Inclure l’écriture inclusive ?

L’écriture inclusive ?

Depuis quelques années, les mouvements féministes suggèrent de changer la langue Française. Notre langue serait machiste. Le mouvement, légitime, dénonce l’inégalité des femmes dans un monde masculin.

Et a inventé l’écriture inclusive. Bonne ou mauvaise idée ?

L’écriture inclusive pour changer la perception du monde.

Si le monde aujourd’hui ne laisse pas la place comme il devrait aus femmes, une des raisons est la structuration de notre monde, par le langage masculinisé.

Et de mettre le féminin de côté. De là, on propose de rendre tout notre langage, nos écrits « neutres », sans genre. Ce qui permettrait de changer la façon dont on représente le monde, par les mots. Toujours focalisé sur le masculin.

Le langage est vivant.

Il est un peu naïf de croire qu’on puisse décréter un changement de notre monde grammatical.

Oui, le langage, les écrits ont un pouvoir de représentation de notre monde. structurent notre monde. Mais ce ne sont pas les mots qui décrivent le monde. Les mots qu’on emploie tous les jours, certains sont oubliés, disparaissent. Il représentent notre monde tel qu’il est.

C’est une conséquence de notre vision du monde. Et non l’inverse.

Imposer un nouveau schéma est une utopie. Et comme les utopies, elles sont vouées à l’échec. On n’impose pas le vivant. La novlangue stérilise.

Osons plutôt les écrits purement féminins, pour sublimer. Plutôt qu’un « entre-deux » fait de juxtaposition du masculin-féminin, opposé.

La pensée est faite de symboles neutres.

L’écriture, le langage, la pensée sont une construction de signes, de symboles. La lettre devient mot. Et le mot devient phrase.

L’apprentissage du cerveau est de placer ces signes signifiants dans des balises, des concepts. Permettant la lecture aisée, fluide.

Lorsqu’on lit, on n’épèle pas chaque lettre pour comprendre le mot. C’est une image que le cerveau a intégré depuis l’apprentissage de l’enfant. Et transmis depuis des siècles. Derrière « AM.UR », le cerveau a déchiffré AMOUR en un millième de seconde.

De même « RE.PECT.R » évoque le mot RESPECTER.

Vouloir changer « Etudiant » en « Etudiant.es » brise la lecture.

Perturbe le cerveau. Comme un bug.

Dysfonctionne le cerveau et sa fonction de base. Pire, l’écriture inclusive rend la lecture compliquée, rend l’écriture compliquée. Dans une époque où le « lire » ou « écrire » disparaissent.. Mettant de côté aussi les dysléxiques ou les personnes en difficulté de maîtriser les mots.

Les raisons de refuser l’écriture inclusive sont nombreuses.

A lire ici pour en savoir plus mon petit billet « Contre l’écriture inclusive« .

L’alternative à l’écriture inclusive.

Alain Damasio, grand auteur de science fiction, a une trouvaille intéressante. Qu’il déploie dans son essai « Vallée du Silicium« .

Pour montrer qu’il respecte la condition féminine ( les « anti-écriture-inclusive » sont pointés du doigt comme contre la condition féminine .. ), il alterne dans ses écrits des paragraphes exclusivement au féminin, et des paragraphes exclusivement écrits au masculin.

Dans un chapitre « Les lanceuses d’alerte ».. Dans l’autre, « les lanceurs d’alerte ». Plutôt que « Les lanceurs.es » d’alerte ».

A écouter ici ; Quand Alain Damasio se sert de l’écriture inclusive comme innovation« .

Voici une note intéressante sur la féminisation des pluriels :

J’aurais pu écrire le titre de ce billet «  réconcilier l’écriture(ure) pour ne pas biaiser l’origine du concept de l’écriture au féminin ( la littérature, un truc pour femmes ).

Mais la lecture aurait été difficile, pour vous lecteur.trice.

Le cerveau pour lire prend les lettres pour en faire des images, que le cerveau intégré comme des mots balisés.

La déconstruction de l’apprentissage millénaire

Avec quelque raison, notre époque porte le combat politique au cœur de la grammaire française, pour tenter d’en défaire la domination indue du masculin. Du point médian qui hache la lecture à la concaté- nation du type «auteurice» qui alourdit les mots, les procédés de l’écriture inclusive se multiplient, tous discutables et discutés.

Ici comme souvent, c’est la fluidité, qualité princeps de l’écriture, qui fait défaut. Comme si la tension naturelle de la langue, qui privilégie concision, liqui- dité et euphonie était le point aveugle de ces méri- toires tentatives d’amélioration.

L’élégance élémentaire appelle plutôt les épicènes et l’alternance, notamment, du féminin et du masculin dans les énumérations.

Je propose pour cet ouvrage une solution simple et percutante que je fais alterner une chronique sur deux: c’est la féminisation assumée des pluriels neutres.

Mon espoir est que la gymnastique mentale consis- tant à se souvenir que, derrière les Européennes, il existe bien entendu aussi des Européens (hommes), fasse pendant aux quatre siecles où c’est le masculin pluriel qui valait «aussi» pour un féminin exfoli ou caché derrière, en tout cas subsumé.

Subsumer en miroir le masculin fait ressentir, il me semble, ce que ça fait d’être implicite, et donc non exprimé dans un texte. Ce que ça change (ou pas de notre perception de l’équilibre des genres. Comme vous l’éprouverez sûrement, ce modeste retournement produit un trouble réel, que je trouve stimulant. sinon salutaire.

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