Edgar Morin est un grand observateur de notre monde, et sait nous l’expliquer.
Dans toute sa complexité, tout simplement.
Et sans faire de raccourcis pour autant.
Dans la Méthode, il reprend la formation de notre univers, de notre monde biologique, avec curiosité.
A suivre !
Résumé des épisodes :
Après le premier billet, consacré aux ruptures avec nos préjugés : Edgar Morin et la pensée complexe.
La seconde lecture de la Méthode d’Edgar Morin s’est portée sur la formation de l’univers, et plus généralement comment se construit un système : Edgar Morin ou la Méthode d’un monde complexe.
La fiche de lecture que je vous propose ici est le sujet passionnant de la vie, du monde.
C’est beau la vie, c’est beau le Monde.
2 millions d’espèces d’insectes. 1 million d’espèces de plantes.
Que de diversité.
une girafe, une bactérie et le lichen !
Le champignon se love à une algue pour fournir de l’eau, les sels minéraux nécessaires à l’algue.
En échange, les algues synthétisent les substances organiques nécessaires à la vie du champignon.
Belle symbiose.
On peut le répéter, notre environnement n’est pas la somme de chacun de toutes les parties mais plutôt un système de complémentarité.
D’antagonisme en perpétuelle régénération.
Pleine de vie, pleine de mort.
Voilà notre monde !
C’est une palissade de noter que tout être vit dans cet environnement et qu’il est formé par cet environnement.
L’homme aussi, fruit de son milieu.
La fresque romanesque de Zola raconte existence d’hommes et femmes d’une famille, pur produit de leur milieu réalité sociale.
Cela nous paraît trivial.
L’empreinte de l’environnement sur les corps est si forte que l’ordre cosmique se retrouve dans l’organisation biologique.
Ainsi l’alternance des saisons, purement cosmiques, agit sur le cycle de reproduction des plantes (éclosion, germination) et des animaux sur l’hibernation…
Chaque être vivant décline à lui seul cet ordre cosmique.
Par exemple, les plantes de jour long, comme les céréales ou les pois, ne fleurissent que lorsque la lumière du jour dépasse 12 heures.
Tandis que les plantes de jour court, comme le maïs fleurissent en moins de 12.
La grande horloge cosmique déclenche ainsi des opérations vitales de la plante.
De même, les effets de température de saison agissent sur la vie de l’être humain modifiant même ses pratiques culturelles ses activités.
Mais on ne peut réduire encore ici cause et effet.
L’être vivant n’est pas que le produit de son environnement. Il participe à ce vaste système de complémentarités.
Les symbioses, les parasitismes, prédations d’êtres vivants illustrent la complémentarité de chacun.
Les plantes participent à la production d’oxygène pour les animaux, qui eux-même participent à la production de CO2, nécessaire à la photosynthèse des plantes.
Sans complémentarité. Point de vie.
Parfois c’est l’antagonisme, la destruction même qui est révélateur de vie.
Les parasites vivent aux dépends d’autres êtres.
Les prédateurs tuent d’autres espèces. Et nécrophages se nourrissent de mort.
Plus encore, on suppose que des développements clés dans l’histoire de la vie on peut être dû à des transformations de parasitisme en symbioses.
L’intrusion de certains virus dans l’ADN d’une cellule reproductrice aurait pu soit introduire des fragments d’ADN provenant d’autres organismes, soit déclencher des remaniements génétiques bienfaiteurs à l’évolution de la vie.
Ainsi, l’ossification ( c’est-à-dire l’apparition de l’embranchement des vertébrés) chez un chordé a pu relever d’un tel processus.
Parasitisme et destructions ont permis une intégration en système plus complexe.
Le fondement de la vie a procédé des mêmes interactions, antagonismes, complémentarités que nous avons indiqués précédemment à la formation de l’univers, les molécules.
Ici encore, on peut s’arrêter sur les théories dominantes qui ont bercé nos siècles.
L’homme est une création divine.
Et toute la nature a été conçue à l’image de Dieu, ordonnée.
La dénonciation des principes religieux a permis à la science d’avancer.
Darwin a montré que l’homme n’était qu’une espèce, en évolution depuis plusieurs millions d’années ; et qu’il évolue encore.
S’arrêter là, c’est cependant approuver une théorie génétique et générale explicative d’un monde.
Il faut la replacer dans la pensée complexe, au sens d’Edgar Morin.
La théorie de Darwin définit le principe de sélection, qui a pu « rejeter » les espèces non résistantes.
Ne subsistent alors que les espèces les plus résistances, les plus complexes.
De ce processus découle l’évolution des espèces aujourd’hui présentes.
C’est oublier qu’aujourd’hui encore vivent des espèces totalement différentes.
Que cette sélection naturelle a produit le faible et le fort.
L’amibe et l’homme, le pou et l’éléphant.
Si la performance darwinienne ne devait retenir que les espèces les plus évoluées, nous serions tous entourés de mammifères à tête pensante.
De plus, il faut noter que certaines espèces subsistent non qu’elles soient fortes résistances aux autres espèces, mais tout simplement qu’elles profitent d’un taux de reproduction tellement élevé. Elles n’ont pas disparues, non parce qu’elles sont fortes, et parce que se reproduisent trop.
On peut rappeler aussi que c’est l’organisme qui peut sélectionner son environnement, et non environnement seul.
Les oiseaux qui ne parviennent à survivre dans leur milieu ne sont pas forcément éliminés par la sélection.
Ils choisissent tout simplement de migrer.
Et les oiseaux migrateurs trouvent ailleurs ce qui manque à leur auto suffisance.
Enfin, les avancées génétiques ont permis de déceler des « généric Drifts« , des dérives non sélectives de l’ADN.
Des caractères défavorables à l’espèce sont conservés dans le patrimoine génétique transmis.
La sélection naturelle est donc plus complexe.
Et les espèces faibles, les parasites inefficace, inutiles sont tout bonnement conservés dans les boucles de vie et de mort, parce qu’elles sont source de diversité, de richesse, de complémentarité.
Elles s’associent et participent à l’environnement pour survivre.
L’adaptation est en ce sens une caractéristique de ces êtres vivants.
Edgar Morin la définit ainsi :
« L’adaptation nous apparaît comme l’effet de l’aptitude d’un être vivant non seulement à subsister dans des conditions données mais aussi à constituer des relations complémentaires et/ou antagonistes avec d’autres êtres vivants, à résister aux concurrences / compétitions et à affronter des événements aléatoires propres à l’écosystème dans lequel il s’intègre ».
Ici encore, en conclusion, la formation du monde biologique et son évolution n’est pas donnée d »en haut » par une loi générique, explicative jusqu’au-boutisme.
Elle procède d’interactions entre l’environnement l’être vivant, l’un agissant sur l’autre.
Par symbiose, destruction, association, la récursivité des phénomènes et la génération de boucles ( photosynthétique, physique, écologiques ) de vie complexifie la nature et permet une explication plus nuancée.
Ces caractères écologiques répondent aux même caractères que ceux évoqués quant à la formation de l’univers.
Puisque les êtres vivants sont eux-mêmes issus de ce monde physique.
Ici apparaissent les notions de milieu et d’hérédité.
Les composantes génératives de nos êtres, le patrimoine génétique nous produisant.
Seulement nous sommes fortement intégré à notre environnement qui nous imprègne, et sur lequel on agit.
Quelles sont les limites de ses contraintes sur l’être vivant ?
Et pour l’homme, quelle part d »inprinting » de l’environnement. Quelle liberté ?
C’est la suite de la Méthode complexe, dans le chapitre consacré à l’homme, la connaissance, les idées.
A suivre !
Ping : La Méthode, l’oeuvre d’Edgar Morin | Zeboute' Blog