La fin du journal d’annonces gratuites, cet objet désuet du XXeme siècle

L’arrivée des sites d’annonces gratuites sur internet a progressivement détruit les journaux papiers de petites annonces.

Finies les annonces qui n’étaient éditées qu’une semaine plus tard.

Finis les mots courts, abrégés, pour tenir dans les 3 lignes.
Qu’à changé cette fin programmée dans nos usages ? La fin du journal papier, remember !
Dans sa boîte aux lettres, le papier journal s’ouvrait sur des milliers d’annonces.
Saugrenues, ou pas, elles étaient toutes classées par thématiques.
Bien sûr les annonces privées, d’homme ch. Femme. étaient toujours des trouvailles qui faisaient rêver, fantasmer ou pas.
Une pratique de la lecture dans les foyers, des enfants aux parents.
Un rituel hebdomadaire, parfois le seul dans certaines familles, peu habituées aux abonnements de la presse écrite.

La concision du message, ou : chèreté du mot, concision du mot.

Les annonces gratuites l’étaient pour les lecteurs.

Celui qui la diffusait payait l’annonce à la ligne, voir au mot.

Trouver les raccourcis, les mots courts pour décrire l’objet que l’on désirait vendre était une nécessité.
Car la rentabilité du journal, gratuit ( bien avant la presse écriture gratuite comme 20minutes par exemple ) pour le lecteur impliquait de trouver les revenus, limités au nombre d’annonces parues.
À la différence de la société de communication, dont l’un des traits caractéristiques est l’abondance, la rareté ( produit fini qu’est le journal papier ) se traduit par le rapport classique de l’offre et la demande.
Publier une annonce à un coût, et plus elle est longue, plus elle est coûteuse.
Pour celui qui publie une annonce, Limiter les mots est donc important.

On utilise principalement l’abréviation parfois codée, apt pour Appartement, par exemple.

Ou l’on supprime tous les mots qui n’apportent pas de sens ( conjonctions, … ).

Ce style télégraphique de cette écriture s’adapte donc à un usage, par définition contraint économiquement à la concision.

Cet effort d’écriture sur le média traditionnel peut faire sourire :

Twitter, le réseau social média web 2.0, limite les messages à 140 caractères. Au twitto ( celui qui écrit des Tweets ) est contraint au même effort séculaire de limiter son texte.
Twitter a ainsi curieusement transposé cette contrainte sur les réseaux sociaux. Alors que la limitation du Tweet à 140 caractères n’a pas de réelle justification.

Ni technique, ni payante.

Médiologie de l’annonce, le temps.

L’acte d’achat et de vente est bien différent de l’instantanéité d’aujourd’hui, via les annonces sur internet.

Dans le journal papier, l’annonce était publiée la semaine suivante de parution.

Il nous fallait donc attendre une semaine, globalement, pour avoir les premières réponses à l’annonce.

Ce temps lent est sans commune mesure avec l’usage aujourd’hui.

Où l’annonce est publiée instantanément, et visible partout, tout de suite.

Cet élément technique de la durée, liée à la diffusion par papier, a influencé nos modes de transaction.

Ce que Régis Debray résume dans la médiologie : la technique influence nos modes de vie.

Le retournement des usages traditionnels et modernes du web 2.0.

Le journal d’annonce gratuite est donc mort aujourd’hui.
Il est intéressant de considérer les usages de l’annonce, aujourd’hui , sur internet, et hier sur le journal papier.

Ils se télescopent.
Autant l’annonce était concise sur le journal papier, autant il est possible sur les sites d’annonces sur internet de pouvoir détailler son annonce.
Les usagers ont pourtant reporté la concision de l’annonce sur le web.
Les annonces sur le web se résument à une ou plusieurs photos, et un prix.

L’opportunité de pouvoir pourtant décrire en détail n’est pas prise :

Pas de descriptif technique ( l’internaute saura rechercher lui-même ) ; pas de commentaire sur l’usage du produit.

Il faut à l’acheteur d’appeler l’annonceur pour avoir plus de détail.
La concision technique et économique évoquée plus haut n’a plus lieu d’être. La concision est la traduction d’une répétition d’un usage traditionnel. Et d’une certaine fénéantise propre à l’usage du web.

L’ouverture au monde, selon la presse gratuite des petites annonces.

Il est exagéré d’indiquer que les journaux de petites annonces étaient une ouverture sur le monde.

Point de sujets fondamentaux sur la science, l’histoire.

Mais il y a un sujet subtil qui nourissait le jeune adolescent en mal de découvertes sur son monde  immédiat : celui de la sexualité.

Car les annonces coquines, toujours feutrées et discrètes avaient leur rubrique « Messages personnels ». Et à la lecture codée des annonces, on découvrait le monde des adultes.

Aujourd’hui, internet permet la découverte de soi, de son corps, de sa sexualité.

Pour un adolescent, c’est l’usage d’internet comme source de pédagogie.

Le contrôle parental sur les ordinateurs permet de limiter les abus.

Dans les journaux papiers, le contrôle parental n’existait pas. Couper ou railler des annonces… Voilà la technique qui aurait pu fonctionner.

Et il est évident que ces annonces restaient courtoises. Au lecteur de décrypter !

Notamment, l’homosexualité , dans les années 1970 et 1980, sujet tabou, voire répréhensible par loi, avait bonne place. Et derrière H. ch H., le jeune homosexuel qui cherchait ses pairs comprenait qu’ils existaient.

Derrière une pratique oubliée, par la modernité des usages, les enseignements de cette archéologie technique sont intéressants. L’annonce papier en 140 caractères est morte.

Mais pas l’usage. 

On lira les billets sur les autres objets désuets du XXeme siècle : le dictionnaire, l’ennui, le point-virgule ; dans la catégorie Médiologie, ces objets oubliés du XXeme siècle.

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2 réflexions au sujet de « La fin du journal d’annonces gratuites, cet objet désuet du XXeme siècle »

  1. Ping : Le silence, cet objet oublié du XXème siècle | Zeboute' Blog

  2. petite annonce locale gratuite

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