Willi Dorner a la magie de bousculer les codes.
Ses performances chorégraphiques ont un lieu : votre quartier.
Et magiquement, on découvre des corps immobiles et colorés.
Les uns contre les autres, souvent. Un rapport à l’espace et notre monde moderne.
Proxémie ! Explication, ici !
La proxémie ou la distance mesurée entre les hommes.
La proxémie est la distance qui sépare les hommes dans leur environnement.
On parle de sphère intime, sociale, publique en fonction de l’environnement où l’on agit.
L’amoureux peut se trouver à quelques centimètres de l’autre, pour lui chuchoter des mots d’amour.
Dans une réunion publique, au contraire, la bien séance, les usages, la culture et la politesse nous obligent à « garder une distance ».
C’est tout l’inverse que nous propose Willi Dorner dans son projet « Bodies in urban spaces« .
Théâtralisant l’espace urbain ( la ville, un parc, un carrefour ), des acteurs se positionnent, en se collant et se lovant à l’espace urbain.
Et dans un foutre corporel : on est collé à l’autre.
L’exercice n’est pas que de choquer, mais de rendre visible nos rapports à l’espace : urbain, et humain.
Le travail proxémique de l’espace par Willi Dorner.
Dans les performances de Willi Dorner, les corps sont aggrégés, agglomérés entre eux.
Comme formant une masse anonyme qui n’existe pas.
Le corps est anonyme. ( l’usage de capuches permet de masquer les protagonistes ).
La colorisation des sujets les rend pourtant visibles. Et rend l’exercice artistique contradictoire : on ne voit que cette chose colorée, mais sans visage.
L’homme est anéanti dans le sujet principal : le corps aggloméré.
La distance des corps est nulle : les acteurs sont enlacés ( sur un banc par exemple ), se touchent.
Et et en ce sens, selon la théorie de Hall sur la proxémie, on est dans la sphère intime : en public, la distance entre les hommes est plus de 3 mètres ( sphère publique ). Au corps à corps, on est dans l’espace intime ; celui des amoureux, des amis, de la famille.
Donner en spectacle des corps à distance intime dans un lieu public dans un endroit urbain, et froid est l’approche de Dorner.
L’espace urbain ( un jardin public, un immeuble, un couloir bétonné ) est le lieu de la solitude, anonyme.
Ajouter l’anonymat de ses corps aggrégés renforce cette impression de froideur, de solitude.
Alors que ces corps sont en proximité, et intimes.
Voilà pourquoi le travail de Willi Dorner est subtil, et jouissif !
Je vous invite à le découvrir quand il s’exprime près de chez vous.
Récemment, à Dunkerque, Malo les bains, la performance a été réalisée par des jeunes lycéens.
A approfondir et voir, ici : Willi Dorner.
On lira la proxémie, ou le rapport à l’espace, théorisé par Hall : la proxémie ou l’espace de communication et de vivre ensemble.