Les smombies, vous en voyez tous les jours dans la rue. Ces jeunes, ou moins jeunes, les yeux fixés sur leur smartphone, tout en traversant les passages piétons.

Ils sont une nouvelle espèce de notre monde connecté.

A découvrir ici !

Qu’est-ce qu’un smombie ?

Smombie est la contraction du mot smartphone et zombie.

Il désigne un piéton qui a les yeux rivés sur son téléphone portable ( smartphone ) comme un zombie : il ne fait pas attention à ce qui l’entoure. Met en danger les autres et soi même.

On pourrait élargir le terme smombie aux cyclistes ou aux personnes qui font de la trottinette électrique…

Le smombie est une personne arrivée dans le début du XXème siècle. Et sa population grandit chaque jour ; même si certains smombies finissent écrasés par une voiture…

Le danger n’est pas anodin. D’après la commission Européenne, les piétons représentent 21% des accidents de la route. Et 17 % des piétons des grandes villes auraient un comportement à risque. En envoyant des SMS, en téléphonant, en envoyant des messages sur Whatsapp. Au Japon, la ville de Yamato a interdit cette utilisation depuis 2020 ; devant les accidents des piétons.

Dans de nombreuses villes, des avertisseurs sonores sont mis en place, des panneaux ou des indications « Regardez devant vous ! »

Le smombie, l’objet humain et technique.

Le smombie est révélateur du mélange de l’être humain et de la technique, l’objet numérique qu’est le smartphone.

Les détracteurs des nouveaux usages hyper-connectés peuvent dénoncer les méfaits de la technique, et du smartphone. Pourtant, la technique a été de tout temps la béquille de l’être humain. Et a permis les progrès. Le smartphone peut être considéré comme une augmentation technique de l’être humain. Qui devient soi, jusqu’à ce qu’il concentre toute notre attention. Même en traversant un passage clouté.

Reprenons l’exemple plus ancien, celui des lunettes. Elles permettent au myope de voir. Et sans cet objet, posé en permanence sur son nez, il serait impossible de vivre confortablement. Il s’agit bien d’une béquille qui nous aide. Et personne ne la remettrait en cause.

Le smombie, dans son exagération de l’usage du smartphone, est ainsi une représentation de la technique lovée à l’être humain.

La technique peut rendre esclave, comme le Smombie l’est ; comme le jeune adolescent pris de FOMO : Fear of Missing Out. Et accroc à son smartphone, à son réseau social.

Le smombie est ainsi souvent aussi atteint de FOMO, celui de rester accroché à son smartphone ; de peur de louper quelque chose sur internet, sur son réseau social…

Le Smombie ne peut pas ne pas communiquer.

Paul Watzlawick, dans un axiome de référence sur la communication, nous rappelle qu’on ne peut pas ne pas communiquer. A lire ici : on ne peut pas ne pas communiquer.

Dans un aéroport, un voyageur endormi ne parle pas, ne communique pas. Pense-t-on. En fait, il communique quand même : « je suis fatigué ».

Le smombie qu’on voit marcher dans sa bulle numérique est bien un zombie. Il ne parle pas. Pourtant, il y a bien une communication non verbale du smombie :

Il nous dit qu’il ne veut pas vivre la réalité du moment. Celle d’être ensemble dans la rue. Et indique qu’il est ailleurs, avec d’autres et pas avec vous, qui le regardez.

En ce sens, le smombie communique, même si on a l’impression qu’il n’en est rien.

D’ailleurs sa posture peut énerver, pour le témoin.

Le smombie semble vous « snober », vous ignorer ; vous dire que vous n’existez pas, et pas important.

C’est ce qui se nomme aussi « Phubbing ». Un autre néologisme : contraction de « phone » ( téléphone ) et « snubbing » ( snober, ignorer ). L’acte d’ignorer les personnes physiquement les personnes en consultant son téléphone plutôt que d’être et communiquer avec les personnes. Un phénomène qu’on voit tristement au restaurant..

Comme une exaspération que le smombie, par son comportement, vous méprise, vous ignore.

Le smombie enfermé dans sa propre surveillance.

Le smombie est un zombie : il ne voit plus la réalité ( celle d’être dans la rue autour des voitures qui circulent ). Il est vidé de sa substance, sans volonté. Telle est une définition du zombie.

Et effectivement, le smombie obéit finalement à l’emprise de son smartphone. Il n’est plus maître de soi. Il n’a plus la volonté de s’inscrire dans le présent, dans la rue.

Mais dans son nuage numérique, le cloud.

Le smombie est gouverné par la discipline, celle des GAFAS et des géants du numérique. Facebook, Tiktok, Instagram..

La discipline contraint le smombie. La discipline, selon Michel Foucault, est une technique de gouvernance des corps.

Le cadavre mort, vidé de sa substance, qu’est un zombie ( et le smombie ) est bien un corps vidé de son raisonnement présent, dans la réalité.

C’est l’objet du technolibéralisme, c’est à dire des entreprises numériques, prônant la libération, l’augmentation de la liberté par l’ouverture au monde ; par la connaissance disponible partout.

Connecté au reste du monde même sur le passage piéton. Devant cette proposition de liberté, pourtant le smombie est esclave de ces géants numériques. Apple est l’entreprise qui le tient en permanence. Par l’iPhone. Ou Google par Android.

Ainsi c’est faire de l’homme un animal prévisible, et adapter son comportement pour le rendre conforme aux attentes sociétales. La norme sociétale qui est d’être disponible à chaque instant pour les autres. Pas pour ceux autour de soi.

Mais pour tous les autres, et souvent même avec des personnes inconnues. Qu’on ne connaît même pas. Sauf par un pseudo, une image, un avatar.

Le bouton « off » existe sur mon smartphone. Le smombie peut se réveiller.

Et ouvrir les yeux. Voir le merveilleux autour de soi. Et regarder mon regard, depuis le trottoir. Là naissent souvent les belles histoires.

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