Le pot d’entreprise, c’est le moment sacré où on retrouve ses collègues autour de quelques chips, et d’un verre.
Même si l’alcool est interdit ou très réglementé en entreprise, c’est le petit air vaporisé qui détend l’atmosphère d’une vie d’entreprise un peu trop feutrée.
Les bonnes pratiques du pot, en entreprise, à déguster avec modération !
La belle excuse pour faire un pot.
Les pots en entreprise sont souvent à l’initiative des salariés pour fêter un événement personnel, qu’on souhaite partager avec ses collègues : la naissance d’un enfant, le départ en retraite.
De ce fait, le pot est presque normal, et obligatoire pour celui qui vient d’avoir un dernier né.
Le pot est bien un acte de partage, humain, et lorsqu’il est justifié par un bel événement justement « humain », il est naturel.
Il est fait de sourires, de joie, de larmes parfois. C’est un moment où on se pose.
Le cérémonial du pot, ou le théâtre de vie.
La communication en entreprise est souvent hiérarchisée. Chacun a un poste, et sait comment se comporter : avec ses collègues proches, le service des ressources humaines, la secrétaire, le patron, son chef…
Dans un pot, les masques tombent un peu, car la définition propre du pot est de partager « simplement », en toute franchise un élément qui rassemble tout le monde.
Bien sûr, on se méfiera toujours du patron qui est là, mais globalement, dans le lieu déstructuré du pot ( qui n’a pas lieu forcément dans son lieu de travail quotidien ), les frontières habituelles de l’entreprise se diluent. Surtout quand l’alcool aide un peu à inhiber ses comportements habituels.
Les relations se détendent. Et on remarquera que le petit chef hyper dominant se retrouve bien seul, et ne peut dominer cet instant.
Inversement, un collègue plutôt sympa va concentrer l’attention, qu’il n’a pas forcément dans son environnement normal.
Le pot est quelque part l’endroit le plus démocratique dans l’entreprise. Les hiérarchies tombent un peu. Et c’est pour cela qu’ils sont souvent bien maîtrisés, en amont.
La vie est un théâtre et le pot est une nouvelle scène de théâtre, où chacun va jouer un jeu ou pas.
C’est ce que Goffman, sociologue, a largement étudié dans « La présentation de soi« .
La communication s’inscrit dans un lieu, un contexte, un décor.
Ici, c’est le décor du « pot », une pièce où à coté de la table des chips et des boissons, chacun doit trouver son rôle.
Car effectivement, dans les pots, on croise souvent des gens qu’on ne connaît pas, ou peu. Qu’on voit dans des relations plus normées et hiérarchiques.
Dans ce contexte, il faut réinventer une communication avec l’autre.
Le pot demande de l’effort. Et c’est la raison pour laquelle certains finalement ne les aiment pas.
Il faut se rapprocher d’un collègue qu’on connait bien ; c’est plus facile.
Pourtant, dans ce moment de partage avec tout le monde, c’est une grande erreur : c’est le moment unique de nouer de nouvelles relations avec des collègues qu’on côtoie peu.
Le résultat est donc logique et naturel : les collègues d’un service se retrouvent ensemble, ignorant les autres.
La réussite d’un « pot d’entreprise » est de permettre l’échange justement avec ceux qu’on connait peu.
Dans une scène de théâtre, il faut donc un metteur en scène. Même s’il n’impose pas le scénario, il peut aider à mettre en situation le pot réussi : celui où chacun découvre l’autre.
L’ « impression management ».
Le moment de trinquer est aussi un moment de faire perdurer des relations avec ceux avec qui on a peu de contact.
C’est l’objet de la relation phatique du langage : c’est la conversation futile, mais ô combien nécessaire pour garder le contact avec l’autre.
L’objet du pot est propice à la discussion : échanger sur la naissance, sur la réussite de tel aspect du challenge commercial.
Peu importe ce qu’on dit : l’essentiel est d’être « keep in touch », de prolonger un lien fébrile avec son collègue.
Le prétexte du pot est le prétexte de l’échange verbal facilitant.
Au delà des mots, le pot d’entreprise est un moment de vie, où la communication analogique prend place, plutôt que la communication verbale traditionnelle.
On s’exprime avec son corps ( le verre qu’on trinque ), les rires, les sourires, les mouvements de tête.
Ce moment est primordial dans la vie de l’entreprise, car il imprime l’affect, les tripes avec la vie traditionnelle de l’entreprise.
Les bonnes pratiques du pot, ou comment réussir un pot d’entreprise ?
- L’alimentaire, au plus juste.
Le pot c’est d’abord manger et boire. Avec justesse. Ne pas être ostentatoire, ou « radin » sur les quantités.
C’est évident : Il faut ajuster les moyens avec la « taille » de l’événement à fêter. C’est trivial, mais je me suis déjà retrouvé dans des pots d’entreprise où l’on a finit des bouteilles d’un autre pot ; alors que l’événement fêté en soi était beaucoup plus important.
- Le pot ou la belle histoire à raconter.
Au niveau hiérarchique, le pot est plus souvent oublié, et pourtant il est le lieu de consécration d’une victoire à fêter au sein d’un service.
Un projet qui se termine et qui a sollicité plusieurs collaborateurs. Un challenge commercial réussi.
Le story telling est l’art de raconter des histoires. Aussi, le pot d’entreprise est le moment privilégié pour raconter l’histoire de la réussite des collègues, du projet. C’est le moment où les tripes peuvent s’exprimer. On oubliera les difficultés, les hiérarchies, les problèmes.
Le pot est un instant de victoire. On évitera de revenir sur des tensions, sur ce qui n’a pas marché.
Je me suis déjà trouvé mal à l’aise dans un pot, où le manager qui avait invité la société extérieure d’un projet a littéralement proclamé qu’il avait bien mené la négociation et que celle ci avait bien morflé.
Voir toujours le verre à moitié plein qu’à moitié vide.
- Le moment, le discours.
Autant fêter une naissance, la symbolique est là. Chacun comprend pourquoi et il n’y a pas lieu de faire un beau discours des parents. Généralement le bébé dans on berceau fait office de lieu d’accroche. On vient chacun faire son commentaire sur le joli bébé, même si on n’en pense pas moins…
Dans l’entreprise, fêter une victoire mérite de s’y arrêter.
Et dans beaucoup d’entreprise le pot est devenu un moment sans mémoire, sans discours. le manager peut même arriver après, parce que que forcément » il était bien occupé ailleurs ».
La force du pot est de concentrer une énergie. Et pour faire de la transversalité au sein des équipes, rien de mieux qu’un petit discours sur ces quelques principes :
- Remercier les gens présents de venir, car souvent le pot est organisé en fin de journée quand tout le monde doit rentrer chercher ses enfants.
- Présenter les équipes, car le pot rassemble souvent des équipes hétérogènes.
- Présenter le pourquoi on se réunit. c’est un peu trivial, mais le discours remet du sens au travail collectif.
Pas besoin de faire défiler une présentation powerpoint sur le pourquoi de « nous sommes là ». Mais ne pas rappeler le contexte du pot est une non-communication qui communique en soi : le pot devient le passage obligé pour acquiescer le travail de tous, sans le valoriser.
Boire et manger ne suffit pas. La reconnaissance passe par des mots, de la transcendance…
Ne reste plus qu’à trinquer.
il me semble que la pratique du pot, avec des boissons alcoolisées, est possiblement un risque pour la sécurité au travail : http://www.officiel-prevention.com/sante-hygiene-medecine-du-travail-sst/service-de-sante-au-travail-reglementations/detail_dossier_CHSCT.php?rub=37&ssrub=151&dossid=157
J’aimeJ’aime
Effectivement, dans l’enceinte de l’entreprise l’usage de l’alcool est réglementé. L’objet de cet article se place dans le contexte de pot d’entreprise dans un cadre du respect des règles de sécurité , sans débordement bucoliques. avec modération !
J’aimeJ’aime