Nous changeons de civilisation. Bonne nouvelle ?

Bonne nouvelle, dans l’histoire de l’humanité, les changements de civilisation arrivent tous les 500 ans.

Et 2015-2020 est le nouveau point de changement de notre civilisation. Un nouveau paradigme arrive, laissant le précédent ( la modernité ) disparaître.

C’est une bifurcation civilisationnelle. A dévorer cet article sur ce sujet, qui m’a bouleversé !

Temps de lecture : 20′

Un changement de civilisation ?

Marc Halévy est physicien et philosophe français né à Bruxelles. Il a travaillé avec le prix de Nobel de physique, Ilya Prigogine, prix Nobel 1977,

Il donne une vision intéressante de notre monde.

J’ai eu la chance de participer à une conférence, à Roubaix, dans le cadre d’une journée « future for the retail », organisée par Adeo, Leroy Merlin, Auchan & Décathlon.

Ecouter Marc Halevy est un bonheur et jouissif. Vous trouverez à la fin de ce billet l’intégralité de ses conférences.

Marc Halévy avec son petit accent et son petit humour sait pointer les vrais sujets.

Comme je l’ai écrit plus haut, nous sommes en ce moment dans un changement de civilisation. Que Marc Halévy nomme « bifurcation ».

Pour illustrer ce terme, de changement radical, il fait référence dans notre vie personnelle au monde d’avant et après qui sont radicalement différents, lorsqu’on devient parent. Avec humour. Avant d’être parent est totalement différent de l’après, lorsqu’on a une progéniture.

Il y a la vie avant et la vie après.

Les changements cycliques de nos civilisations.

Marc Halévy explique avec un aspect scientifique pourquoi nous changeons en ce moment de façon si radicale.

Il se base sur le travail des physiciens et historiens qui ont défini des constantes dans l’humanité depuis qu’elle existe. Des cycles de 500 ans.

Et explique « Qu’est-ce qui nous arrive ?« .

La position de Marc Halévy n’est pas de subir. Cette zone de grande turbulence a un sens, elle veut dire quelque chose. Et elle peut être comprise.

Les cycles exposés par Marc Halevy sont les suivants :

  • la sagesse au temps de l’antiquité grecque : la disparition de cette civilisation est celle de l’invasion des cités grecques ( -150 avant JC ).
  • l’ordre : le paradigme de l’ordre par la civilisation romaine disparait avec la chute de l’empire romain ( + 380 a JC ).
  • la mutation féodale prend le relais jusque +920 après JC.
  • Le salut avec la renaissance jusque + 1450.
  • la dernière civilisation est celle de la modernité. Elle doit s’éteindre dans les années 2000.

On y est !

Dans ce croisement de deux paradigmes. Et dans cette zone de turbulence, qui doit durer 50 ans. Débuté en 1975, elle perdurera jusque 2025 environ.

Les 5 changements fondamentaux de notre civilisation.

Quel sont les 5 changements fondamentaux de notre monde actuel ?

Je vous propose de voir les 5 ruptures civilisationnelles que Marc Halevy a formalisé :

  • l’écologie : de l’abondance à la pénurie.
  • la technologie : de la technologie mécanique à la technologie numérique.
  • la sociologie : des modèles hiérarchiques à des modèles complexes.
  • L’économie : de l’économie de masse et du prix à une économie de la valeur et de l’intelligence.
  • l’éthologie : de « réussir dans la vie » à « réussir ma vie ».

Un nouveau paradigme arrive donc.

Il se confronte aux conflits de générations, évidemment, puisqu’on change de monde.

Les institutions politiques, étatiques tentent de maintenir l’ancien paradigme. Une courbe « rouge » en déclin.

Et c’est l’enjeu de notre vie ensemble.

Constater les ruptures de la courbe rouge, pour que le chemin de la courbe verte puisse amener du sens.

Première révolution : l’écologie.

« Un passage d’une logique d’abondance à une logique de pénurie.. »

Très simple et bon sens « paysan » comme le souligne Marc Halevy, c’est la ressource qui est nécessaire à nourrir notre monde humain.

La capacité d’offre doit être en corrélation avec la capacité de demande.

La demande en ressource dépend du monde à alimenter. Or la démographie a explosé exponentiellement.

Au moment de Jésus Christ, 100 millions d’humains.

6 milliards en 2000.

Nous serons 10 milliards en 2050.

Avec humour, Marc qui est mathématicien indique que ce n’est pas compliqué à comprendre…. : Une croissance folle.

L’économiste est plutôt content de voir la logique de croissance. des marchés potentiels…

Mais naïvement, a-t-on les ressources ?

La nature possède des ressources renouvelables, et non renouvelables.

L’ensemble des réservoirs de la terre, dont 80% a été consommé en 150 ans..

Une question se pose : les ressources renouvelables sont elles suffisantes ?

Le projet entrepris avec différentes universités, Marc conclut que les ressources renouvelables peuvent satisfaire les besoins de maximum 2 milliards d’humains.

La pénurie des ressources naturelles est déjà dans le passé.

Le jour de ressources exploités de la planète, publié tous les ans est autour du mois d’août.

Première rupture, donc :

la rupture écologique : on passe d’une logique d’abondance à une logique de pénurie.

Paradoxalement, cette pénurie n’est pas perçue par les consommateurs.

A cette pénurie, Marc propose la frugalité.

Faire moins mais mieux.

Quantativement moins, et qualitativement mieux.

Exemple en entreprise : travailler moins mais mieux.

Regarder dans son agenda de ne pas faire des choses qui n’ont aucune utilité.

Qu’on fait, par habitude. parce que les process nous le demande.

Communiquer moins mais mieux.

L’infobésité des mails, sms, qui ne servent à rien.

Comment faire pour communiquer moins mais mieux ?

exemple : supprimer la fonction « reply to all » dans les messageries…

Ces petits exemples sont des petites choses et du bricolage, mais :

Sérieusement, comment gérer ces problématiques ?

Face à la pénurie des ressources, se libérer de l’hyperconsommation pour s’accomplir dans la frugalité.

les terres rares sont les métaux rares, qui ont une faculté stratégique : ils sont utilisés pour les appareils électroniques sur la conductivité.

Ces terres rares sont en Chine.

C’est un problème qui devient économique, et militaire.

99% des guerres de demain sont celles de l’appropriation des terres rares.

Deuxième révolution : la technologie.

« D’un passage de la technologie mécanique à la technologie numérique.. »

Avec humour, Marc Halevy montre une photo d’Hilary Clinton, où on fait des selfies.

Le renversement des usages, des comportements. Tourner le dos à une des plus grandes dames des Etats-Unis pour prendre une photo, c’est pour les « anciens » d’un autre monde un manque de respect, de non-humanité : nous sommes faits pour se regarder, se sourir.

Et c’est Hillary Clinton qui demande à faire ces selfies. Car elle sait que cela fera du buzz.

La technologie change les choses. Manipulation, démocratie sont en marche.

Marc Halevy considère les 2 potentiels du numérique :

  • le numérique ludique (facebook, instagram ) : il ne sert à rien. on joue avec. cela ne crée cependant aucune valeur. Et c’est la vitrine américaine. Et Marc de montrer que si on faisait la même chose dans le monde physique qu’on fait sur facebook, on passerait pour un fou : donner des photos de sa famille, de ce qu’on a mangé… S’amuser est un possible. Mais le monde de demain, c’est quoi ?

 

  • le numérique qui sert. les choses sérieuses. L’arrivée des robots, et l’algorithmique.

La puissance du calcul permet de la précision. Grâce à la miniaturisation.

Cette sophistication permet aujourd’hui d’indiquer :

Dans les 20 ans, 40% des emplois humains seront assurés par les robots.

D’un côté, on peut libérer l’homme de la contrainte. les taches dangereuses.

D’un autre, que font les autres ? anticiper ?

Une impasse sociale est possible. L’école doit prendre en compte ces questions.

Les logiciels de l’intelligence artificielle n’existent pas.

Et Marc, physicien résume bien : les machines ne gèrent que du 1 et du 0.

la différence est la méthode algorithmique. Qui date de l’époque de 4500 ans.

C’est une méthode itérative qui reprend les résultats pour en refaire un calcul.

L’algorithmique vient d’ailleurs, en grec : algos : douloureux, pénible.

Donc devant la douleur du calcul, la machine permet de régler ces calculs.

On parlera plutôt de l’intelligence augmentée.

La technologie n’est jamais mauvaise. Elle est neutre. C’est la façon dont on utilise.

Derrière le big data, on utilise tous les mouvements, vos comportements sont scrutés.

On l’utilise certes pour le marketing, pas très grave. Mais demain de manière plus politique.

Les fake news vous manipulent. Et changer votre façon de réfléchir.

Le mauvais côté utilisé du numérique est la crétinisation des individus :

on calcule pour vous, vous n’avez plus de réflexion.

Un piège collossal à déjouer , en revenant sur le mot  » technologie critique ».

L’esprit critique. Cultiver l’intelligence :

Garder en tête : la technologie doit être à la disposition des hommes, et pas l’inverse.

Et réfléchir à nos usages, sur les téléphones portables qui nous mettent en esclave.

Soyez numérique de ce qu’on a besoin.

Le reste, reste en magasin…

3ème rupture : la sociologie. Organique.

« Du passage de modèles hiérarchiques à des modèles complexes… »

Dans un monde où nous sommes avec les autres, de plus en plus. comment agir ?

Où on est sollicité, où on veut une réponse immédiate,

l’entreprise doit être plus agile, répondante…

La question qui se pose, selon Marc, « est-ce qu’on est prêt à répondre ? »

Aujourd’hui, le monde est géré par le système pyramidal.

Dans les mathématiques, on voit que notre monde est une arborescence linéaire : le monde pyramidal.

Dans un optimum économique, moins on a de relation à entretenir ( avec le minimum de contact ), plus on est performant économiquement. le minimum de relation qui permet le maximum de résultat. C’est le modèle qui a prévalu.

Il n’est plus adapté aujourd’hui

Aujourd’hui, les mathématiciens considèrent ce modèle de « minimalisme » de contact est possible, si ce modèle est stable, prévisible et tranquille.

Donc, cela n’est plus possible. Vu que l’instabilité, l’imprévisibilité ont disrupté notre monde.

Au minimum, il faut oser le maximum.

Tout le monde doit se connecter, c’est à dire le réseau.

Le maximum d’intéractions.

C’est le nouveau modèle à intégrer. Pas facile à migrer vers ce modèle dans l’entreprise, par exemple.

Les résistances aux changements sont énormes. Mais pas le choix : partir dans les réseaux collaboratifs.

« Le changement est donc face à la complexification du monde, se libérer de la normalisation par les pyramides centralisées pour s’accomplir dans la réticularité organique par des émergences collaboratives ».

Les entreprises sont devenues des communautés et organiques.

4eme révolution : l’économie.

 » le passage d’une économie de masse et de prix à une économie de valeur et d’intelligence ».

Anecdote ! Se référant à Ronald Reagan, :

la seule justification de l’entreprise, c’est de donner des dividendes aux actionnaires.

Une abbhération.

Le modèle encore dominant est basé sur le modèle industriel qui a remplacé le modèle artisanal.

L’économie d »échelle. Diminuer les prix.

L’économie d’échelle demande d’augmenter la taille des entreprises. Le chiffre d’affaire ou le nombre de salarié est le motif de réussite.

Car la taille permet d’avoir une visibilité sur les marchés.

Pour pouvoir être grand, la technique est celle de vendre moins cher. La taille de l’entreprise permet la réduction des coûts. C’est le modèle de Ford. Et surtout standardiser pour faire baisser les prix.

Les économies d’échelle dans l’entreprise exige de baisser les coûts fixes, par une grande production.

Donc augmenter la capacité de production. Et utiliser la finance pour permettre d’investir.

Dans les années 1980, 1990, il y a un renversement : la production n’utilise plus la finance, c’est la finance qui prend le pouvoir. L’économie réelle est devenue au service de la finance.

Une absurdité totale.

Deuxième absurdité :

Le début des techniques de la baisse de la qualité.

Pour diminuer le prix, diminuer la qualité.

Marc se référence à Jean Pierre Koffe : « la mal bouffe ! »

On compare le prix d’achat et l’utilité du produit dans toute sa vie.

L’industrie s’intéresse au prix de ce qu’il vent.

Aujourd’hui, c’est la valeur de l’utilité qui prend valeur.

Acheter un tracteur doit intégrer toute la chaîne : l’utilité. L’entretien, le nombre d’heures où j’utiliserai le tracteur.

D’une valeur de propriété, on passe à la valeur de l’usage.

C’est le modèle de Blablacar, uber …

L’économie bascule de la propriété à la valeur d’utilité.

Voir l’utilisateur final; pas l’acheteur. car quelle est l’usage de l’utilisateur ?

Si je veux augmenter la valeur de ce que je propose, ce n’est plus la valeur marchande, mais l’utilité.

Et la valeur immatérielle.

Et quand on propose, comme l’artisan, la valeur immatérielle, elle n’a aucun prix.

C’est bien la chaîne de valeur qui est importante. Une valeur de propriété vers l’usage.

Comment faire ? Voir l’utilisateur final de mes produits de ce qu’il aime, comment les utiliser.

Ce ne sont plus des ressources matérielles, mais immatérielles.

L’économie d’échelle ( réduire le prix de revient ) n »a plus de sens.

Il n’y a plus d’effet d’échelle.

Comme l’indique avec humour Marc Halevy, ce n’est pas en multipliant par deux le salaire d’un ingénieur qu’il aura deux fois plus d’idées.

Les start-ups gagnent, car elles proposent une chaîne de valeur.

Elles ne visent pas le volume, mais l’utilité.

Et la virtuosité : faire du difficile. La virtuosité est cette capacité à faire des choses difficiles, que la plupart ne savent ou ne peuvent pas faire. C’est le travail de l’artisan, de l’artiste.

Et cela a une valeur. Et un prix.

D’ailleurs, Marc Halévy indique que des entrepreneurs dont on ne négocie pas le prix et qui ont un carnet de commande pleins, cela existe. Les compagnons du devoir.

On remarquera aussi qu’Apple ne négocie pas ses prix. C’est l’usage, la beauté esthétique de leurs produit qui prime dans le choix, la décision d’acheter.

Aujourd’hui le rabotage des marges économiques n’a plus lieu d’être.

La rupture est bien d’une économie d’échelle à une économie de valeur et d’intelligence.

 

5ème révolution. L’éthologie.

« Passage de l’extériorité – Réussir dans la vie au passage de l’intériorité – Réussir ma vie ».

Réussir quoi ?

C’est la question de « Pourquoi se lever le matin ? »

Quel moteur de vie ?

La révolution d’aujourd’hui, c’est ne pas réussir dans la vie, mais réussir sa vie. Ma vie.

Tout va bien. on change de critère.

Mais dans cette communauté, c’est de vivre ensemble. Retrouver le sens.

Ce que Marc appelle la spititualité.

Qui n’est pas religion, mais qu’est ce que la spiritualité ?

Tout ce qui peut donner, les méthodes qui permettent de donner sens et la valeur à ce qu’on est.

Maintenant :

Etre entre soi même et avoir raison ensemble, c’est facile.

C’est un peu le communautarisme.

Comment vivre avec tous ?

Pour les entreprises, le sens doit avoir lieu.

Avec les nouvelles générations Y, la question n’est pas ‘comment on doit faire ça », mais « pourquoi on doit faire ça » : donner du sens et de la valeur. C’est l’enjeu des entreprises à écrire la raison d’être de l’entreprise.

L’entreprise est au service de quoi ?

Concluons : un monde à enchanter.

En conclusion, nous sommes au milieu des courbes verte et rouge qui se croisent.

Nous y sommes.

Le renversement de toutes les valeurs..

A nous de trouver, d’insuffler, de réfléchir à ce monde.

L’énergie pour les 25 prochaines années !

Mettre les lunettes vertes. Savoir qu’on peut réinventer le monde.

C’est tous les 500 ans, et cela arrive maintenant !

Car les institutions qui marquent l’ancien paradigme ( de la modernité ) sont nées aux alentours de 1500, 1550.

Pour faire exister le dernier paradigme. Elles sont dans le déni, évidemment sur les 5 changements évoqués plus haut.

La courbe verte illustrée plus haut n’existe pas pour cet ancien monde.

La reprise, ce sont les décisions locales, reprendre la main, réinventer le monde.

Et c’est à nous, citoyens de prendre la baguette magique et de prendre les lunettes vertes !

Nous sommes passés devant un autre monde.

Et à nous de le réinventer.

Responsables, nous.

« Sorry for the inconvenience, we are trying to change the world ».

Voici la conférence sur laquelle j’ai pu résumer le sujet :

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Une réflexion au sujet de « Nous changeons de civilisation. Bonne nouvelle ? »

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