« Je ne suis pas d’accord, tu as tort, c’est n’importe quoi, ce que tu dis. »
Voilà les phrases de notre quotidien.
On a l’impression d’avoir toujours raison, et l’erreur est là : l’autre a la même quantité d’information que soi.
La culture, l’éducation, ses propres doutes et contraintes personnelles font qu’on ne partage pas les même choses.
Et dans notre réflexion, cela buggue : l’Autre ne réfléchit pas pareil.
Cela semble trivial.
Et dans le domaine de la communication, et de la psychologie, tout est trivial.
En avoir conscience, c’est l’objet du recul, de l’intelligence, et des professionnels du domaine.
Il est donc un principe fort : l’autre a toujours raison.
Focus.
La perception différente de chacun.
Hormis les faits objectifs qui permettent de donner une vérité absolue, tous nos échanges ( c’est à dire la majorité de notre quotidien ) tournent autour d’éléments subjectifs, relatifs, personnels.
Une erreur intellectuelle sur une règle mathématique ou de calcul ( mauvaise addition ) est vite réglée, et les lois mathématiques sont les seuls juges.
Pour le reste, le flou est délicat à maîtriser.
La perception du « vrai » ( « on s’est mal compris » ) est sujette à interprétation perpétuelle, par chacun des acteurs.
Dire que l’autre a raison, c’est inverser le principe égocentrique du solipsisme, qui affirme : « j’ai toujours raison« .
Le solipsisme est une attitude d’après laquelle, il n’y a pas d’autre sujet dans le monde que moi-même.
Chaque individu a une perception intérieure qu’il ne peut partager, puisqu’elle est intérieure à soi même.
L Ȏgocentrique y trouvera son compte : moi seul a raison, et compte.
L’empathique y trouvera difficulté : comment conjuguer avec l’Autre une même vision, partagée, sereine et consensuelle ?
Aussi, l’autre a tout bonnement raison, comme moi je pense avoir raison.
Et la force du bon communicant, dans sa vertu, est d’admettre sans concession que l’autre a raison.
Cela permet :
- L’empathie.
L’empathie est la capacité à se mettre à la place de l’Autre.
C’est à dire de comprendre ce que l’autre a construit dans son univers de réflexion.
De retrouver le fil conducteur de la pensée de l’Autre, et de tenter de converger mon propre fil conducteur avec celui de mon interlocuteur.
Pour mieux échanger, débattre, et argumenter.
Afin de trouver le bon terrain d’entente : celui où tous les deux ont raison.
L’empathie est surtout une question d’écoute, vis à vis de l’autre.
Et donc de concentration. Ecouter l’Autre, c’est prendre le temps.
- L’estime de l’autre.
Considérer l’autre comme son égal, et que somme toute il n’est pas foncièrement différent de moi, je lui concède que ce qu’il dit est vrai, c’est une marque de respect.
Et c’est ce qui permet de retrouver un bon niveau d’échange.
La perception du cerveau, et le vécu différent.
Souvent les exemples proposés sur la perception différente de chacun d’un phénomène se réfèrent à des perceptions physiques, et du cerveau.
Ce sont des exemples criants, mais qui ne sont pas complets.
Les chercheurs en neurologie, et plus largement de l’étude du cerveau ont montré que nous sommes sujets à des difficultés de jugement.
C’est l’exemple ci-contre d’une des illusions les plus étudiées :
Elle fut créée par l’Allemand Franz Müller-Lyer en 1889.
Même si la ligne de gauche nous semble plus longue que celle de droite, les deux sont de la même longueur
La plupart du temps, la perception différente que l’on a d’un fait, procède plutôt de la perception relative à notre vécu.
Les différences de perception dépendent :
- du contexte.
L’exemple ici de cette vidéo amusante nous montre qu’un même fait peut être entrevu différemment selon la façon dont il a été abordé, dans la situation.
- du vécu.
Voir un noir ensanglanté devant un enfant , ce n’est pas une perception physique.
Mais le vécu qui surgit : j’ai un frère noir, je me sens solidaire. Ou j’ai subi une violence d’un type de couleur, je me sens victime et révolté.
Connaître son interlocuteur, c’est mieux comprendre son « in-life », ce qui le fait vivre.
Un collègue frustré fustige perpétuellement des experts. En discutant de sa scolarité, on apprend qu’il a raté de peu une grande école scientifique.
Il remet sur la table en permanence cet échec. Connaître cette expérience personnelle passée permet de mieux comprendre, et de nuancer ses critiques négatives du quotidien.
Contenu et relation.
Peu importe les faits, prouvés, ou pas, l’important est comment ils sont conjugués efficacement et sereinement dans la relation avec l’Autre.
Peu importe que la couleur du vêtement soit rouge ( rouge, rose ? « tu m’avais dit que c’était rouge !« ), l’important est de s’attacher à ce qu’on fait de ce fait.
D’un fait donné, c’est l’ordre et la façon dont on aborde le sujet.
Et c’est ce qui au final rend notre rapport de communication efficace ( c’est à dire sans accros ).
L’indice et l’ordre : l’indice est un fait ( la voiture roule à 150 km/h ) . L’ordre est la manière dont on véhicule le message ( « tu roules trop vite »).
La communication procède de ces 2 bases ( voir l’Axiome de la logique de la communication, selon Paul Watzlawick ).
Et chacun comprendra que c’est l’ordre, la relation ( comme je le dis ) qui prime dans la communication.
La voiture roule objectivement à 150 km.
Relationnement, je dirais « tiens, on a dépassé le compteur à 130 km. Tu vas être contente, on va arriver plus tôt que prévue chez ma mère »
( parce que je sais que ma compagne ne veut pas du tout voir ma mère ).
Les bonnes pratiques en entreprise, et dans la vie quotidienne.
A la vue de ce que j’ai évoqué, il est évident que la réaction personnelle à une contradiction avec l’Autre doit être : « Tu as raison ».
Par empathie, et essayer de retrouver le cheminement de l’interlocuteur dans son vécu et son esprit, pour comprendre pourquoi je ne suis pas en phase…
Ne pas utiliser cette technique comme beaucoup de stratèges ( désolants ) de la communication :
Dire « tu as raison » pour mieux positionner ses convictions, et laisse croire à l’autre qu’on l’a entendu.
On parle ici de communication sincère avec l’Autre.
Les erreurs de communication et d’interprétation étant nombreuses, elles peuvent être réduites, dans le monde de l’entreprise par ces principes clés :
Dans le monde de l’entreprise, les problèmes de communication ne sont pas souvent traités, par manque de pédagogie, et d’apprentissage.
L’entreprise se base donc essentiellement :
- sur des règles, des process, qui structurent l’organisation.
Les règles permettent d’y faire référence, et de couper bas à toute interprétation. ( c’est le fait que personne ne peut remettre en cause, comme les règles d’addition ).
- sur des bonnes pratiques, dans des tâches plus intellectuelles :
la formalisation par un compte rendu permet de mettre « tout le monde d’accord ».
Les dérives de cette factualisation des échanges est de cependant de systématiser la formalisation d’un mail ( je te l’ai écrit ).
On s’attachera au « feed-back » :
La bonne pratique est bien de procéder au feed-back : qu’as-tu compris de ce qu’on s’est dit ?
( évitant la formalisation qui n’est pas possible dans les échanges informels )
L’Autre a raison, au même titre que j’ai raison.
La vraie difficulté est de positionner la raison sur une même corde d’entente, qui elle ne procède pas de la raison !
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il est vraiment important d’écouté l’autre…
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