Quel rapport entre Camus et la communication ?
Albert Camus est né dans une famille pauvre, en Algérie.
Sa mère avait un langage limité. Même si elle savait par ses gestes donner l’amour à un enfant.
Mais parler de table Henri II, ou d’une commode était un non-sens, chez les Camus ; ce n’était pas à la portée de la mère d’Albert Camus.
On parlait de table. Tout simplement.
La richesse du langage définit un niveau culturel. Il ne définit pas un niveau émotionnel, ou d’amour.
Voilà pourquoi Albert Camus a grandi dans une atmosphère d’amour et de respect vis à vis de sa mère.
Voilà pourquoi Albert Camus a trouvé d’autres horizons, par l’apprentissage scolaire.
Et d’écrire les plus beaux romans, et les essais de la plus grande intelligence.
L’homme révolté, un essai moderne.
Lire Camus encore aujourd’hui ?
Son essai, l’homme révolté, est d’une grande modernité : il nous parle encore.
Et encore plus, dans un monde aussi infobèse, diffus, compliqué, extrémiste. Où les extrémismes religieux font loi.
Ici, avec Albert, ce sont quelques phrases indestructibles, qui portent encore aujourd’hui un sens :
« Qu’est-ce qu’un homme révolté ? Un homme qui dit non.
Mais s’il refuse, il ne renonce pas : c’est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement ». Ce « non » signifie : « les choses ont trop duré » ; « jusque-là oui, au-delà non ».
En somme, ce non affirme l’existence d’une frontière. Et se base sur « une certitude confuse d’un bon droit ».
Voilà les quelques mots, en introduction de son essai, qui doivent guider tout lecteur averti, citoyen.
La religion, le mythe : face au rejet de la religion, quelle réponse ?
La métaphysique, ou « Pourquoi suis-je là ? » est l’intelligence de soi-même par rapport à son existence : quel but ? quels objectifs ? pourquoi ?
Un questionnement sain de tout individu. Et essentiel. Il en va de notre existence.
Albert Camus souligne que la métaphysique est remplacée par le mythe.
On pourrait y ajouter la religion.
Ou le monde moderne technologique, qui nous guide vers l’usage, l’objet, le désir. La profonde confusion.
« Il n’y a plus d’interrogations. Il n’y a que des réponses, et des commentaires éternels ».
La religion ? Elle nous explique le sens.
La technologie et notre monde de consommation ? la réponse est dans l’achat chaud et douillet, qui repousse nos interrogations au lendemain. A de nouveaux désirs et besoins.
« Mais avant que l’homme entre dans le sacré, et pour qu’il y entre aussi bien , et qu’il en sorte aussi bien, il est interrogation et révolte ».
Vivre dans notre monde, c’est bien pointer en permanence ces éléments qui nous frustrent, déçoivent, interrogent. Etre bien avec soi-même.
« Le fondement de cette valeur est la révolte elle-même. La solidarité des hommes se fonde sur le mouvement de révolte, et celui-ci ne trouve de justification que dans cette complicité ».
Adieu les enfants chinois qui fabriquent les jouets de Noel.
Pouvoir se regarder dans la glace, et suivre ses convictions.
Pour être, l’homme doit se révolter, mais sa révolte doit respecter la limite qu’elle découvre en elle-même, et où les hommes, en se rejoignant, commencent d’être. La pensée révoltée ne peut donc se passer de mémoire : elle est une tension perpétuelle.
Seul au monde ?
Jeune lecteur, pris dans les mains du FOMO ; ou lecteur averti, déboussolé par un monde en mouvement perpétuel : arrêtons-nous.
Dans un monde incompréhensible, étrange , what’s up ?
« Le premier progrès d’un esprit saisi d’étrangeté est de reconnaître qu’il partage cette étrangeté avec tous les hommes et que la réalité humaine, dans sa totalité, souffre de cette distance par rapport à soi et au monde.
Le mal qui éprouvait un seul homme devient peste collective. »
Albert Camus définit de manière universelle ce nouveau sentiment, d’être au monde, et de l’appréhender :
Dans l’épreuve quotidienne qui est la nôtre, la révolte joue le même rôle que le « cogito » dans l’ordre de la pensée : elle est la première évidence.
Mais cette évidence tire l’homme de sa solitude.
Je me révolte, donc nous sommes.
A lire, et à relire : L’homme Révolté, d’Albert Camus.