Le web s’agite sur la menace qui pèse sur internet. Les lois européennes ( ACTA ) menacent la liberté de communication, par la fin de la neutralité l’internet.
Face à l’agitation, et aux buzz, posons les bases. Et les arguments.
Dernier article d’une série , sur la fin de la neutralité d’internet, et des menaces : qui veut contrôler internet ?
Les industries traditionnelles ( le livre, la musique , la vidéo et le cinéma ), les industries nouvelles ( les géants du web et les fournisseurs d’accès internet ).
Et arrêtons-nous sur ceux qui détiennent la parole publique depuis plusieurs siècles :
la parole politique et la parole journalistique.
Le politique : la fin d’un monopole.
Les députés ou les représentants du roi sous la monarchie, remontaient les propos du peuple.
Capter le pouls du peuple était la mission de ces représentants.
Car l’absence de réseaux de transports limitaient les déplacements ( traverser la France prenait des jours entiers en cheval ).
L’absence de médias limitait l’accès et la diffusion de l’information.
Le politique était la voix du peuple.
Et ce monopole disparait aujourd’hui par l’arrivée d’internet et de ses usages :
- le débat, l’échange des idées, auparavant se faisait exclusivement en chambre des députés. Au parlement, dans toutes les institutions politiques.
Aujourd’hui, il a lieu sur le web.
Par des réseaux participatifs, les mouvements contestataires ou alternatifs : les réseaux sociaux permettent de véhiculer rapidement des arguments.
L’instantanéité des échanges sur internet permettent de débattre « on-line » sur des sujets qui ne pouvaient auparavant se traiter qu’au parlement.
Les mouvements contestataires, comme les Indignés, ou les Anti-Acta ( contre les projets Hadopi ou Acta ).
Faire annuler, reculer une loi, c’est possible par internet. Et non plus forcément par un vote au suffrage universel, ou un référendum.
Exemple : la protestation sur internet a permis la mise en suspens de la loi Sopa, aux Etats Unis.
- Le « fact checking ».
La maitrise du langage, propre au politique, est une arme qui devient désuette.
Car l’accès à l’information sur internet permet de vérifier, d’argumenter ou de contre-argumenter.
C’est ce qu’on appelle le « fact checking », ou : tout chiffre, vérité énoncés par un politicien est décortiqué, et vérifié.
L’homme politique ne peut plus « mentir » : les faits sont immédiablement vérifiés, mais surtout largement médiatisés.
La politique en règle générale se méfie donc d’internet. Et a une tendance naturelle à vouloir le contrôler.
Et il n’est pas surprenant que les lois Hadopi ont pu être votées : ces lois contrôlent internet.
De même, le « G8 numérique » organisé en France en 2011 a largement invité les grands ténors du web ( google, facebook, .. ) , et non pas les acteurs influents indépendants du web : les nouvelles industries numériques ont le même intérêt à vouloir « maîtriser » le web.
les journalistes, la fin d’une parole publique.
Le philosophe Jürgen Habermas a défini « l’espace public« , né au XVIIIeme.
Il caractérise une sphère publique :
Elle se crée par les premiers échanges entre personnes privées, et non plus du pouvoir politique.
Elle est plutôt bourgeoise, et rallie les premiers bourgeois qui ont accès à l’information balbutiante véhiculée par les journaux.
Le microcosme journalistique et de tous ceux qui ont la maîtrise de la connaissance, de l’accès à l’information peut naître.
Le journaliste détient une information, l’analyse, la partage.
Mais aujourd’hui, le journalisme s’est démocratisé. N’importe quel passionné d’un sujet peut ouvrir un blog, et exprimer une parole publique.
Etant passionné, il peut avoir la même légitimité qu’un journaliste spécialisé en politique.
L’internet a permis cette révolution :
- Par la démocratisation des outils de communication :
Le web2.0 permet de maîtriser la publication, et la diffusion de l’information. Et à un coût négligeable au regard des coûts de production et de diffusion d’un journal par exemple.
- Par l’accès à l’information :
Internet permet d’accéder à des milliers d’informations, sans devoir accéder aux médias traditionnels.
La connivence du journaliste et du politique se comprend ainsi bien : tous deux partagent un même espace intellectuel, économique et de statut. Cet espace se fissure, et chacun peut entrer dans la grande Cour.
Et tous ceux qui parlent à notre place ( politiques, journalistes … ) sont menacés : ils se trouvent dépossédés de leur parole.
Déstabilisés, ils veulent le contrôle d’internet.
Ces menaces sont réelles :
– par la mise en place de lois de filtrage d’internet. Lois ACTA par exemple.
– par la censure ( plutôt auto-censure ) journalistique sur les grands enjeux d’internet : la dénonciation des menaces qui pèsent ont peu d’écho dans la sphère médiatique.
On lira les articles suivants relatifs :
La fin d’internet et de notre société de communication numérique.
Qui veut contrôler le web (1/3) ?
Qui veut contrôler le web (2/3) ?
[ Crédit photographique : tout droits réservés, bebopix.fr ]
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