
Le haiku est un poème en 3 vers.
Ecrire quelques vers
Ma vie est un Haiku
Chaque jour mes mots.
La forme littéraire a plu, plait et plaira.
Pourquoi le Haiku est-il encore moderne, et inonde nos vies numériques ?
Médiologie du Haiku !
Qu’est-ce qu’un haiku ?
Le haiku est un poème, dont l’origine est japonaise. Il s’agit d’un poème très court.
Généralement, à l’origine, il évoquait le rythme des saisons.
Il est composé en théorie de 17 mores, composées de 3 vers selon la règle de 5 syllabes ; 7 syllabes et 5 syllabes.
Cette forme est très codifiée, et doit respecter à la lettre ces 5/7/5 syllabes.
Le Haiku est la contraction de « HaikaÏ no rengo« . Il correspond au premier verset. Et qui remplacera le long poème par les 3 premiers vers.
En occident, il apparaît à la fin du XIXème siècle.
Histoire du Haiku en occident
A la fin du XIXème siècle, puis à partir du XXeme siècle, plusieurs poètes occidentaux cherchèrent à transposer dans leur langue l’esprit du haïku. Comme Charles Baudelaire.
Et plaira aux poètes.
Pourquoi un tel enthousiasme ?
L’intérêt pour cette forme poétique japonaise s’inscrivait dans le même sens que la percée du japonisme dans les arts picturaux.
C’est un genre poétique oriental difficile à transposer dans les langues occidentales. Ou on préfèrera la syllabe au « more ».
Le haïku séduisait par son exotisme. Mais surtout par sa brièveté. Qui le rend à la fois léger, et profond.
L’exercice du Haiku est exigeant, car il respecte une forme rigide. Comme les structures des alexandrins. Ici, le caractère minimaliste nécessite de bien choisir les quelques mots qui feront une forme poétique.
Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense.
Charles Baudelaire
Le Haiku a également une forme suggestive.
On retrouvera ainsi dans la littérature occidentale, les « poésies-flash » de Blaise Cendrars.
Les recueils de haïku occidentaux les plus célèbres sont ceux aussi de Paul Éluard ( Pour Vivre ici, 1920) et de Paul Claudel (Cent Phrases pour éventails, 1942).
Les poètes dada en firent aussi un mode d’expression privilégié ; Francis Ponge y vit un genre apte à exprimer « la résistance des mots ».
Effectivement, comme on l’a indiqué, le choix des mots est contraint. Ce sont les mots qui expriment l’image, la suggestion ; et pas la raison qui s’exprime par les mots.
Aux États-Unis aussi, le haiku eut un succès. Il se développa principalement autour des poètes du mouvement « imagiste » (Ezra Pound).
Ces poètes appréciaient son pouvoir évocateur.
Plus récemment ensuite, les écrivains de la « beat génération » ( Allen Ginsberg, Jack Kerouac ) renouvelèrent le genre. En leur donnant une forme propre à l’expression de la modernité.
Petits exemples de Haiku

Alors, à quoi ressemble un Haiku ?
Voici quelques petits exemples de Haikus. Ecrits de ma plume.
Derrière la tourmente
Se cache déjà l’éclaircie
Si rassurante
Le smart phone brûle
Devant l’actualité
Mettez le en pause
Un mot qui vous blesse,
Votre carapace est forte
Votre vie vaut plus
On lira d’autres haikus, pour s’inspirer ou découvrir, ici : Les liaisons poétiques.
La modernité du Haiku
Le Haiku a survécu à la poésie poussiéreuse qu’on lit en classe, à l’école. Ou dans les vieux livres.
Le Haiku s’exprime par exemple, sur les réseaux sociaux. Des groupes Facebook réunissent les passionnés de Haikus. Ici la page Facebook « Haiku du jour«
Twitter, maintenant X, est sans nul doute le média qui se plie le plus au haïku.
Enfin, sans la première version de Twitter ; qui obligeait à écrire un message, un tweet en 140 caractères. Pas plus.
On retrouve les mêmes principes que le haïku :
– l’instantanéité et l’urgence de vouloir écrire.
– la limitation à 140 caractères.
Comme les 3 vers à 5/7/5 syllabes. Réfléchir aux mots de façon économique. Une exigence, sinon impossible de tweeter.
Évidemment le haïku peut se twiterriser. Se mettre en tweet ; pourvu qu’on y mette la poésie, le contenu propre au haïku.
Et le tweet, comme le haïku libère son énergie, bout de poésie autonome qui prend son envol, dans le ciel. Ici, le Cloud. Et dans les esprits.
Le tag, média du haïku, sur les murs.
Plus ancien et moins numérique, le mur est parfois l’expression inscrite à la peinture.
Sur les murs, le tag est aussi l’endroit où la poésie peut s’exprimer.
On y retrouve aussi la même urgence d’écrire. Ici pour ne pas se faire prendre par la police.
La même urgence d’écrire l’humanité. Le tag est souvent engagé. Contre la haine, pour l’humanité. Des slogans, des phrases qui résonnent comme un haïku.
La brièveté du message, comme le haïku. Se dépêcher d’écrire, pas trop de peinture pour s’étaler…
Le tag sur un mur peut se faire haïku.
On pourrait aussi parler du tatouage sur la peau. Qui parfois inscrit quelques mots, limités à la partie du corps. Des mots profonds puisqu’ils s’inscrivent à vie sur le corps.
On pèse les mots et on a réfléchi à imprimer littéralement les mots qui résonnent pour soi.
La peau peut être un haïku. Ou le haïku une peau indélébile, un poème de sa vie.
L’instantanéité du Haiku.
Le haïku s’écrit rapidement, se lit facilement, se retient facilement.
Dans un monde où l’instant prime ; la fainéantise d’écrire de longues pages prend le pas sur la longueur du texte…
L’exigence du haiku n’est pas fainéantisme, dans la construction poétique. Mais dans l’exercice minimaliste. Où la relecture, la conjugaison à surveiller et appliquer sont limitées. Plus simple.
Et dans un monde où tout devient immédiat, le haïku répond à l’urgence. Pencher en quelques syllabes le monde qu’on voit, qui nous nourrit.
Urgence de vie et urgence de dire, d’écrire.
L’aspect minimaliste résume le minimum, la frugalité qui inspirent maintenant le monde moderne. Faire mieux avec moins. Écrire mieux avec moins.
Le succès du Haiku réside aussi dans sa simplicité à le retenir.
Et sur l’oreiller, sussurer à sa dulcinée ces quelques mots poétiques permet de suggérer l’amour. Facilement. Prêt à l’emploi…
La fonction poétique du Haiku
Jakobson, linguiste, a formalisé les 6 fonctions du langage.
Il ne s’agit pas que du message lui-même.
Dans le haïku, Chaque mot est choisi, mesuré parmi les milliers de mots de la langue française. La combinaison des mots entre eux est également un choix.
A la différence de la fonction référentielle, phatique ou métalinguistique qui au contraire nécessitent une ponctuation infinie de mots, de phrases
Dans le Haiku, on oblige à choisir. Par la limitation.
La fonction est dite poétique, car le message a une construction autonome, donnant un son, une phrase « qui sonne bien ». « Je te hais, ne sois pas niais », à la place de « Je te hais ne sois pas idiot », qui convient moins à l’oreille. Il s’agit du langage comme utilisation des figures de styles.
Il ne faut pas réduire la fonction poétique à la poésie comme on l’entend généralement. La poésie est oeuvre de création. Aussi tout mot, toute formule utilisée comme une création rythmique, imagée relève de la fonction poétique.
Le haïku est la création optimale, suggestive qui a un écho.
Voilà pourquoi j’écris des Haikus, chaque matin.
Comme une hygiène de vie poétique, qui réveille les neurones : Les bienfaits du Haiku
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