En parlant avec un Chinois ou un espagnol , on a beau parler sa langue parfaitement, on peut ne pas se comprendre.
C’est ce qu’on appelle la différence culturelle.
Les codes interculturels sont des traces de la culture de chacune des nationalités. Et peuvent nous aider à mieux comprendre l’autre. focus !
L’homme , un modèle universel ?
le modèle universel de l’Homme a été largement diffusé au siècle des Lumières.
La déclaration universelle des droits de l’homme prône un modèle de valeurs , de droits qui relient tout homme, dans les mêmes valeurs de respect, de tolérance, de droits inaléniables.
L’idée que l’homme avait les mêmes valeurs, les mêmes façons de « raisonner », de penser s’est inscrite dans une vision ethno-centrée sur les grands pays Européens ( France, Espagne, Angleterre ). La décolonisation et la meilleure connaissance des peuples ont permis petit à petit de découvrir que cette vision de l’homme n’était pas si universelle. Tout au moins, dans les comportements ; la culture des pays est ancrée profondément dans la façon d’être, de raisonner, de se comporter.
Plus récemment, la mondialisation des moyens de communications permet par l’ubiquité numérique d’être partout à la fois. Les moyens de traduction instantanée nous permettent de communiquer dans la même langue que son interlocuteur.
La digitalisation permet la délocalisation de call-center à l’étranger, par exemple.
Et voilà comment un indien peut répondre à une vieille américaine du Michigan pour l’aider à se décider sur le choix d’un produit.
« cela doit être difficile d’avoir son corps en Inde pendant que son esprit est en Amérique », dit Ashim Ahluwalai, le réalisateur du documentaire sur les call center en Inde. ( John and Jane call center ).
Le revers d’un modèle unique centré sur l’homme dont on effacerait la culture est dangereux.
Parce que penser qu’on peut communiquer avec l’autre, juste en connaissant sa langue est une erreur.
Chaque culture a ses codes.
L’analyse des codes culturels est un outil d’aide à la meilleur compréhension des autres nationalités.
Bien sûr, comme tout outil ou grille de lecture, cela est sujet à précaution et nuance. Et il y a les exceptions qui confirmeront la règle.
Dès qu’on touche à l’analyse de l’humain, on reste sur un terrain flou. Nous ne sommes pas dans une science dure.
Avec ce préambule , nous pouvons découvrir les bases des codes interculturels.
Outil des codes culturels
L’analyse des codes culturels décrit les comportements structurants sous 3 axes :
- Celui du rapport à la société : la distance entre hiérarchies ( faible ou société très hiérarchisée comme en Pologne ou Russie, le respect des règles ( à la « lettre », ou « souple » ), et la vie collective ( société plutôt tournée vers l’individuel ( américaine ) ou pas ).
- Celui du rapport au travail : sur le raisonnement ( empirique ou théorique ), la gestion du temps et de la planification ( flexible ou pas ), la prise de risque ( élevée ou faible ).
- Celui du rapport aux autres, autour de la communication et la relation : dans les relations, axé sur la personne ou sur la tâche. dans la communication, explicite ou implicite. Dans les désaccords, si le consensus est facile ou pas. Dans l’expression des sentiments, plutôt intérieure ou extériorisée.
L’outil des codes culturels par l’exemple.
L’étude des codes culturels se fait toujours par rapport à sa propre culture.
Ce sont les écarts avec ses propres codes qu’il est intéressant de travailler.
C’est là qu’il faudra porter attention, pour ne pas être surpris des comportements ou de comprendre pourquoi quelque chose ne tourne pas rond dans les rapports professionnels.
Nous pouvons décrire le code du français.
J’ai la chance de pouvoir travailler avec des collègues polonais, italiens, espagnols.
Ici, on regardera l’exemple du polonais, sur lequel nous pourrions tous avoir de grands aprioris.
Les codes culturels polonais.
Prenons un exemple d’une culture proche de nous, en Europe : la Pologne.
Nous ne rentrerons pas dans le détail de la culture polonaise sur tous les aspects des codes culturels.
Mais je donnerai quelques exemples, qui mettent en évidence les erreurs à ne pas faire, ou au contraire utiliser les pépites, pour travailler avec nos amis européens.
- La distance hiérarchique :
La société polonaise est fortement hiérarchisée. Le passé sous la coupe Russe a laissé des traces dans la culture polonaise.
Cela ne signifie pas qu’il y a beaucoup de niveaux hiérarchiques ; il y en a généralement moins qu’en France.
Ainsi, tant que le chef n’a pas approuvé, aucun de ses subordonnés ne prendra position. Généralement, on ne remettra jamais en question les décisions de son chef.
En Pologne, c’est la hiérarchie qui prime ( on ne se sent pas le droit de s’exprimer ). le manager parle pour les salariés.
On n’ose pas parler sauf si l’on est autorisé.
Quelle conséquence pour nous, Français ?
Si l’on travaille avec des polonais, on fera toujours valider par le manager de ses homologues. Sinon on risque de se trouver dans une situation où rien n’avance.
Et si nos interlocuteurs polonais se taisent, ne donnent pas d’avis, sont silencieux : c’est qu’il faut creuser cet aspect hiérarchique, le clarifier, et respecter cette hiérarchie.
- Le temps polonais :
En Pologne, on aime être à l’heure. Les polonais sont plutôt ponctuels. Etre à l’heure, c’est signe de fiabilité.
D’ailleurs, dans mes réunions en conf-call avec Varsovie, mes collègues polonais sont toujours à l’heure, à la différence de la culture française où on s’accorde toujours un quart d’heure de latitude.
D’autre part, les polonais sont plutôt matinaux. Dans l’administration publique ( la poste, les impôts, .. ), les horaires de travail sont 7h00 jusqu’à 16h00.
C’est lié à l’heure solaire.
Si vous faites une réunion à partir de 17h00, les Polonais seront présents , car ils sont obéissants. Mais auront peut être leur tête ailleurs…
Quelle conséquence pour nous Français ?
Cela est simple : pour travailler avec des Polonais, être ponctuel aux rendez-vous. Et plutôt les prendre le matin qu’en fin de journée…
- Temps mono-chronique :
Autant le français est poly-chronique, c’est à dire qu’il a tendance à faire plusieurs tâches à la fois, en parallèle, le polonais préfère réaliser une tâche, puis commencer la seconde. Le temps est plutôt séquentiel. Le Polonais est procédurier. Il s’attend d’ailleurs à être contrôlé à chaque « step » des tâches à accomplir.
Une bonne pratique est de faire le feed-back sur la réalisation de la tâche. Afin de bien commencer la suivante.
Quelle conséquence pour nous Français ?
On évitera de faire plusieurs choses à la fois, mais de proposer dans un travail commun avec les Polonais de « timer » les jalons les uns après les autres.
- Communication explicite :
Le Polonais dit ce qu’il pense quand on lui demande. Il aime bien qu’on explique, comprendre. La communication est donc très explicite.
D’ailleurs, le Polonais s’attache à ce qu’on dit. Et de tenir promesse.
Même s’il faut nuancer. Derrière un « oui », il faut bien voir si c’est un « oui, j’ai entendu ». « Oui, j’ai compris » ou « oui, je vais le faire ».
Derrière un « non », ce n’est jamais définitif, le Polonais sait revenir sur ses décisions.
Quelle conséquence pour nous Français ?
Il nous faut expliquer ce qu’on fait, sans vouloir cacher, ou penser que son interlocuteur ne sera pas intéressé. Le polonais a une vision analytique des choses. Aussi il est important d’expliquer, d’informer, etc..
Ces quelques exemples montrent qu’on peut vite faire une « gaffe » avec son interlocuteur, même si ce pays n’est pas si loin de nous culturellement.
L’objet n’est jamais de juger, mais de mieux se comprendre ; pour nourrir des relations de travail saines, respectueuses et efficaces. Prenez les clefs de ces codes !
Cette description me rappelle grandement le Japon : ponctualité, communication explicite, respect de hiérarchie. D’ailleurs, j’aimerais bien savoir si les polonais et japonais partagent entre eux la prise minimum de risque et l’introversion.
Sinon, j’aime beaucoup le blog, étant novice dans les SIC j’apprends énormément.
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Je ne connais pas malheureusement les codes culturels japonais. Merci en tout cas pour votre plaisir à lire ce blog consacré aux sciences de l’information. bonnes lectures !
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