Les banquiers, la crise, la grève, et l’information

L’information est restée discrète.

Dans la région du Nord pas de Calais, à Lille, les banquiers ont fait grève, ce 8 novembre 2011.

Les salariés du Crédit Agricole ont même occupé les locaux du siège.

Nécessitant l’intervention des forces de l’ordre, dans le calme.

Ras le bol des banquiers qui sont eux-même jugés responsables de la crise ?

Le banquier est devenu le mal-aimé des français. On confond « trader » et son banquier.

Devant la crise financière, imputée aux banques, mon banquier de tous les jours est-il responsable ?

Comment est perçu mon banquier sur les réseaux sociaux ?

Comment un mouvement de protestation légitime de salarié est il véhiculé sur le net ?

Focus !

La désinformation : mon banquier est un escroc

Le consommateur / citoyen a de quoi se révolter. Les banquiers font grève.

Sur le net, les réactions semblent de bon sens : les refus de crédits, les augmentations des frais ont de quoi alimenté une véhémence vis à vis de sa banque.

On lira par exemple : les pauvres, leurs conditions de travail sont vraiment difficiles.

Mais de son banquier ?

Le banquier est un salarié. Il n’est en général pas un « trader » qui gagne des milliers d’euros sur des investissements.

Non, il doit annoncer à son client qu’il est en découvert, que cela lui coutera des sous. Et le banquier en face de moi, il n’applique que les directives.

La proximité du client et du banquier est toujours de mise, mais menacée par un fait simple : proposer à son client que l’on connait bien un projet financier. Et se le voir refuser par une direction frileuse, qui resserrre les vis, vis à vis des acceptations, et des nécessités de se « récapitaliser ».

Le banquier qu’on cotoie est comme vous, et nous.

L’information véhiculée par les médias est à peser avec discernement.

Il est facile d’opposer banque-richesse et mon quotidien quand son quotidien est le même que le salarié qui vient travailler tous les jours, comme tous.

C’est le concept d’action-réaction, qui relève d’un processus énérgétique : à savoir :

Devant une vérité qui parait naturelle ( le système financier est « responsable » de la crise) , la réaction est elle naturelle, mais sans nuance : « mon banquier est un voleur ».

Ce mécanisme de pensée, cher au populisme doit être démonté. C’est l’objet d’une réflexion sur nos médias et l’information qui nous est diffusée.

L’information est en effet un choix de liberté, et de réflexion.

On lira ainsi pour les lecteurs intéressés : Concept d’information et d’énergie, la rétroaction.

Le mouvement syndical et les réseaux sociaux

L’expérience du mouvement de grève et syndicaliste, est intéressante.

Dans la recherche sur Twitter, sur les mots clés : « grève crédit agricole », on tombera sur des résultats, qui ramène au lien ci dessus : les banquiers font grève,

Autant la manifestation, qu’on peut qualifier d' »analogique », c’est à dire dans le réel, par l’occupation du siège est efficace, en terme de communication.

Autant la manifestion « numérique » est pauvre. Où est le syndicalisme sur les réseaux sociaux ?

Le mouvement de protestation par les réseaux sociaux est devenu usage efficace : par le « buzz », les retwets sur Twitter, ou « J’aime » sur Facebook.

Récemment, par exemple, la direction de Cora a renoncé à licencier une employée qui avait « profité » d’un avantage de réduction sur un ticket de caisse d’un client. Par la pression des réseaux sociaux.

C’est une nouvelle forme de citoyenneté, qui se coupe à la fois du politique, et plus généralement des formes institutionnelles. Pas besoin de la politique, ni des syndicats pour s’opposer.

Et le résultat a porté ses fruits.

Aux syndicats de trouver une nouvelle forme d’action, en complément aux actions du « terrain », de la réalité.

La vigilance est de mise sur nos rapports conflictuels d’aujourd’hui. Information et vérité. Information et désinformation.

J’aime mon banquier.

[ A noter : je n’ai aucun lien avec le Crédit agricole, et ne suis pas salarié de cette banque. Les informations relatives au Crédit Agricole auraient pu être de référence, vis à vis d’autres banques , telles la BNP, la société générale, etc… Cet article, comme l’ensemble de ce blog n’a que pour vocation de réfléchir aux problématiques de communication, et aucunement de mettre en cause une société commerciale ]

Le 14 novembre les salariés ont décidé de poursuivre la grève, et le mouvement ne peut suivre, perdre 80 euros la journée, ça se discute.
d autres formes de résistances sont pourtant possibles : par les réseaux sociaux, la grève du zèle : appliquer les règles de l entreprise jusqu’au boutisme. Quitte à paralyser l’activite de l’entreprise pour se faire entendre.

3 réflexions au sujet de « Les banquiers, la crise, la grève, et l’information »

  1. Cédric

    Si mon patron me demande de vendre de la drogue, je réclame une augmentation, ou alors j’me dis que j’ai pas envie d’être assimilé à un dealer?
    Autant l’on peut comprendre les revendications salariales, autant la réputation « d’escroc », elle est aussi due au fait que le salarié a bien voulu (certes, avec la pression du marché de l’emploi, etc…) suivre les directives de la direction et vendre des produits qui n’étaient pas dans l’intérêt des clients.
    Et c’est là où est la fracture. Un personnel d’accueil régulièrement renouvelé pour dépersonnaliser la banque et supprimer toute possibilité de « compassion » envers les clients… et l’image banquier-escroc vient plus du relevé de compte qui voit s’ajouter des toutes sortes de frais dont on avait pas connaissance, et du flou mis en place dans les halls d’accueil que des traders qui sont dans un monde assez virtuel pour monsieur tout-le-monde.
    Bref, en laissant leurs directions mettre en place des systèmes déshumanisés et des produits qui visent à enrichir la banque et jeter un peu de poudre aux yeux des clients (voire de la grosse merde comme les revolving), les banquiers ont creusé un fossé avec leur clientèle qui aura bien du mal à les soutenir…

    Cordialement

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    1. zeboute Auteur de l’article

      Vendre de la drogue et proposer le bon conseil au client n’ est pas la même chose.
      Attention aux amalgames. Comme je l ai indiqué dans ce billet,
      Le salarié,et par expérience, subit comme tout à chacun les directives d un siège qui n’est pas toujours à l’écoute du terrain : comme beaucoup d entreprises où les têtes pensantes ne sont pas conscientes des réalités du terrain.

      Concernant les crédits revolvings, justement, un bon banquier de proximité ne le proposera pas, sinon changer de banque.

      C’est la force de la proximité qui permet d’accepter et de permettre à des gens certes « border Line » sur leurs revenus, [ hors des grilles d acceptation ], mais pourtant capables de rembourser.
      Aujourd’hui les banques sont frileuses, à savoir la direction générale, et je pressens que le ras le bol des salariés est justement ce décalage entre la réalité et le virtuel d une crise financière.
      J’espère que ce complément complétera votre réflexion.
      Mon propos n’est nullement de défendre ou fustiger le monde bancaire, mais de souligner les contradictions d information et de perception, et du populisme face à cet exemple.
      J’aurais pu également prendre l’exemple de la grande distribution.
      J’ai souhaité réagir au propos de vendre de la drogue, qui me semble déplacé.
      A la lecture de l’article sur le populisme, d’action et réaction, vous serez éclairé sur ces points.

      Merci de votre commentaire.

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      1. lebrun

        Bonjour,
        Moi-même salarié du CA , dans l’ouest, attention aux amalgames et raccourcis.Les salariés de la banque ne sont ni pire ni mieux que les enseignants qui acceptent le délitement de l’éducation nationale, les juges et avocats qui continuent à faire leur boulot, l’employé d’EDF ou Véolia qui participent à mettre ne danger la planète. Combattre un système ou la manière dont il est conduit, oui, fustiger les salariés qui gagnent leur vie comme ils le peuvent non.
        Car après c’est le populisme, la guerre civile …et la dictature.On a mieux à faire !
        Serge, cadre et syndicaliste engagé.

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