Le sport collectif est un sport de contact : le judo, la boxe. Ou de distance : le tennis, ou le basket ball.
La distance à l’autre, régie par les règles du sport, est celle de notre quotidien : « être à la bonne distance de… »
La bonne distance, comme pour ne pas être mal à l’aise dans un ascenseur.
Sportivement, la distance avec son partenaire est strictement codée, ou pas.
Elle engage le respect, la règle.
Focus sur une proxémie du sport.
La proxémique est l’ étude de la perception et de l’usage de l’espace par l’homme.
Elle a été formalisée par Hall, au XXeme siècle.
S’intéresser aux distances avec l’autre c’est étudier les rapports de la distance dans la communication :
La distance optimale est différente, selon qu’on est dans une réunion publique, une discussion avec un collègue, ou avec sa partenaire.
La distance entre locuteurs ne permet pas les mêmes conversations : confidence, ou parole publique.
Ces « bonnes » distances entre soi dépendent aussi des cultures : les méditerranéens ont un rapport plus proche ( on se touche ) que dans les pays nordiques. De là les incompréhensions et les malaises dans les rapports humains, parfois.
Le sport est une discipline sociale, et en ce sens, elle répond aux mêmes problématiques : quel rapport de distance dans la posture avec l’autre ?
Evidemment, il est aisé de classifier les rapports de la distance selon les typologies de sport.
Globalement, le respect de l’autre est essentiel. Chaque sport a ses règles.
- Les sports de distance.
Le badminton, le volley ball, le tennis structure le rapport de distance entre les sportifs :
Physiquement, les partenaires sont séparés par un filet.
La distance est donc de fait normalisée.
- Les sports de semi-contact.
Le football, le handball sont des sports où le contact est proches. Certaines sont interdites, et sanctionnées.
Le basketball est un sport où la dimension de distance minimale a été intégrée, lorsqu’il a été inventé. James Naismith, en 1891 crée ce sport, en souhaitant que les contacts physiques soient restreints. De manière à éviter les blessures. Ainsi, il est interdit de tenir, pousser un adversaire.
- Les sports de contact.
Les sports de combat sont des sports à distance nulle, puisque le corps à corps a lieu : la boxe, le judo..
En Aikido, la notion de distance est représentée par ma-ai. Elle est primordiale dans la pratique de ce sport,
La distance par rapport à son adversaire est une composante de la réussite du combat : en fonction de la position par rapport à l’adversaire, je suis en danger, ou je peux au contraire être en position de force.
La perception qu’on a du combat est également une composante de la notion de distance : si j’ai peur, l’espace semble trop petit. si j’ai trop confiance en moi, l’espace semble trop grand.
On remarquera ici encore que la notion de distance n’est pas qu’une mesure physique, mais intériorisée, et peut dépendre de facteurs psychologiques.
Le sport, une relation intime.
Cela peut être surprenant, lorsqu’on lit la classification des distances intimes et publiques de Hall :
La distance avec les partenaires sportifs sont de l’ordre de l’intime.
La distance est celle du 0 à 1 mètre.
Il ne vient à aucun sportif d’être gêné par le contact avec l’autre, alors que la proximité avec l’autre peut être gênante, dans un ascenceur par exemple.
Pourquoi ?
Comme nous l’avons décrit, les sports ont défini un cadre, des règles qui régulent le rapport de la distance à l’autre.
Tout rapport de communication se place dans un cadre et un contexte culturel. Ici, le cadre est défini par les règles du sport. Le contact est permis, et régulé, « institutionnalisé ».
On remarquera que les sports de contact sont uni-sexe, évitant tout malentendu avec son partenaire.
Cette exception place le sport comme une vraie activité sociale, de « vivre ensemble », en brisant les rapports conventionnels.
En ce sens, c’est la raison pour laquelle est un vecteur de sociabilisation des jeunes.
Pour les enfants difficiles, la pratique du sport implique le respect des règles, mais surtout d’être en proximité avec l’autre.
Le sport collectif est une activité du corps, qui permet le « vivre ensemble » en imposant le moins de considérations culturelles.
Au coup de sifflet, tous entrent dans l’orchestre de la communication. Par les gestes, les cris, les tripes, le coeur.
Texte relatif : On lira : la proxémie, ou l’espace de communication et de vivre ensemble
une sémiotique du Catch : sémiotique du catch par Roland Barthes
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