Allumer une cigarette se fait dans le silence des mots.

A une femme qui avance la cigarette, tout est dans le regard, le geste du briquet qui s’avance.

La flamme qui jaillit ( comme un signe ). Et la rougeur de la cigarette qui voit bientôt la fumée en sortir.

Aucun mot. Juste des regards.

« Je devine le passé d’une femme à la façon dont elle tient ses cigarettes, et l’avenir d’un homme à la façon dont il tient la boisson. » Sacha Guitry.

Le langage, on le voit, dans ces circonstances quotidiennes n’a pas lieu d’être.

Parler de communication, souvent, se résume à parler des mots, de ce qu’on échange.

Pourtant, le langage du corps, ou du geste est parfois plus lent, plus subtil, plus jouissif.

Il appelle aux sens.

Ray Birdwhitell a étudié le langage du corps. Il en a déterminé 50 positions. Expressives, et qui ont toutes un sens , un langage.

Comme celui du geste d’allumer la cigarette.

C’est l’analyse kinésique.

Ses études ont plutôt montré que le langage du corps était aussi important que le langage verbal.

Ray Birdwhistell a ainsi fait l’expérience décrite plus haut, celle d’allumer la cigarette, pour son aimée. Il en conclue que ni le corps, ni l’esprit ne sont présents dans cette expérience, mais plutôt une illustration de la culture ( le rapport à la cigarette à l’époque comme objet valorisant ) qui s’exprime instantanément dans le geste immédiat.

Plus largement, la communication n’est pas que le corps ou l’esprit, mais un processus, qui met en lumière, en pratique des faits de société.

Allumer une cigarette, c’est prolonger une idée de l’homme à cette époque : j’allume ma cigarette, et je te montre que je suis le mâle désireux, désirant, attentionné.

Aucun mot. Juste un geste.

Plus de mot : juste un article sur le langage du corps de Ray Birdwhistell : le langage du corps