Mythe de l’usage des nouvelles technologies et innovation

En quoi les nouvelles technologies et les nouveaux réseaux sociaux sont différents des technologies qui ont bercé le XIX ou XXeme siècle ? Pas grand chose. Pourquoi la génération Y devient le moteur de la légitimité de ce qu’on voit passer dans nos nouveaux usages de la technologie ?

Les nouvelles technologies, comme un exemple de la médiologie.

La pensée humaine et la communication entre hommes  ont longtemps été considérés comme l’accouchement du « logos »,  comme un absolu de la raison.

Elles découlent de la pensée antique, des grecs, de Platon ; de socrate.

La médiologie, qui s’est penchée sur les conditions de la transmission de cette pensée a mis en évidence le média, la technique, et maintenant la technologie. Le concept de médiologie a été inventée par Régis Debray.

La technique structure nos modes de pensée, et la pensée humaine.

L’écriture par exemple a permis de coucher une réflexion sur laquelle il était possible de revenir, de raturer, et de structurer. La bicyclette, le mouvement, les moyens de transport ont pu largement diffuser la connaissance, et la pensée humaine. Et de permettre à cette pensée humaine d’élargir son horizon. Découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux modes de pensée.

Aujourd’hui les nouvelles technologies, en tant que média technique, sont donc aussi structurantes dans nos modes de pensée. La technique influence autant la pensée, que la pensée détermine la technique. La pensée humaine, par la science des ondes radios a permis l’invention de la télévision. Et la télévision a influé nos modes de pensée et de perception de la réalité.

En ce sens, il est à réfléchir sur la notion sacro sainte de « l’usage ».

L’usage, concept phare des nouvelles technologies.

L’usage est un terme largement utilisé par le marketing des entreprises, ou la « sphère » ATAWAD : les nouvelles technologies, véhiculées par la génération Y, sont largement décidées par la vie ou la mort des « usagers »‘ .

Comme au temps des gladiateurs où du pouce on décidait de la mort ou de la vie du glatiateur.

L’usage, c’est à dire la capacité des hommes à maitriser et accepter la technique. Si google fonctionne, c’est que les hommes ( les internautes ) ont trouvé cette technique intéressante et utile. A contrario, beaucoup de produits n’ont pas trouvé de réussite [ échec de l’innovation ]. Dans la seule année 1995, par exemple,  Sony a produit cinq mille produits nouveaux. La plupart ont disparu très vite.

Mythe de l’usage. L’usage est d’abord un des vecteurs de l’innovation.

Le mythe de l’usage ( au sens de la génération Y et de l’ATAWAD ) est de postuler que c’est cette nouvelle génération, par ses comportements qui décident.

Ce mythe est influencé par un monde libéral, et capitalistique.

Ses principes sont de laisser la place à la liberté. A laisser le marché s’exprimer et décider.

D’un point de vue économique, mais aussi humain. Si Facebook, Google, Twitter, l’i pad ou l’i phone « marchent », c’est bien les hommes qui le décident, au fond. C’est la notion d’usage, concept clé de l’atawad, et des nouvelles technologies. Un libéralisme dans le monde des nouvelles technologies.

Ce mythe est un leurre, puisque la réussite ou l’échec d’une nouvelle application relève plutôt de l’innovation.

Le manuel d’Oslo ( promu par l’OCDE ) indique clairement : « On entend par innovation technologique de produit la mise au point/commercialisation d’un produit plus performant dans le but de fournir au consommateur des services objectivement nouveaux ou améliorés. Par innovation technologique de procédé, on entend la mise au point/adoption de méthodes de production ou de distribution nouvelles ou notablement améliorées. Elle peut faire intervenir des changements affectant – séparément ou simultanément – les matériels, les ressources humaines ou les méthodes de travail« .

L’innovation est distincte de la découverte, ou de l’invention. L’innovation permet de réussir à transformer l’invention, en innovation, c’est à dire dans une application concrète utile à tous.  [ voir la définition de wikipedia :  » L’innovation est un changement dans le processus de pensée visant à exécuter une action. Elle se distingue d’une invention ou d’une découverte dans la mesure où elle s’inscrit dans une perspective applicative « ].

En ce sens, les nouvelles technologies répondent aux principes classiques de l’innovation. Et de ce postulat, elles répondent aussi à ce qui  aboutit à la réalité d’une application. L’importance d’appropriation par les usagers et les nouvelles générations est seulement une des composantes. L’usage est une donnée de l’innovation, pas la seule.

Il faut  intégrer plus largement :

le principe de volonté et d’étatisme : les grandes innovations sont nées de circonstances plus structurantes que le simple « usage » :

l »appareil militaire par exemple. Il est à l’origine d’Internet ( Arpanet ). Face à la peur des Etats Unis, pendant la guerre froide, que les soviétiques pouvaient détruire les infrastructures américaines par missile, l’idée d’avoir un système décentralisé de communication a germé.

L’ordinateur est né quant à lui des recherches de Turing sur le décryptage de la machine Enigma allemande, pendant la seconde guerre mondiale.

le principe de réalité économique :

Les innovations sont soumises à un processus d’industrialisation, lorsque l’idée d’une application est née. La bulle internet des années 2000 a éclaté, car ces innovations se sont heurtées à une réalité économique. A contratio, la réussite du Minitel, en France, a bénéficié d’un vrai modèle économique : la limitation de la diffusion des annuaires papiers téléphoniques, et un modèle de facturation à la minute de services.

Les usages sont parfois liés aux modèles économiques. On  remarquera, par exemple, que le service proposé par Google de proposer les résultats de recherche « en temps réel », a disparu en juillet 2011. Car google, qui avait passé un accord commercial avec Twitter [ jusqu’à payer plusieurs centaines de millions de dollars pour accéder aux messages en temps réel de Twitter ] n’a pas prolonger ce contrat entre les 2 entreprises. Ce qui signifie que le service  proposé est purement économique, et fait fi de l’usage du sacro saint internaute.

le principe de sérendipité :

C’est la rencontre d’une application et de son public qui permet la concrétisation de l’innovation et de l’usage. Par le fruit de hasards, de détournement de l’idée originelle. Etre là au bon moment.

Il s’agit de la sérendipité  : cette notion désigne les découvertes innatendues, fruits d’hasard et de l’intelligence.

Twitter par exemple n’a pas été conçu comme un moyen démocratique de défense des droits de l’homme. Pourtant, Twitter a été un vecteur important des manifestations iraniennes de 2009. Une innovation qui dépasse sa génèse.

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