
On pensait que la nouvelles génération lâcherait le stylo pour liker sur Instagram. Et pourtant, écrire ses réflexions sur ce qu’on appelait le journal intime perdure : focus sur le Journaling…
Petite définition du journaling
Le journal intime peut paraître d’un autre âge. Surtout réservé aux jeunes filles. Derrière ce préjugé, le journaling dépoussière la pratique du journal intime.
Qu’est-ce que le journaling ?
« Journaling » est l’apposition du mot « journal » et « ing », qui détermine une action.
C’est rendre actif, tangible le fait d’écrire son inner-Life.
Le Journaling peut être une écriture journalière de ses pensées, ou régulière.
Un carnet de voyage par exemple. C’est ce que l’on voit souvent le long du chemin de compostelle où quelque adolescente écrit son périple.
C’est aussi le Journaling pendant les grandes guerres mondiales. Où l’on le soldat écrit l’absurdité et l’horreur de la guerre. ( A lire ici : écrire sous les bombes )
Il peut s’agir de lettres conservées, que l’on n’a pas envoyée. Et que l’on a gardé pour soi. Ici mon carnet de bord à 17 ans, en 1989 : ( J’avais 17 ans en 1989, carnet de bord )
Concernant les lettres, cela peut être un rituel d’écrire à son anniversaire ou à la nouvelle année une lettre d’encouragement, de rétrospective.
Moins introspectif, le Journaling peut être aussi le support de création, par des dessins.
Il peut être aussi le bloc notes de choses qu’on a aimé et que l’on veut conserver.
Du collage d’articles de magazine, des tickets de cinéma, des photographies.
Peu importe ce qu’on écrit, le Journaling est l’expression de soi, sans presque aucun filtre.
Les bénéfices du journaling

Le Journaling permet de mettre de côté les pensées négatives.
Certains lui donnent une vertu de thérapie. D’abord lâcher ses mots comme on vomit son mal être.
C’est aussi le moyen de relire et de revivre au contraire de belles émotions.
Le geste d’écriture et la reliure à soi.
L’écriture permet de se souvenir en alliant le geste à la pensée.
Physiquement, et corporellement, en utilisant ses doigts, sa main. Au delà de la pensée, le fait de bouger son corps, vivre les émotions en écrivant, le cerveau inscrit le souvenir de manière plus ancrée. C’est ce qu’on appelle la cognition incarnée.
Le corps et l’esprit ne sont pas fondamentalement séparés, et le journaling allie le travail de l’écriture, physiquement et spirituellement.
Relier ses pensées, c’est relier son histoire et son Moi.
N’oubliez pas que de tous les moments que vous avez vécu, vous en oubliez la majorité !
Seuls quelques souvenirs, marquants restent ancrés dans votre mémoire. Mettre bout à bout les pensées du jour, ce n’est pas qu’écrire sur un journal intime, c’est écrire son histoire. Et la relier. La faire sens, lui donner une épaisseur.
Comme le souligne avec justesse Gabriel Garcia Marquez :
« C’est parce qu’on se la raconte que notre vie à la fois prend la forme d’une unité et devient nôtre : dans la façon de tisser les fils se joue notre liberté. Vivre, être libre, devenir soi. L’interprétation permanente du matériau de notre vie ».
L’effet jogging : le retour du journal intime

Commet tout usage humain, oublié, l’homme a une tendance à retrouver cet usage.
Et surtout, il remet au goût du jour un usage ancré.
Le journal intime a été un peu délaissé par l’arrivée des réseaux sociaux et des usages numériques.
Le temps disponible que le jeune adolescent avait pour lui, dans sa chambre, il était vampirisé par les jeux en ligne, les réseaux sociaux.
L’effet jogging : comme courir de nouveau sur un tapis roulant en salle de sport ( pratique qui était condamnée à disparaître, annoncée par les scientifiques avec l’arrivée de la voiture ), la pratique du journal intime résiste, et redevient moderne. Revisitée.
Et le journaling est revisité par le marketing.
Un cahier et un stylo à 1 euro 50 suffit pour nourrir son cahier de pensées. Et pour quelques mois.
Les entreprises d’édition proposent, elles, de nouveaux formats, de nouveaux livres vierges à cet usage beaucoup plus chers.
Mieux, pour aider à accoucher de ses réflexions, les éditeurs de Journaling proposent des questions à se poser. Qu’elle est la plus belle emotion ? As-tu des amis toxiques ?
De quoi inspirer et fidéliser les écrivains débutants…
Un format universel
Laisser trace de soi, beaucoup y pensent.
Petite différence avec le monde numérique :
L’univers numérique est le terrain idéal pour créer son propre blog ou son carnet virtuel. D’autre part, si l’on souhaite partager ses pensées, internet est le lieu mondialisé où tout se voit, se lit.
Le Journaling sur papier est lui intemporel.
Le format digital nécessite de l’énergie électrique, un appareil technologique. Qui dans une dizaine d’année peut devenir obsolète…. Le papier se conserve, s’il est bien protégé, pour des siècles. Ainsi on retrouve aujourd’hui encore des journaux intimes du 19eme siècle.
L’alternative au Journaling ? Pour ceux pour qui l’écriture est un frein, l’enregistrement vocal est aussi un moyen de libérer ses réflexions, mais par la parole. Le format peut ne pas supporter le temps, le support technique étant purement digital.
La mémoire du journaling
L’association pour l’auto-biographie ( APA ) est une organisation qui conserve les journaux intimes qu’on leur propose.
Il s’agit par exemple de journaux intimes retrouvés par une famille à un décès d’un proche. La famille ne souhaite pas forcément relire l’histoire intime du defunt.
Des vieux secrets de famille pourraient ressortir.
Et surtout par définition le journal est intime.
De fait, le conserver à l’organisation APA est une manière de conserver la mémoire du défunt, et de laisser une trace mémorielle. Certains journaux ne sont pas ouverts avant dix voire 20 ans.
Le journal intime est aussi historique et il est un marqueur de notre vie humaine, au fil des décennies. Certains historiens accèdent à cette librairie de journaux autobiographiques. Pour les sociologues ou historiens, il est ainsi possible de mieux comprendre la vie de nos citoyens, à différentes époques.
La beauté du journaling
Le Journaling est une pratique touchante.
Souvent, on ne dévoile pas qu’on s’adonne au Journaling. Objet inexistant , sauf pour celui qui l’écrit. Qui a une des plus grandes valeurs pour soi. Cela ne s’achète pas.
Et comme une extension de soi, de son esprit, le Journaling est tout simplement l’ancrage de soi dans le monde. Dans ce beau navire qu’est notre grande humanité.

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