Ecrit entre 1956 et 1957, Mythologies, de Roland Barthes entend décrypter les ordres moraux, bourgeois dans la culture dite de masse, du quotidien.
Il prend en exemple un article du magazine Elle, qui publie sur une même photographie 70 romancières françaises.
Et à côté du nombre de romans écrits par chacune de ces romancières, est indiqué le nombre d’enfant de chacune d’elle.
« On annonce par exemple Jacqueline Lenoir ( 2 filles, un roman ) ; Marina Grey ( un fils, un roman ), etc… ».
Qu’est-ce que cela veut dire ? ceci :
» les femmes sont sur la terre pour donner des enfants aux hommes, qu’elles écrivent tant qu’elles veulent, qu’elles décorent leur condition, mais surtout qu’elles n’en sortent pas : que leur destin public ne soit pas troublé par la promotion qui leur est concédée. Jouez à l’homme, écrivez comme lui, mais ne vous en éloignez jamais. Revenez bien vite à votre condition. »
Le magasine Elle ne parle que de la femme.
Hymne à la féminité.
On ne parle pas des pères de leurs enfants. Mais si ils sont absents du magazine, ils sont nul part et partout : l’homme n’y est jamais à l’intérieur, mais partout autour.
Surtout là, comme le magazine, pour rappeler que la condition de la femme se résume à la génitrice.
Sous couvert de modernité, valorisant les romancières à l’égal de l’homme, « Elle » n’a pu s’empêcher d’y distiller cet ordre moral ; en indiquant comme une étiquette le nombre de progénitures.
Se méfier des médias consensuels, modernes, décalés, mais qui au fond ne laisse que du « jeu » dans la laisse du chien.
On lira de manière plus détaillée l’analyse de l’essai de Roland Barthes sur le mythe, Mythologies de Roland Barthes.
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