Le bandeau d’information d’I-télé, ou le journalisme low-cost ?

bandeau_information_orthographe_i-téléLes chaînes d’info en continu nous permettent de donner les news en temps réel. Sur l’écran, en bas, les dépêches sont rafraîchies pour nous donner l’info au plus vite.
Qui se cache derrière ce travail incongru de diffuser ces news ?
Généralement, c’est un stagiaire. Qui ne mange pas le midi, car à midi, l’info ne s’arrête pas.
Focus sur cette nouvelle pratique de la curation !

Etre informé en temps réel, c’est tellement important.

infobésité_information_liberte_choixNotre monde est infobèse. Obèse d’information.

Les chaînes d’informations en continu disponibles à la télévision, sur la TNT nous abreuvent d’information.
L’objectif est louable : diffuser les informations importantes au plus vite aux téléspectateurs.
La difficulté pour les chaines d’information est qu’il n’y a pas toujours d’information… Ou un événement médiatisé tarde à se produire.
Le direct impose donc d’être « présent », quoi qu’il arrive.

Cela procède de la fonction essentielle de la communication : la communication phatique.
Ou entretenir le lien avec ses auditeurs pour ne pas les perdre… C’est un peu comme au téléphone, où vous commentez les propos de votre interlocuteur par « oui.. », « hum.. », pour bien expliciter que vous êtes toujours là, on-line, et que la communication est toujours en cours.

Garder ce contact avec le téléspectateur ( pour des raisons d’audience et publicitaires notamment, vous l’avez compris ), les chaînes d’infos ont donc trouvé une astuce :
Découper l’écran de télévision du programme en cours ( où il ne se passe pas forcément grand chose, ou n’intéresse pas le spectateur ) ; avec une ligne de texte, qui diffuse les dernières dépêches.
De quoi capter ce qu’il ne faut pas manquer. Et , surtout captiver le téléspectateur. Le bandeau s’éclaire de rouge quand c’est important : alerte , urgence.

Derrière le bandeau, une histoire de curation, journalistiquement low-cost.

semiologie_journal_annoncesLa réalité du bandeau de news est celle-ci : elle est une pure transposition des dépêches AFP à laquelle sont abonnées l’ensemble des sources d’informations médiatiques.
De ce fait, la valeur ajoutée pour l’organe médiatique est faible. C’est nécessaire, mais il suffit de « copier/coller » les dépêches AFP.
Voilà pourquoi cette tâche est ingrate.
Et voilà pourquoi elle est souvent destinée au stagiaire de l’entreprise.
Une version 2.0 du pigiste d’antan qui allait récupérer les notes des dernières informations du jour.

Le nombre de dépêches AFP est pourtant hallucinante ( cette sacré sainte infobésité…) : 5000 dépêches sont diffusées chaque jour.
Soit plus de 3 informations à la minute.
Le rôle du stagiaire ou pigiste est donc de trier, catégoriser , et faire un choix pour diffuser l’information pertinente.
Dire qu’il y a un choix éditorial du média télévisuel serait mensonger.
Mais il s’agit bien ici d’un acte de curation, c’est à dire mettre en avant l’information la plus pertinente.
Comme un responsable de musée qui choisit les oeuvres qu’il veut montrer dans une exposition parmi la centaine disponibles. ( le terme « curation » fait référence à cet usage ).
Comme une bibliothécaire qui met en avant certains livres à l’usage des lecteurs, dans une bibliothèque.
Le bandeau d’information de I-télé ou de BFM TV est une curation plus compliquée. En temps réel…

Voilà pourquoi il y a bug parfois. Et bad buzz.

erreur_de_communicationLes fautes d’orthographes ou de grammaires sont légions.
Et les buzz sur les réseaux sociaux les mettent en avant :

« Nous voulons faire entrer l’école dans l’aire du numérique ».

« 3eme au championnat du monde en 2014 de danse sur glasse« .

Vouloir être « on-line », temps réel a un prix. Enfin… pas pour la chaîne d’information qui rémunère un stagiaire à 430 euros par mois…
Voilà comment s’auto-décribiliser.

Mais peu importe, l’infobésité est là. L’audience aussi.
Peu importe le sens.

A lire !
On lira avec émotion l’article du stagiaire, qui explique que pour 430 euros par mois, il ne mange pas le midi, pour entretenir coûte que coûte cette « time-line » si essentielle pour retenir le téléspectateur éveillé : « Le stagiaire bandeau d’i>Télé, c’était moi : 8h non-stop, pas de relecture, 430 euros / mois » .

Le blog du stagiaire d’i-télé, avec le sourire sur les erreurs d’orthographe : Le stagiaire d’I>télé

Et la curation :Définition et histoire de la curation, ou la transmission de la connaissance.

Le titre et la référence à I>télé n’est nullement une dénonciation de l’entreprise en tant que telle, mais de l’usage général réservé aux stagiaires, et à un journalisme trop concentré sur l’instantanéité de l’information ; plutôt que producteur de sens.

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