Contrôlez vous vraiment vos données personnelles ?

Le respect de la vie privée est une valeur fondamentale.

En 1948, la déclaration universelle des droits de l’homme est inscrite aux Nations Unies.

Après la terrible secousse de la seconde guerre mondiale.

Souvenons que nous que le traçage des juifs, homosexuels et syndicalistes a été fatal.

Brulés dans des chambres à gaz.

La loi qui inscrit la vie privée comme fondamentale n’est donc pas anecdotique.

Avec l’arrivée du numérique et de vos usages, vous en pensez-quoi ?

Temps de lecture : 5′

Je vous propose 3 lectures rapides autour du sujet., après un rappel qui ne fait pas de mal sur la vie privée et vos droits !

Et de réfléchir : Google, facebook, Twitter vous donnent le contrôle de vos données .

Mythe ou réalité ?

  • l’astro surfing ou comment faire semblant de vous respecter
  • Le paradoxe du choix : vous pensez contrôler mais vous êtes noyés …
  • le nudge positif : comment conjuguer respect des citoyens ?

 

La déclaration universelle de 1948.

Petit rappel !

Article 12 : « toute personne ne doit être soumis à des ingérences sur sa vie privée, familiale, ou correspondances.

Chacun a le droit de la protection contre ces ingérences. »

 

Depuis les usages numériques sont arrivés.

Et prendre le contrôle de sa vie privée et maintenant numérique à l’air simple…

En Europe , une loi ( RGPD ) tout simplement vous le permet. Qui insuffle d’autres pays, comme au Brésil, par exemple . ( LGPD ).

La loi Européenne oblige aussi les Gafas ( google, facebook, amazon … ) à respecter la vie privée de tout citoyen Européen,  car si les usages sont américains, ils concernent les Européens que nous sommes…

Devant cette belle loi européenne qui nous protège, les géants américains ont trouvé une parade.

Et comment gérez vous votre vie privée sur les réseaux sociaux et le numérique ?

Vous avez à disposition quelques outils.

Par exemple, Facebook et Twitter revendiquent qu’ils vous laissent le contrôle de vos données.

Et leurs interfaces ont l’air de le laisser supposer…

Mais est-ce bien vrai ?

 

Le semblant je vous respecte.

Ne soyez pas dupe, les géants du net aux États Unis ne vous ont jamais demandé de payer pour leur service.

Vous êtes le produit et c’est la publicité qui nourrit leur modèle économique.

Et la connaissance précise de qui vous êtes engendre des propositions de publicités intéressantes.

Alors vos datas, c’est de l’or.

Aussi, conjuguer cette activité avec une réglementation qui nécessite la transparence et le respect de votre vie privée est un exercice compliqué.

D’autant que depuis l’arrivée du RGPD en Europe qui concernent les entreprises qui traient de la donne européen, le sujet devient légal.

Les gafas sont imaginatifs.

 

Ils ont bien noté qu’il fallait prendre le sujet.

Quitte à faire semblant…

 

L’astro surfing est un concept :

Il est né des pelouses synthétiques qui faisaient croire que c’était de la vraie pelouse.

Le parallèle avec les gafas quant à votre vie privée est là :

Ok vous fait croire que l’on respecte vos droits.

Aussi, vous avez accès à votre Dashboard de confidentialité.

Et vous semblez en « total » contrôle.

Et même à trouver cela sympa que ces géants américains vous ont donné le pouvoir et la transparence sur vos données.

Sauf que …

On oublie cependant de vous indiquer que vos données sont régulièrement volées et utilisées par d’autres sociétés tierces.

 

2 Exemples !

  • Exemple 1

Vous avez beau avoir le contrôle de vos données, le scandale « Cambridge analotuca » a montré que facebook ne maîtrisait pas l’usage des données.

Et toutes semaines de nouveaux scandales alimentent ce fait : vous avez beau maîtriser par votre Dashboard de privacy, facebook ne les maîtrise pas.

 

  • Exemple 2 :

La nouvelle version d’Apple IOS 14 obligera à donner de la transparence et exiger votre consentement avant tout partage de vos données.

 

Bizarre : facebook pour une entreprise qui vous donne accès et liberté de choisir ce qu’on veut faire de vos données s’affole et annonce une catastrophe pour la publicité.

Alors quoi normalement c’est juste respectueux de l’internaute. Qui doit maîtriser. Et qu’il peut maîtriser dans le module confidentialité de l’application …

A lire ici : Facebook adore la privacy, mais pas content de ne plus pouvoir utiliser les données de ses clients.

En proposant son centre de contrôle total pour l’utilisateur, il est surprenant que facebook s’alarme de l’utilisation de vos données qui ne pourraient plus être utilisées par leurs partenaires…

Je ne suis pas surpris…

A la vue des publicités que je vois sur mon compte facebook, qui semble bien comprendre ma vie privée, facebook m’indique que je suis passionné par les radis…

Quelques centres d’intérêts captés mais qui ne sont pas en adéquation au matraquage publicitaire que je reçois.

on lira ici : facebook et le radis que j’adore, ma passion !

 

Le paradoxe du choix : « the more is less »

Les géants du web vous laissent le contrôle total de vos données.

Et effectivement par exemple sur Facebook, j’ai accès à ce sujet.

Avec 30 menus qui vous expliquent, et tentent de vous expliquer ce qu’on fait de vos données.

Etant « privacy » friendly, moi même je suis perdu…

C’est la stratégie de ces sites :

  • on vous donne l’impression de contrôler.
  • vous ne pouvez contrôler : c’est long, compliqué. Et contraire à l’esprit de la réglementation européenne sur la protection des données : être transparent, de manière simple, facile, accessible.

Le paradoxe du choix.

Un peu de théorie !

Le psychologue Barry Schwartz a théorisé le paradoxe du choix.

Choisir ce qu’on veut ou pas de ses données. ( thé paradoxe of choice ,2004)

 

Choisir et pouvoir choisir est le graal de la démocratie. La liberté.

Barry Schwartz nuance un peu ce paradigme.

Avec le formule simple chère aux américains mais limpide : « the more is less ».

Trop de choix tue le choix et peut dérouter.

Et être contre productif.

Et laisser l’illusion de liberté et de choix, qui n’en sont pas .

Indépendamment de la privacy, Barry prend l’exemple simple d’une entreprise qui laisse le choix, très transparent et démocratique à ses employés :

Choisir son régime de retraite.

Avec différentes options. Et 20 options qui laissent le choix, la liberté. Tout est possible le !

A chacun de choisir parmi les différentes options..

Le sujet est beaucoup plus important que de choisir si on veut recevoir des publicités personnalisées de facebook ou Twitter.

Et pourtant même sur un sujet aussi important pour sa vie personnelle, peu de salariés ont répondu.

Car ils étaient noyés dans le choix à faire.

Au final, peu ont répondu sur leur choix, pourtant crucial quant à leurs choix personnels.

Le parallèle quant au contrôle de toutes les options de communication et de nos usages numériques est le même.

On a la sensation de liberté.

Car on nous offre la possibilité de choisir.

C’est ce parallèle que Helen Nossebaum , professeure des sciences de l’information a Corneil Tech indique :

Ce qu’elle appelle la farce du consentement qui maintiendrait les utilisateurs dans une fausse impression de contrôle.

 

Et Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la Commission Nationale Informatique et Libertés, en France ( CNIL ) :

La fetichisation du contrôle est une faiblesse majeure. Certaines entreprises vont obstensiblement donner à tous les utilisateurs toutes les options de parametrage afin de pouvoir ensuite revendiquer que le design de leur interface est privacy and user friendly, l’amoncellement de choix peut nous submerger et nous distraire ( de l’essentiel ), le choix devient alors une illusion de l’empoWerment et se mue au contraire en fardeau.

 

Woodrow hatzog critique ainsi l’attention excessive portée à la manufacture du consentement reprise par les plateformes dont les gafams pour qui tous les pro mêmes de protection pourraient être résolus en donnant plus de contrôle aux utilisateurs.

Alors que le contrôle réel ne croit pas en proportion de la multiplication des choix possibles.

A ce titre, le fait d’user et d’abuser de stratégie de détournement de l’attention ou fakes patterns peut aboutir à rendre le consentement non valide.

Donc, avec cette lecture, allez voir votre dashboard de confidentialité.

Sur facebook par exemple, vous avez le choix de 30 entrées / menus qui vont vous expliquer la data privacy.

On en revient au paradoxe du choix.

Un autre exemple, dans le monde du digital :

Les bannières de cookies dont vous êtes habitués sont un peu paradoxales.

Où on vous cache tout et vous seriez surpris en acceptant du nombre de partenaires qui vous pisteront…

Ou vous avez en toute transparence le choix de dire oui ou non à 50 partenaire si vous acceptez qu’ils vous tracent ..

Quel choix ?

 

Le nudge positif.

Le nudge est le petit coup de pouce pour vous aider à choisir.

Par principe il part d’une bonne intention !

L’exemple classique du nudge est à la cantine de mettre en avant les m’ats plutôt sains que les sucreries.

A contrario des supermarchés qui mettent à hauteur de l’enfant sans les rayons les sucreries.

Ainsi, l’entreprise citoyenne peut promouvoir les bonnes intentions en aidant à faire le choix sur sa maîtrise de ses données.

Non en proposant de moultes paramètres, d’indications parfois contradictoires sur l’image de vos données.

Mais en faisant simple.

Pour une entreprise citoyenne, donner l’exhaustivité des choix et perdre son client dans les méandres des paramètres est un peu contraire à l’esprit du règlement européen qui prône la facilité, la transparence, l’accessibilité.

Pour une entreprise responsable, c’est de se concentrer sur quelques points clefs.

Isabelle Falque-Pierrotin, de la CNIL nous éclaire !

« plutôt que d’être défaitiste en remettant la notion même de consentement et d’invoquer l’incapacité pour les individus à agir en pleine conscience des enjeux posés par la collecte de leurs données, il conviendrait de s’intéresser à la manière dont les acteurs pourraient se saisir des solutions offertes par le design, afin de, non plus cacher, obfusquer ou soustraire, mais plutôt de mettre en lumière et accompagner positivement les utilisateurs dans la compréhension des services numériques ».

A suivre, prenez soin de votre privacy !

 

 

 

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