Dans un salon de coiffure, entre le bruit du sèche cheveux, on entend un gloussement incessant : des voix, des bavardages.
Un peu inutiles. On aimerait parfois le silence.
Pourtant, parler, c’est échanger, partager. Mieux se comprendre.
Doit on toujours dire quelque chose sans passer pour un timide ou un type transparent inintéressant ?
L’hymne au silence, ou comment fuir les bavardages !
Doit on toujours parler ?
A la cantine, parfois, mon silence avec ma fourchette et mon couteau me plaisent.
Parler, parfois, n’a aucun intérêt.
Oh que si :
D’abord, parler avec l’autre, surtout avec un inconnu, c’est entretenir un lien entre deux êtres.
Trouver la phrase sans conséquence qui permet de nouer une relation.
Il faut faire un effort. On parlera de la pluie et du beau temps. Du plat qui est infect ou délicieux. On parlera du dernier match de football.
Je n’aime pas le football, mais je m’intéresse aux résultats sportifs, pour pouvoir échanger avec mes collègues.
Voilà tous les efforts, pour répondre à la fonction fondamentale du langage : la fonction phatique. Instaurer un lien ; et parler permet d’avoir le feedback de l’autre ( « tu me comprends ? » , « tu m’écoutes ? », J’existe bien ). [ A lire : la fonction phatique chez le coiffeur ]
Ne pas communiquer, c’est encore communiquer.
Ne pas parler, c’est encore de la communication.
Aussi, si je ne dis rien, on peut considérer que je ne suis pas content, que je ne suis brouillé avec un collègue. Que je suis fatigué.
La plupart des gens ne comprennent pas que ne pas parler, et ne pas alimenter la conversation, c’est que tout simplement le sujet ne nous intéresse pas.
Ou que si je ne parle pas, c’est qu’on ne me tend pas la parole. Car certains ont tendance à la monopoliser…
On ne peut pas ne pas communiquer. C’est l’axiome défini par Watzlawick dans « une logique de la communication« .
C’est l’exemple classique du voyageur qui dort sur un siège dans un aéroport. Le voyageur ne parle pas, mais il communique : « je suis fatigué, j’ai peu dormi, et j’attends le prochain vol ».
Autant dire, que la formule « on ne peut pas ne pas communiquer » me sied quand je n’ai pas envie de parler : au moins, j’économise ma salive, tout en communiquant 🙂
Le silence, gêne ou moment jouissif ?
Quand on se retrouve dans un ascenseur avec un inconnu, la gêne est perceptible : on se retrouve dans un endroit clos, à peu de distance d’un inconnu.
La situation est gênante, car être à quelques centimètres d’un autre, c’est la distance plutôt intime : celle avec ses amis, son amour.
C’est ce que résume l’étude de la proxémie. [ A lire : la proxémie ou l’expace de communication du vivre ensemble ]
Dans une telle situation, la parole permet de « briser » la gêne, et on brise la glace généralement par des mots banals ( on ne connait pas l’autre ), un sourire, ou une blague. ( on en revient à la fonction phatique du langage : initier un lien par quelques mots anodins ).
Le silence est alors gênant.
On remarquera pourtant que les gens qui s’aiment le plus n’ont pas besoin de mots pour communiquer. Ils sont en phase, et n’ont pas besoin de s’exprimer : un père avec son fils, un homme et sa femme.
Sur ce dernier point, les mauvaises langues qui voient un couple dans un restaurant ne pas parler comme un couple qui s’ennuient ont tort. C’est qu’être avec l’autre suffit. Tout est dit.
La saturation de l’espace par le bavardage.
Parler, parler, c’est saturer l’espace de bruit, de formules creuses, de bêtises
( on ne dit pas toujours des choses intelligentes ).
Se taire, c’est se poser, et sentir la relation avec l’autre comme suffisante, sans devoir y ajouter une description du monde, de soi.
C’est respecter l’autre, laissant juste la respiration, les sourires, les gestes s’exprimer.
Car le corps, la gestuelle ont aussi une valeur communicationnelle. ( on lira « les 2 formes de la communication : digitale et analogique » ).
Et si l’on est en accord avec un ami, un collègue, pas besoin de mot.
La relation « ultime » d’accord, de partage, finalement est celle où on a plus besoin de parler avec l’autre. Partager juste le moment ensemble.
Cela parait un peu paradoxal.
C’est l’expérience partagée, et que j’ai noté, dans la lecture du Premier homme, d’Albert Camus, qui résume de manière beaucoup plus belle mes mots :
« Jeune, je demandais aux êtres plus qu’ils ne pouvaient donner : une amitié continuelle, une émotion permanente. Je sais leur demander maintenant moins qu’ils peuvent donner : une compagnie sans phrases. Et leurs émotions, leurs gestes nobles gardent à mes yeux leur valeur entière de miracle : un entier effet de la grâce » .
Voilà pourquoi , parfois, se taire a une valeur plus gracieuse que la plate discussion sans intérêt.
Chut ! Si parfois je ne dis rien, c’est que je suis heureux, avec vous.
Ping : Fuir le bavardage ou comment vivre [ parfois ] ...
Pertinent, comme si souvent.
Mon silence n’aurait-il pas valu plus qu’un commentaire, serait-ce élogieux ?
Mais comment le savoir ?!
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Dans ce cas, briser le silence. La formule est belle !
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Ping : Une fin d’année ordinaire ? Hum… pas tout à fait | Zeboute' Blog