régler sur 105.6 Mhz ».
Le contenu informationnel est le même, mais la façon dont je le dis importe autant. En l’occurrence, ici, un énervement du locuteur dans le premier cas.
La façon dont j’entoure le message, a autant de valeur communicationnelle que ce je dis.
Entourer le contenu du message passe souvent par des expressions, comme :
« Voilà la façon dont je vois les choses, voilà ce que j’ai compris. Qu’en penses-tu ? ».
Ces formules augmentent la valeur de mon propos.
Il s’agit de méta-communication. Communiquer sur ce je communique.
Cet axiome clé du contenu et de la relation a été formalisé par Paul Watzlawick, dans « une logique de la communication » :
« Toute communication présente 2 aspects : le contenu et la relation, tels que le second englobe le premier, et par suite est une méta-communication ».
Ces deux aspects sont importants car les erreurs de communication sont souvent causées par ces deux niveaux qui s’entremêlent.
Les erreurs de communication, sur le contenu et la relation.
Pour illustrer ces erreurs courants, prenons l’exemple que cite Paul Watzlawick dans « Une logique de la communication » :
Au cours d’une psychothérapie conjugale, un couple rapporte l’incident suivant :
le mari, seul à la maison, reçoit un coup de téléphone d’un ami qui lui dit qu’il allait venir dans la région où ils habitaient pour quelques jours. Aussitôt le mari invite cet ami à venir les voir : il sait que cela ferait plaisir aussi à sa femme, et il pense donc qu’elle aurait agi de même. Pourtant, au retour de la femme, une scène violente éclate entre eux à propos de l’invitation.
Le problème est abordé dans la séance de psychothérapie, le mari et la femme conviennte tous deux qu’il était parfaitement légitime et naturel d’inviter cet ami. Leur embarras est grand de constater que d’un côté ils sont d’accord, et que pour autant « par certains côtés », il y a entre eux un désaccord sur la même question ».
En fait, 2 questions étaient impliquées dans cette discussion :
1. faut il inviter cet ami ?
2. Qui a le droit d’inviter l’ami ?
Sur la première question, le couple est d’accord.
L’erreur est courante en communication : le désaccord se situait non sur le contenu, mais au niveau de la relation ( méta-communication ) : qui a le droit d’inviter l’ami ? Or, le couple s’est évertué à résoudre le problème au niveau du contenu : et non au niveau de la relation. Savoir se parler.
Le contenu et la relation sont entremêlés ; souvent on s’attache au contenu dans nos désaccords. Ils doivent être réglés sur la relation.
La perception de soi. La confirmation de soi.
Au niveau de la relation, les individus ne communiquent pas sur des faits extérieurs.
Ils s’offrent mutuellement des définitions de cette relation, et donc d’eux même.
Communiquer c’est échanger des perceptions que chacun a, et les véhiculer à l’autre permet de les conforter, ou les infirmer.
Pourquoi communique-ton ? au delà de l’échange d’information pure, il s’agit d’établir une relation ; permettant d’extérioriser son intérieur, ses perceptions, pour les valider. Pour soi.
Comme l’indique Paul Watzlawick :
« l’homme a besoin de communiquer avec autrui pour parvenir à la conscience de soi-même.
Les recherches sur la privation sensorielle, montrant l’incapacité où est l’homme de préserver sa stabilité affective lors de périodes prolongées de communication avec lui-même, fournissent une vérification expérimentale de plus en plus solide à cette hypothèse intuitive ».
Communiquer, c’est confirmer sa conscience.
Ainsi, les désaccords et problèmes de communication résident souvent dans le parasitage de ce mécanisme, lorsque cet échange mutuel de partage de soi ne peut avoir lieu.
Il a lieu dans les deux cas suivants :
1. le rejet :
l’Autre rejette ce que je dis, et il rejette donc moi-même..
Cela est fâcheux, et on comprend pourquoi, car subir une opposition signifie qu’on rejette sa perception des choses, pourtant légitime, puisque propre à soi.
Chacun a pourtant sa propre perception des choses :
Prenons l’exemple de la photo de la bouteille Perrier.
A la question : que voyez-vous ?
Certains mentionneront la qualité gazeuse de la boisson ; certains de son caractère rafraichissant.
D’autres encore y verront une allusion sexuelle de la photographie.
Ils auront déjà interprété le caractère subversif de la photographie et non plus la bouteille d’eau en soi.
Chacun voit donc différemment, et tout le monde a raison.
En ce sens, dans une discussion, il n’est pas possible de dire « je ne suis pas d’accord ».
Car c’est un rejet de l’autre, conformément à ce qu’on vient d’exposer plus haut.
« Vous avez raison« , est la seule formule possible dans une discussion.
Et ensuite à être nuancée, par un échange de sa propre perception ; jusqu’à aboutir à un consensus, une entente. Quitte à utiliser la méta-communication pour indiquer que sa perception n’est pas du tout la même.
Il est évident que dire « vous avez raison » à tout bout de champs ne doit pas être une stratégie de communication.
Pour donner l’impression à l’autre qu’il a raison ; et ensuite embrayer sur des propos contradictoires.
La vertu ici est d’être en empathie ; à la place de l’Autre. Pour mieux le comprendre tout simplement.
2. le déni :
Le déni est l’indifférence totale par rapport à ce que je dis, ou j’exprime.
C’est une forme importante dans les problèmes de psychothérapie.
« Aucun châtiment plus diabolique ne saurait être imagine, s’il était physiquement possible, que d’être lâché dans la société et de demeurer totalement inaperçu de tous les membres qui la composent« . [ Paul Watzlawick ]
Le rejet équivaut à : « vous avez tort ». le déni, lui, dit : « vous n’existez pas ».
Dans les relations professionnelles, il est courant qu’un supérieur ne daigne saluer ses employés.
Objectivement, cela peut être dû à son inattention. Le contenu de cet oubli est sans conséquence.
Mais comme il n’est pas possible de communiquer, la valeur du message renvoyé à ses collaborateurs est terrible.
Au niveau de la relation, elle est perçue comme un déni de l’Autre.
Ces erreurs sont les plus flagrantes et destructrices dans les relations.
L’exemple du déni, ou sortir du placard.
Le sujet de l’homosexualité est un exemple moderne du déni dans la communication, notamment familiale.
L’homosexualité s’est normalisée dans la société ; c’est à dire qu’elle est tolérée ou gentiement acceptée [ souvenons qu’avant 1982, il s’agissait encore d’une infraction pénale au bon ordre public ].
Cependant, dans la sphère familiale, elle est encore souvent mal vécue par l’entourage, et les parents. Souvent les parents ont conscience de la sexualité de leur enfant, mais n’en parlent pas. Font semblant de ne pas comprendre. On tombe ici dans le pur déni du sujet homosexuel.
Ce n’est pas un rejet, mais un déni de l’identité de son enfant.
Ainsi, de manière vertueuse, certains homosexuels pratiquent le « coming out« .
Le « coming out » ( sortir du placard ) est un acte formel ( par une déclaration, une lettre ) qui permet de dire : « j’existe, et voilà ce que je suis ( j’aime les garçons/les filles ».
Séparer Contenu et Relation : « Si tu m’aimais vraiment, tu aimerais l’ail ».
Comme on l’a vu, séparer les deux niveaux de communication ( contenu et relation ) est une nécessité, pour une bonne communication.
La formule « si tu m’aimais vraiment, tu aimerais l’ail » est terrible.
Chacun y trouvera un équivalent dans sa vie quotidienne.
Car elle oblige le locuteur à ne pouvoir refuser ( je n’aime pas l’ail – fait objectif, déclaration d’un contenu ) ce qu’on me dit, parce qu’effectivement, j’aime celui qui me prononce cette phrase dangereuse ( déclaration sur la relation ).
Mélanger les deux niveaux nous réduit à accepter ce qu’on n’accepte pas. Le gout fort de l’ail…
Eléments complémentaires relation / contenu :
De manière formelle, il n’est pas possible de mélanger les déclarations sur les choses et les déclarations sur les relations.
Intégrer des hiérarchies de relation entre groupes d’éléments différents amène une contradiction ontologique, mathématique.
C’est l’exemple du fameux précepte crétois :
Le crétois dit « Tous les crétois sont des menteurs ». Si le crétois dit vrai, c’est qu’il ment, et donc les crétois ne sont pas tous menteurs. S’il dit faux, c’est qu’ils ne sont pas menteurs, et donc ; il a raison … le serpent se mord la queue.
Derrière cette contradiction, on mélange des hiérarchies formelles.
Le théorème de Godel a démontré ces contradictions d’un point de vue mathématique.
Bertrand Russel a tenté de solutionner ce problème.
Alan Turing a illustré ce non-sens au niveau des machines, et des ordinateurs.
La conclusion de Bertrand Russel est radicale : ne pas mélanger ces niveaux d’abstraction.
Et dans notre quotidien, le bon sens doit nous pousser à éviter ce piège du « goûte ma soupe si tu m’aimes… ».
En savoir plus !
On retrouvera une synthèse des 5 axiomes de communication de Paul Watzlawick.
Paul watzlawick s’est intéressé à d’autres problèmes de communication, celui sur l’impossibilité de ne pas communiquer.
Les paradoxes sur les inter-relations à niveau différent nous amènent à réfléchir sur la faille de notre cerveau, de nos machines, de l’intelligence.
On lira un article transverse sur l’art, musique et dessin, et les mathématiques. Godel, Escher et bach .
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