Les réseaux sociaux en campagne électorale : Interview de Matthieu Lamarre

La parole politique innonde nos médias, élections présidentielles françaises obligent !

Les élections 2012 exploitent en puissance la communication,via les réseaux sociaux : facebook, twitter.

Et non plus seulement sur un site internet institutionnel d’un parti. Mais par l’échange, l’interactivité. Les buzz aussi.

Quel regard sur l’outil numérique par nos candidats ?

Spécialement pour ce blog, dédié aux sciences de l’information et de la communication, Matthieu Lamarre, responsable de la campagne numérique de François Bayrou m’a accordé un entretien. Autour de cette thématique. La campagne de la vie numérique en coulisses !

Matthieu Lamarre est responsable de la campagne numérique de François Bayrou. Il n’est pas arrivé là par hasard : il nage dans les médias depuis toujours.

Rédacteur en chef de journaux lycéens puis étudiants, journaliste puis responsable web du Mouvement Démocrate. Et il a un visage. Sur Twitter, à la différence de ses confrères/adversaires, il affiche son profil avec une jolie photo !

Twitter et l’expression d’une parole politique en 140 caractères

Guillaume Boute : Merci Matthieu de m’accorder ce petit entretien autour de l’usage du numérique et des réseaux sociaux autour de la campagne électorale.

En suivant vos tweets, vous avez répondu rapidement à ma sollicitation .

Preuve que vous abordez les réseaux sociaux tels qu’ils sont : un outil de convivialité, d’instantanéité. J’ai sollicité d’autres candidats et confrères, et aucun ne m’a répondu.

Concernant Twittter, le message est limité à 140 caractères. Cela limite l’expression de la pensée, surtout lorsqu’elle doit être précise pour refléter la parole du politique.

Comment abordez vous cette problématique ?  Comment donner du sens en peu de mots ?

Matthieu Lamarre :  C’était justement la seule inquiétude de François Bayrou lorsqu’il ouvrit son compte Twitter, début 2011.

140 caractères, c’est bien peu quand, comme lui, on est un homme de lettres, que l’on refuse la petite phrase et que l’on tient à détailler son raisonnement.

Une heure après s’être essayé à l’exercice, il était convaincu : même en politique, on peut s’exprimer en 140 caractères, sur tous les sujets.

Cela force à aller droit au but, à être clair et concis. C’est ce qu’il fait depuis sur son compte personnel (@bayrou) et c’est ce que nous faisons sur le compte de l’équipe de campagne (@nousbayrou).

L’e-reputation politique

Guillaume B. : Etre visible , on le voit avec certains politiques, cela peut être à double tranchant. Un tweet mal formulé peut générer du buzz négatif. Lorsque vous tweetez, y a t il toujours cette petite angoisse de se dire « ce que j’écris, c’est la politique de François Bayrou, attention ! », ou à un moment vous l’oubliez totalement ?
Matthieu L. : Le compte de l’équipe de campagne, c’est près de 60.000 followers. La moindre erreur peut donc avoir un retentissement énorme…

Forcément, au début, cela donne le tournis ! Et puis on s’y fait.

L’enjeu est de trouver un équilibre entre d’une part la rigueur et la vigilance, d’autre part la réactivité et le naturel. Visiblement, nos community managers s’en sortent bien puisque nous n’avons eu aucun incident jusqu’à présent.

Guillaume B. : Souvent on parle de la parole politique comme de « la langue de bois ». Et souvent, être présent dans les médias, c’est surtout montrer une posture plus que démontrer une politique.

Les Français sont méfiants du politique ( « tous pourris » ). Comment aborder cela avec Twitter, pour ne pas être une simple « vitrine » d’un parti?

Matthieu L. :  – Difficile de faire de la langue de bois et de contourner les questions en 140 caractères !

D’autant plus que celles qui nous sont adressées sont souvent claires et précises. Cela nécessite encore une fois que l’on aille droit au but dans nos réponses.

Et si nous tapons à côté, on peut faire confiance aux twittos pour nous relancer. C’est sûrement pour ça que nous sommes la seule équipe de campagne qui a fait le pari d’un dialogue plein et entier avec les internautes.

Les autres équipes jugent souvent que cela apporte plus de contraintes que d’avantages, font mine de ne pas voir les mentions qui leurs sont adressées ou laissent leurs militants répondre, ce qui ne les engage pas.

Nous sommes pour notre part convaincus que le dialogue est l’enjeu essentiel des politiques sur les réseaux sociaux.

Guillaume B. : Le numérique autour de Bayrou, c’est un site, des comptes sur les réseaux sociaux, des applications mobiles…

Y a t il une stratégie ou disons des bonnes pratiques que vous appliquer, pour donner du sens, selon le canal utilisé ?

Matthieu L. : – L’important est d’avoir une vision globale du projet.

Créer un nouvel outil à chaque nouveau besoin, ouvrir une nouvelle rubrique sur le site à chaque nouvelle demande, cela conduit très vite à un grand n’importe quoi et perd les internautes.

Nous avons donc travaillé dès le début 2011 à l’élaboration d’un écosystème digital de campagne, obtenu sa validation politique à la rentrée et entamé à la même période la recherche de prestataires capables de nous apporter les compétences que nous n’avions pas en interne.

Nous séquençons la sortie de chaque outil mais savons déjà à l’avance quelles seront les prochaines étapes.

C’est cette vision à long terme qui donne la cohérence et le sens de notre action web.

 » Une heure après s’être essayé à l’exercice, François Bayrou était convaincu : même en politique, on peut s’exprimer en 140 caractères, sur tous les sujets. ».

Guillaume B. : Nos politiques ne sont pas nés dans le web, aussi vous êtes une des pierres angulaires de la communication via les réseaux sociaux.

Comment se passent les échanges avec François Bayrou et le numérique ?

Matthieu L. :  François Bayrou est un candidat atypique dans ce domaine : il est l’un des rares candidats qui croient profondément en Internet et il est le seul à en être un utilisateur assidu, un internaute pratiquant.

Pour lui, internet est une révolution culturelle, un apport jamais vu en matière de partage de la connaissance, de démocratisation de l’accès à l’information, d’appropriation du débat publique.

Il fréquente les blogs, les sites de médias, les réseaux sociaux. Il est le seul qui tweete lui-même.

Tous ses votes à l’Assemblée nationale se sont inscrits dans ce sens. Il est un grand promoteur des logiciels libres, il s’est opposé vivement à DADVSI, à HADOPI, à LOPPSI. Il a voté pour la neutralité du net.

Cela simplifie considérablement nos échanges, au point qu’il nous apporte autant d’idée que nous lui en apportons.

Guillaume B. : Bon, des nombreux tweets que vous suivez, recevez, y en a t il un qui vous a interpellé, secoué ou que vous avez adoré ?

Matthieu L. :  Il y en a chaque jour. C’est toute la richesse de Twitter : un flot d’informations, d’une diversité rare, des rapports humains qui se nouent et débouchent sur des rencontres enrichissantes…

Dur de sortir un tweet particulier du lot, mais beaucoup de petits très bons souvenirs.

Merci Matthieu, pour votre disponibilité ( en ces temps de campagne ), et votre gentillesse.

Interview réalisé en février 2012. Consacré aux Sciences de l’information et de la communication, cet interview n’a pas le but de promouvoir un candidat particulier, ( tous sollicités ), mais de mettre en lumière politique et réseaux sociaux. 

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2 réflexions au sujet de « Les réseaux sociaux en campagne électorale : Interview de Matthieu Lamarre »

  1. Ping : Merci aux 100 000 curieux des Sciences de l’information et de la Communication | Zeboute' Blog

  2. Ping : L’imprimerie a permis de lire, internet d’écrire ? | Zeboute' Blog

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