Bergson, la vie immédiate et trop connectée ?

Dans un monde où tout est immédiat, connecté, que reste-t-il de notre conscience ? De notre rapport au présent, aux événements.

Qu’ils soient digitaux ou pas, nous sommes aspirés par le monde, par ce qui nous entoure.

Le monde d’aujourd’hui où tout est instantané, que reste il de notre présent, notre spiritualité ?

Retour sur l’essentiel, et je vous invite un texte lumineux de Bergson sur le sujet.  [ La conscience et la vie , 1911 ].

Qui dit esprit dit, avant tout, conscience.

Mais, qu’est ce que la conscience ?

Vous pensez bien que je ne vais pas définir une chose aussi concrète, aussi constamment présente à l’expérience de chacun de nous.

Mais sans donner de la conscience une définition qui serait moins claire qu’elle, je puis la caractériser par son trait le plus apparent: conscience signifie d’abord mémoire. La mémoire peut manquer d’ampleur: elle peut n’embrasser qu’une faible partie du passé; elle peut ne tenir que ce qui vient d’arriver; mais la mémoire est là, ou bien alors la conscience n’y est pas.

Une conscience qui ne conserverait rien de son passé, qui s’oublierait sans cesse elle-même, périrait et renaîtrait à chaque instant :

comment définir autrement l’inconscience?

Quand Leibniz disait de la matière que c’est « un esprit instantané », ne le déclarait-il pas, bon gré, mal gré insensible? Toute conscience est donc mémoire, – conservation et accumulation du passé dans le présent.

Mais toute conscience est anticipation de l’avenir.

Considérez la direction de votre esprit à n’importe quel moment: vous trouverez qu’il s’occupe de ce qui est, mais en vue surtout de ce qui va être.

L’attention est une attente , et il n’y a pas de conscience sans une certaine attention à la vie.

L’avenir est la; il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui: cette traction ininterrompue , qui nous fait avancer sur la route du temps, est cause aussi que nous agissons continuellement. Toute action est un empiétement sur l’avenir. Retenir ce qui n’est déjà plus, anticiper sur ce qui n’est pas encore, voilà donc la première fonction de la conscience. Il n’y aurait pas pour elle de présent, si le présent se réduisait à l’instant mathématique.

Cet instant n’est que la limite , purement théorique, qui sépare le passé de l’avenir; il peut être à la rigueur conçu , il n’est jamais perçu; quand nous croyons le surprendre, il est déjà loin de nous.

Ce que nous percevons en fait, c’est une certaine épaisseur de durée qui se compose de deux parties : notre passé immédiat et notre avenir imminent. Sur ce passé nous sommes appuyés, sur notre avenir nous sommes penchés: s’appuyer et se pencher ainsi est le propre d’un être conscient.

Disons donc, si vous voulez, que la conscience est un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l’avenir

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