Amis, inconnus, famille, le jour où je disparaîtrai(s), j’aimerais que vous lisiez encore ce blog.
Vous, aimeriez-vous laisser vos photos postées sur Facebook à votre mort ?
Comme un livre d’or d’hommage, de recueil ?
La vie numérique a-telle une fin ? Suis-je un peu éternel ?
Grandes questions, et petit glossaire de la mort numérique !
Mon Cloud m’appartient. C’est moi.
L’homme n’est pas qu’un corps physique. C’est trivial.
Il a un prolongement de lui-même. Par la culture, par les objets techniques.
Le corps de l’homme est un objet technique, comme l’a formalisé Mauss : il utilise des lunettes pour mieux voir, il se sert de ses jambes pour courir, il apprend les techniques de mouvement pour nager…
Il utilise les objets techniques pour parler à des gens loin de lui : par le téléphone, la webcam.
L’écosystème numérique « ajoute » une part de moi-même, et m’inscrit dans la mémoire, le temps.
La culture est aussi une part de moi : dans mes réflexions, mes pensées.
Les associations humanitaires, comme l’Abbé Pierre l’ont bien compris : le numérique est bien en soi.
Et un SDF a ce droit de dignité : pouvoir disposer ce cette excroissance intime de la culture, et de sa vie numérique. Voilà pourquoi la fondation a initié le projet du coffre fort numérique : pouvoir conserver ses photos numériques par exemple. Même en étant en grande détresse.
[ On lira la solidarité des usages numériques, le coffre fort numérique ]
Les traces numériques sont donc autant de traces que ma sueur que j’ai laissé sur une chemise.
Et mes messages, mes écrits, sont autant miens, que mon sang qui tache un drap.
Aussi, ma page facebook, mon blog ont autant de propriété qu’un écrivain ( la propriété intellectuelle ) l’a avec ses oeuvres.
A la mort, à qui appartiennent ces objets culturels ?
Game over, formater le disque dur de notre vie numérique ?
A notre mort, que faire de ces objets qui nous sont propres ?
Le terme de « vie numérique » est explicite : il s’agit bien de notre vie. Lorsque cette vie s’évanouit, quel usage ?
Pour la famille, ces traces numériques sont ou une façon de conserver la mémoire, ou un couteau qui ravive en permanence une blessure.
Mais doit-on laisser une page facebook où quelques photos peu glorieuses ont été postées ( la dernière soirée arrosée avec des potes ) ?
Le défunt n’aurait pas préféré laisser cette trace, qui sur le net a une valeur d’éternité ?
La famille a-t-elle le droit de disposer de ces données pour les conserver ou les effacer ?
Cette problématique est la même que pour la décision du corps qui peut faire l’objet de dons d’organe.
Sans formalisation claire du défunt avant sa mort, la famille peut refuser le don.
En matière numérique, les démarches sont encore balbutiantes.
Apple a par exemple refusé à une famille de livrer le mot de passe du compte du défunt.
Google et Facebook ont commencé à éclaircir ce « nouvel usage ». Il est possible de faire fermer un compte.
Mais en aucun cas, la famille ne peut disposer des comptes pour en faire autre usage ( ajouter des commentaires, supprimer certaines publications ).
En février 2015, Facebook lance un nouveau service, laissant la possibilité à léguer son droit à pouvoir utiliser le compte Facebook en cas de décès. Les possibilités pour le légataire est d’autoriser de nouvelles personnes à suivre la page, à modifier la page de profil.
Les préconisations de la CNIL.
La CNIL a commencé à réfléchir sur le droit et le respect de ses données informatiques, après la mort.
L’objectif de la CNIL s’est d’abord focalisé sur le respect au moins des données des personnes vivantes.
Dans les dernières préconisations, l’organisme se juge incompétent, par la nature de l’organisation.
Cependant, elle entreprend d’ajouter la problématique dans les réflexions plus globales sur le droit à l’oubli, dans le numérique.
Les préconisations de la CNIL sont à lire ici : mort numérique ou éternité virtuelle ?
Certaines entreprises du Net l’ont bien compris : la donnée numérique est une donnée de soi. Certaines permettent de stocker les documents importants ( passeport, documents officiels ) en cas de problème, ou de décider à qui transmettre. C’est l’objet du site commercial planned departure, par exemple.
La médiatisation d’une mort, intime. L’exemple du soldat.
Certains inconnus meurent, et font l’objet d’une couverture médiatique. C’est le cas par exemple de soldats Français morts prématuremment sur des scènes de guerre.
Ces inconnus, comme tout citoyen, avaient leur page facebook, de nature confidentielle. Pour partager avec leurs amis et leur famille.
Leur mort étant médiatisée, n’importe quel moteur de recherche vous proposera de consulter cette page facebook intime ( car tout le monde n’a pas encore dans ses réflexes d’anonymiser ses publications ).
L’importance du respect du mort est ici légitime.
On lira l’article sur la mort numérique et d’Alexandre Van Dooren, mort au combat au Mali, en 2013.
Pensez à planned departure pour gérer la transmission de vos actifs immatériels
https://www.planneddeparture.com/
Disclaimer: je suis actionnaire…
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Merci de donner un exemple concret de l’appropriation de la « mort numérique » par une société commerciale.
Je ne fais pas de publicité sur ce site ( à moins que vous sponsorisiez mon billet 🙂 ). Mais l’exemple est intéressant.
Cordialement.
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La question de la « succession numérique » est un sujet intéressant. Merci pour cet article.
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Merci pour votre feedback sur l’oubli numérique ; à noter que Facebook lance l’option aux états unis de choisir un héritier de notre vue numerique !
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