Sémiotique du catch, par Roland Barthes

Dans Mythologies, [ 1957 ] Roland Barthes décode les signes dans le quotidien :

la publicité, les marques, le design ( la fameuse Citroen ), les faits de société comme les mariages médiatisés.

Il s’agit d’une démystification des choses et des usages.

Cette sémiologie, étude des signes, a eu un fort succès,    et aujourd’hui encore ses décodages font référence. Et ce décodage fait toujours succès dans les journaux, chroniques et blogs. Où l’on « commente », décrypte.

Le catch, ou la scénarisation de nos émotions et de la Comédie Humaine.

L’essai de Roland Barthes, publié en 1957, commence par un sémiotique du catch. En lisant le texte, on est surpris de la modernité du texte. Aujourd’hui, le catch est redevenu une mode diffusée à la télévision, et appréciée de la jeunesse. On comprend pourquoi.

Le catch ou l’art de l’immédiateté.

Le retour à l’immédiat, le spectacle gratuit et donné sans introspection du spectateur sur ce qu’il voit, voilà un thème d’actualité. Autant dans la boxe, on exige l’effort. Le combat se fait dans la douleur, l’effort, jusqu’à la victoire ou la défaite. On ne sait qui gagnera et c’est dans la lenteur du combat que se noue l’intrigue du sport. Autant dans le catch, tout est dans l’immédiat. Les prises sont purement des codes, et sont une mise en scène du spectacle. Comme au temps du cirque romain et des gladiateurs, on hurle contre les catcheurs, ou on les adore. Personne n’est dupe. On sait qu’on fait semblant.

On passe d’une prise à terre, à des coups menés dans l’élastique du ring. Il n’y a pas de continuité dans l’effort. « On zappe », comme on dirait aujourd’hui.

La justice humaine exhibée.

Dans le catch, on passe du pauvre catcheur martyrisé par le « méchant », qui enfreint les règles du jeu, à un retournement salvateur. Le salaud est pris au piège, par un retournement soudain. La foule crie, subjuguée et jouit de la vengeance. Le public est juste, il n’a pas besoin d’arbitre, ou de règles. Il sait le bien et le mal. Et il n’a aucune pitié devant le salaud qui a pris en traite son partenaire de scène. C’est oeil pour oeil, dent pour dent. Pas d’intermédiaire dans cette justice, où l’intimité du coeur , et non la raison, trouve sa vérité.

Roland Barthes de conclure :  » Sur le Ring et au fond même de leur ignominie volontaire, les catcheurs restent des dieux, parce qu’ils sont pour quelques instants, la clef qui ouvre la Nature, le geste pur qui sépare le Bien du Mal dévoile la figure d’une justice enfin intelligible« .

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