Notre cerveau structuré par nos nouveaux médias

L’ école républicaine et les siècles de réflexion sur le progrès humain aboutissent à une nouvelle donne aujourd’hui : les nouvelles technologies.

Pourquoi ?

Ce  n’est pas un phénomène de mode. Ce blog aurait pu être écrit en 1946, 1972, 1982  et 2011.

Sur deux points essentiels :

Pensée structurée par la technique, et pensée noyée dans les tripes, l’émotion.

  1. la pensée est structurée par la technique, et inversement. Les découvertes au Xviiieme et Xix siècle sur les nouveaux territoires géographiques, par la navigation, le transport, l’accélération des modes de communication ont influencé et structuré l’esprit. De nouvelles cultures, la diffusion par les médias de la connaissance et l’information ont permis à chacun de réfléchir différemment, loin de ses contingences quotidiennes. Ce que l’on appelle en terme de sciences de l’information la médiologie, soit la transmission par la pensée, par les artefacts artificiels de la technique. [ on lira Médiologie générale ].
  1. la pensée n’est plus une ontologie pure de l’esprit, comme dans l’antiquité, ou les philosophes pensant que la réflexion n’était que production de l’Idée de l’esprit. Que le langage, le média est source de parasite et dénature l’esprit et soi même. Il est révélateur que plusieurs siècles de progrès spirituels, nécessaires, ont tout de même abouti, dans l’école républicaine par exemple,  à penser « thèse, antithèse, synthèse ». Sans concevoir que la réflexion aurait dû également prendre en compte la dimension humaine et émotionnelle. Si Kepler a formalisé ses lois, dites lois de Kepler, c’est qu’il était jaloux, ambitieux, et s’est influencé des batailles scientifiques où la raison a pu perdre raison…

Aujourd’hui, les sciences de l’information et de la communication ont nuancé cette approche plus « humaine ». Ce que l’on peut dans certains domaines appeler la pragmatique, c’est à dire, d’intégrer la relation des actions de l’homme sur l’homme. On ne réfléchit pas tout seul, sinon on se condamne à la stérélité…

Certes la réflexion est toujours de l’ordre de l’esprit cartésien, dont la structure physique suit les mécanismes de logique. [ on lira Von Neumann L’ordinateur et le cerveau ]

Mais réfléchir aujourd’hui c’est appréhender et accepter :

–         La discursivité de la pensée entre hommes. C’est l’échange d’argument contre argument, dans une agora , ou communauté ( pour reprendre le vocabulaire des réseaux sociaux ). Avoir seul raison, « ne sert à rien. », peu importe la génialité de sa pensée. On se réfèrera au texte intéressant de l’Ecole de Paolo Alto : Communiquer c’est entrer dans l’orchestre.

–         la technique.

Comme la télévision a modifié nos comportements, nos réflexions, et nos rapports à la société, la politique, les nouveaux médias, comme internet, structure notre pensée.

Google ,depuis dans son May Day[ il s’agit pour Google en mai 2010 de refondre son algorithme de propositions de recherche sur son moteur ], a défini les prochaines étapes de la réflexion via le média. Car aujourd’hui réfléchir et s’informer passe par le réflexe d’internet. Surtout les écoliers pour leurs dissertations, et ce blog est référence pour les dissertations, tant mieux !.

Le May Day de Google est important car, soumis à la technique, les usages internet, et les usages de la réflexion ( liés à la technique ), il définit les nouvelles façons d’appréhender le réel et de réflexion.

Les typologies du nouvel algorithme de Google sont les suivantes :

–         la navigation pure pour trouver un site, sans devoir taper l’adresse internet ( taper « méteo France » pour trouver le site www.meteofrance.fr ).

–         La recherche d’information et de contenu. Là nous sommes au cœur de la recherche de la réflexion.

–         L’acte de pré achat. S’informer potentiellement sur un produit.

–         L’achat. Trouver le site et réaliser la transaction d’achat.

S’intéresser à cet algorithme, c’est un peu réfléchir à comment on va réfléchir, puisque on pensera via ce moteur de recherche, tant qu’il sera hégémonique.

Dans la recherche d’information et de réflexion sur notre monde, soit le point numéro 2, Google s’appuie à la fois sur la richesse du contenu des sites ; et sur la fraîcheur des informations.

La fraîcheur des informations renvoie à une contradiction dans l’appréhension par la pensée, qui nécessite repère, réflexion, contre temps, et prendre son temps. On réfléchira à un temps immédiat, et une contradiction entre l’espace et le temps délicieux.

Une fois projeté sur une page pertinente, la réflexion ne suit plus le schéma cher à l’école républicaine et à la pensée en mouvement depuis l’antiquité.

Elle suit le schéma :

–         Séduction

–         Réflexion

–         Projection.

Dans la séduction, c’est captiver l’auditoire, comme le faisaient les sophistes [ le blog et le sophiste ], susciter l’intérêt. Les nouvelles réformes scolaires sont d’ailleurs accès sur ce fait. Mettre en mouvement la connaissance, la rendre accessible, et « dynamique ».

Les blogs jouent beaucoup de cette séduction : captiver l’intérêt où justement cet intérêt est fragile, face aux millions de pages internet.

Séduire c’est permettre d’approfondir. La réflexion joue son plein. Les sites institutionnels ont oublié la séduction. Les sites trop confidentiels ou trop complexes ont perdu leur auditoire. Et mourront ceux qui n’ont pas intégré cette dimension, comme Charcot, qui a été devancé par Freud, plus expert dans l’image ( conférences, publications… ). Wikipedia et les journaux comme Le Monde peuvent capter l’auditoire et pousser à la bonne réflexion, par la séduction de leur contenu, et leur richesse informationnelle.

Projection. Derrière la séduction et la réflexion, voilà l’internaute seul avec lui même. Les liens hyper textes renvoyant à d’autres articles, suivent la structure du cerveau qui par l’entrelacement des neurones, renvoient à d’autres envies, d’autres réflexions. Un bon site ( qui reprend les schémas réflexion / projection ) se doit de projeter l’internaute ailleurs, sur des sujets connexes.

Voilà la nouvelle donne d’une réflexion , prise dans l’instant, le titillement des neurones, la projection vers d’autres pensées, personnelles et navigationnelles sur le média.

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8 réflexions au sujet de « Notre cerveau structuré par nos nouveaux médias »

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  4. thomasson

    Je trouve cet article excellent. Je pense qu’effectivement notre cerveau devient structuré par la technologie. Mais il s’agit plutôt ici de l’aspect cerveau gauche, logos, calcul, que devient de façon exacerbée dominé par l’avoir, le faire, la compétition et la performance.
    L’aspect cerveau droit devient pour beaucoup atrophié. Or, c’est celui du « coeur, de l’intuition, de l’art…). J’ai eu un AVC en 2009 suivi d’une opération (cancer du colon) dont je me suis bien rétabli. C’est alors que je me suis découvert un goût pour la peinture et la spiritualité. Depuis, je ne pense plus de la même manière, je me sens transformé, l’avoir, le matériel ne représentent plus du tout la même chose pour moi. Je ne vois plus internet de la même manière. Je sens l’aspect manipulatoire de la technologie. Je ne le refuse pas, mais je ne me sens pas aliéné comme le sont je crois, beaucoup de personnes. La parole de l’évangile qui me guide dans ce domaine est: « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

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    1. zeboute Auteur de l’article

      Merci pour votre lecture attentive et pertinente. Effectivement, si les hémisphères gauches et droits ( qui sont une structuration scientifique arbitraire, somme toute ), pouvaient se conjuguer ensemble et fournir une vrai dimension intellectuelle, nous aboutirions à une meilleure approche de notre façon de penser au monde.
      Bonnes lectures. N’hésitez pas à vous abonner à ce blog. cordialement, l’auteur de ce blog.

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  5. Jean-michel Thomasson

    Je trouve cet article excellent. Je pense qu’effectivement notre cerveau devient structuré par la technologie. Mais il s’agit plutôt ici de l’aspect cerveau gauche, logos, calcul, que devient de façon exacerbée dominé par l’avoir, le faire, la compétition et la performance.
    L’aspect cerveau droit devient pour beaucoup atrophié. Or, c’est celui du « coeur, de l’intuition, de l’art…). J’ai eu un AVC en 2009 suivi d’une opération (cancer du colon) dont je me suis bien rétabli. C’est alors que je me suis découvert un goût pour la peinture et la spiritualité. Depuis, je ne pense plus de la même manière, je me sens transformé, l’avoir, le matériel ne représentent plus du tout la même chose pour moi. Je ne vois plus internet de la même manière. Je sens l’aspect manipulatoire de la technologie. Je ne le refuse pas, mais je ne me sens pas aliéné comme le sont je crois, beaucoup de personnes. La parole de l’évangile qui me guide dans ce domaine est: « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

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