Louise et Denise Boute, une histoire de syndicalisme et d’égalité des hommes, et femmes.

Le monde de l’entreprise est un monde où l’on cherche bienveillance, solidarité, entre-aide. Le bien vivre ensemble !

Respecter chacun, dans sa diversité. Hommes et Femmes, personnes d’origine étrangères, homosexuels, handicapés…

La longue histoire de ma famille s’est ancrée dans ces valeurs de solidarité.

Madeleine Singer, historienne de la CFDT, retrace ici son histoire.

Louis Boute et Denise Boute, mes grands-parents.

Louis Boute, tisseur à 13 ans.

Premier syndicaliste de la famille Boute, le père de Louis, Louis, Léopold Julien BOUTE adhère à la CFTC ( qui deviendra ensuite la CFDT ) en 1922.

C’est la date à laquelle la famille, venue de Belgique ( Bruges et Gand ), s’installe en France, le 14 juillet 1922 à Armentières.

Chauffeur de chaudières, le père de Louis ne parlait peu Français.

La lignée des Boute devient Française, naturalisée le 13 octobre 1931.

A 13 ans, Louis Boute entre à l’âge de 13 ans comme tisseur chez Rogeau, à Armentières.

A l’époque, les enfants travaillaient à l’usine ; un salaire dérisoire qui permettait aux patrons du textile une main-d’oeuvre à bas coût.

Par la suite, Louis Boute prit des cours du soir pour devenir contremaître. Il décida finalement de conserver son statut d’ouvrier, fier de sa condition ouvrière.

A l’âge de 14 ans, Louis Boute milite déjà. Il fonde en 1932 la première section de la JOC ( Jeunesse Ouvrière Chrétienne ).

Adhérent à la CFTC depuis 1932, il participe à l’occupation de l’usine lors des grèves de 1936. Il plaça le drapeau tricolore français. A l’issue de la grève, il entra à la commission syndicale de l’Union locale CFTC d’Armentières.

A sa majorité, en 1934, il fut élu « délégué d’atelier », ancêtre du délégué du personnel.

L’engagement dans la résistance.

La solidarité dans le monde ouvrier, c’est aussi la solidarité humaine, tout court.

Pendant la seconde guerre mondiale, il participe à la résistance.

Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier le 17 juin 1940 à Arcy-sur-Aubre ( Aube ) où il travailla dans les fermes près d’Albert ( dans la Somme ).

Après un séjour à l’hôpital d’Amiens, il rejoint Armentières en mai 1941. Il reprend son travail dans le tissage ; où il y a peu de travail.

Il participe aux activités de la résistance avec le Docteur Potier ( sous le pseudonyme de Titus ) ; et à la défense passive organisée par la Croix-Rouge.

Après la libération, il est juré au tribunal de Douai, pour juger les collaborateurs. Plusieurs fois, en compagnie de Jules Houcke, chef de la Résistance.

Jules Houcke est lié au mouvement Voix du Nord,qui édite le journal clandestin La Voix du Nord. Houcke est à l’origine de la parution du dernier numéro clandestin avant de créer la société « La Voix du Nord – Houcke et Cie » à la Libération.

Louis Boute eu la médaille de la Résistance.

Le syndicalisme bafoué.

Syndiqué CFTC ( avant la naissance de la CFDT ), il est embauché pour un poste de tisserand chez Salmon.

Louis Boute mettra 2 ans à trouver du travail, alors que c’est le plein emploi dans le secteur du textile. Où l’on recrute d’ailleurs beaucoup de Belges.

Si Louis Boute ne trouve pas de travail, c’est qu’il a l’étiquette de militant syndical.

Son militantisme syndical le fait écarter. Et d’ailleurs, il fait intervenir la CFTC pour éviter d’être déclassé, dans son emploi chez Salmon. Son embauche, d’ailleurs, de manière anecdotique a eu lieu, par une « erreur de la secrétaire ».

Président du Syndicat textile de la région d’Armentières.

Après guerre, après avoir été secrétaire, il devient président du Syndicat textile de la région d’Armentières ; jusqu’en 1967.

Aline Allaert, son ancienne collègue de travail témoigne :

Dans son atelier, il était très proche de tous. Toujours prêt à l’unité avec les autres syndicats quand il s’agissait d’accords qui favorisaient notamment les bas salaires.

Dès 1964, Louis Boute songe à laisser la responsabilité du Syndicat textile pour faire la place aux plus jeunes.

De 1946, jusqu’en 1967, il garda sa fonction de délégué du personnel , et président du Syndicat Textile.

Des responsabilités au niveau national, élu de la Fédération Française des syndicats chrétiens du textile.

En 1956, Louis Boute est élu au bureau de la Fédération Française des syndicats chrétiens. Qui deviendra la CFDT. Il participa au congrès extraordinaire de novembre 1964 qui transforma la CFTC en CFDT ; en défendant son évolution.

Administrateur de la CPAM et de la Caisse Ouvrière de retraites de l’industrie textile ( CORITEX / Vauban )

Toujours engagé, Louis Boute ne l’est pas que pour les travailleurs, mais aussi pour les retraités qui ont passé une vie de labeur difficile dans le textile.

En janvier 1963, Louis Boute faisait partie du conseil d’administration de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie ( CPAM ). Il fut préseident du conseil d’administration de 1966 à 1968., secrétaire et trésorier adjoint jusqu’en 1976. Il siéga au conseil d’administration jusqu’en 1990.

Denise Clément Boute, ou l’engagement politique et humain

Louis Boute épousa Denise Clément en avril 1942. Elle épaula son mari dans ses activités syndicales. Mais elle aussi fut engagée dans la solidarité.

Jusqu’en 1935, elle fut épeleuse dans l’usine textile Dufour. En 1942, elle fut licenciée ; à l’époque on envoyait les femmes travailler en Allemagne.

Prévenue par un résistant, elle put échapper au départ, et tint une permanence de la CFTC.

De 1939 à 1942, elle fut présidente de l’équipe fédérale de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne Féminine ( JOCF ) d’Armentières.

Jusqu’en 19522, elle prit part aux Associations Populaires Familiales ( APF ) du Mouvement de Libération ouvrière ). Elle mit en route les Aides familiales, et organisait le service des machines à laver.

En 1945, elle s’inscrit pour être élue aux élections municipales de 1945 ; la première fois que les femmes pouvaient voter, et être élues. Elle se désista au second tour ; crainte de ne pouvoir élever ses 5 enfants : Etienne, Jean-Louis ( mon père ), Michel, Anne-Marie, Marie-Noelle.

Jean-Louis Boute, fondateur de la section régionale CFDT de l’ANPE.

Jean-Louis Boute ( mon père ) participa à la création de la section régionale CFDT de l’Agence Nationale Pour l’Emploi ( ANPE ). Anciennement Pole-Emploi, puis France Travail.

La section était nouvelle, à la création de l’ANPE par Jacques Chirac. Qui se devait être provisoire..

Jean-Louis Boute fut membre actif de cette section CFDT au niveau régional, à Lille.

Jean-Louis Boute fut conseiller auprès des personnes rejetées du monde du travail ; notamment pour aider les femmes séparées de leur conjoint, et n’ayant jamais travaillé.

Anne-Marie Boute, l’engagement pour les handicapés, des migrants et publics en difficulté

Le vivre ensemble au travail, Anne Marie boute et Patrick vermeersch

Anne-Marie Boute, ma maman, s’engagea dans le bassin Dunkerquois pour l’insertion des personnes en difficultés et les migrants elle travailla ainsi pour l’ARFEM ( Association Régionale pour la Formation et l’Education des Migrants et des publics en difficulté d’insertion ).

Lourdement handicapée, elle s’impliqua ensuite dans les associations d’aide aux handicapés.

Voilà l’histoire d’une grande lignée.

90 ans après mon grand-père, 1934, me voici ( enfin ! ) délégué du personnel et syndiqué CFDT en 2024. Comment ne pas en faire autrement ?

Louis Boute fut, comme le dit Aline Allaert, « une grande figure du syndicalisme ».

Sources :

Photo Charles Achille Rogeau : Archives municipales d’Armentières.

Archives de la CFDT, par Madeleine Singer, historienne.

2 réflexions au sujet de « Louise et Denise Boute, une histoire de syndicalisme et d’égalité des hommes, et femmes. »

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