La communication analogique par les sens. Etre ensemble.
Le carnaval dunkerquois a cette particularité, qu’il n’est pas une pose, un spectacle , mais se vit.
Chacun se déguise, et surtout chacun recherche de ne pas être ce qu’il est. Ouvriers, patrons, tous sont ensemble ; et le déguisement permet de ne plus être soi. Et de se cotoyer tous ensemble.
L’effacement des codes.
Voilà une première caractéristique des relations humaines inhilées : personne ne présente un statut social. Tous chantent les chansons paillardes, qu’on soit riche, pauvre, avec un statut ou pas. Le chef d’entreprise peut être chahuté, il chante les mêmes chansons que tous. Pas de hiérarchie.
La communion.
Faire le carnaval c’est partager un moment d »émotions. Avec ses codes. D’abord les chansons, les rituels ( le rigodon, par exemple, qui est un moment clé : autour d’un point central, les carnavaleux tournent autour, en chantant , c’est l’un des points crucials de la fête ). Les « bandes », dans la rue, sont un défilé organisé, avec les anciens devant, qui jugulent le flux humain. Et qui permet que cette concentration humaine ne déborde pas dans le chaos…
Les relations humaines ici sont faites d’une pure communion des sens ; par le chant, les gestes, la proximité. Le chant final, hymne à Jean Bart ( Corsaire dunkerquois qui a fait figure, et permis la fin de la famine en France au XXIIIeme siècle ) fait agenouiller tous les carnavaleux et chanter, la voix fébrile. Se toucher, et surtout parler à l’étranger de la ville, voilà la plus belle forme de communication humaine. Mieux qu’un réseau social. Demain tout le monde aura oublié ( car chacun est déguisé, et anonyme, comme sur les réseaux sociaux 🙂 )…
Se retrouver, effacer les codes hiérarchiques, et prendre plaisir, voilà un modèle ancestral mais moderne d’une communication « entre soi ».
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