Les écritures réjouissantes

Parfois, on lit des textes, des formules qui correspondent exactement à notre état d’esprit.

Parfois, ces mots lus quelque part sont ceux qu’on aurait aimé écrire.

Parfois, les mots nous interpellent.

Au fil des lectures, voici les mots qui ont une empreinte, pour moi, et dont je suis sûr qu’elles vous interpelleront. Par leur beauté, leur sens, leur évocation poétique, ou totalisante..

Un café avec vue – Valérie Declaire.

 » Le jour fait encore dodo ».

 » Elle allume la machine, le récit peut commencer ».

« L’humanité s’épuise depuis des siècles. Elle a tellement grossi, s’est tellement empiffrée qu’elle ne tient plus la distance ».

A propos de la mère/fille : « Ce fil qui relie leurs coeurs est le canal d’une communication inaudible qui dit : – je suis là. je sais que tu es là – je suis en alerte – je sais que tu me protèges « .

« C ‘est pas ta fille que tu as envie de passer par la fenêtre, c’est son adolescence. L’adulte qu’elle sera demain n’a rien à voir avec l’ado que tu as devant toi. Toutes les valeurs que tu lui as inculquées sont bien là ».

« Ce moment à la chair de sa chair se bat pour devenir adulte mais panique à l’idée de quitter le nid douillet de l’enfance ».

 » Cette étape épuisante dans laquelle parents comme enfants se consument lentement dans l’incendie que chacun d’eux alimente ».

« A quoi sert de demander à Adèle de faire des cartes mentales sur la croissance démographique de la France et ses effets ? Elle qui ne sait même pas récupérer la monnaie chez le boulanger ».

« Un petit asticot plein de vigueur qui impressionne d’emblée par sa vivacité l’ensemble du corps médical présent dans la salle d’accouchement ».

 » Un petit couple d’adolescents, main dans la main, qui regardent le sol en marchant et semblent tout émus – Ces deux là viennent de faire l’amour ou alors ils y vont ».

 » Tu ne donnes pas ce que l’autre attend. S’il se plaint, plains toi aussi. Il est malheureux ? toi aussi ! Aider ce n’est pas sauver. Si tu constates que tes conseils ne servent à rien, dis simplement que tu ne peux rien faire pour lui « .

 » Seule la machine qui déclenche sa respiration donne l’impression qu’il est encore en vie. Sa tension est à 2. Il est parti « .

 » Finalement elle nous expliquait dans un langage acceptable ce qu’elle voyait au quotidien avec ses yeux « .

 » Les deux femmes se sont figées. Elles se sont regardées et ont souri. Cela sentait bon le pain grillé et le café, et Gabrielle venait de déployer ses ailes sur ce nouveau matin ».

L’heure du retour – Christophe M.Hood.

Sur la survie :

 » Lénine a dit que toute société se trouve à trois repas du chaos. Quand j’écris chaos, c’est le mot Christ qui est proposé ».

 » Dans l’ensemble, je me débrouillais pour exister comme un protozoaire « .

Sur l’aberration de l’éducation, parfois, comme les protagonistes vivent une fin du monde :

 » La vie moderne s’était bâtie sur des tautologies .Nous avions répété à nos enfants que les erreurs n’étaient que des occasions d’apprendre. Désormais la moindre erreur pouvait vous tuer. « 

Concernant l’individualité. Suivre les autres et l’humanité. Dans le roman, on parle des survival. Et cette même tendance à suivre.. :

 » Le problème de la vie moderne c’est le choix, combiné au culte sans bornes de l’individualité. La solution à ce problème, c’est l’effacement. Ne pas être le poisson mais le banc de poissons, ne pas être l’oiseau mais la nuée. Trouver le sens de l’engagement dans une entité plus grande. Que soi. Vous sacrifiez votre individualité et en échange vous recevez une entité de groupe.

N’était ce pas ce que faisaient les moines et les bonnes depuis des siècles ?

Mais l’auteur de l’article soulignait la différence fondamentale, une chose bien comprise par l’église catholique : cloîtrer les gens ça ne fonctionne que si on leur interdit d’avoir des relations sexuelles. Quel que soit le but originel du revival, ils semblaient déjà se transformer en la meme chose que la plupart des sectes : une machine à assujettir les femmes.

Les membres du revival, hommes et femmes, donnaient leur corps à Dieu. Et, comme c’est bien commode pour les leaders, les hommes, Dieu voulaient que ces corps procréent. La belle et rafraîchissante simplicité du sacrifice de soi ne gardait sa beauté et son côté rafraîchissant que tant qu’on l’exprimait et le comprenait en termes philosophiques abstraits. Mais on ne vit pas dans l’abstraction, et lorsque la fracture entre la théorie et la pratique devient impossible à combler, c’est là qu’on sort le kool-aid. »

Sur le bavardage qui peut vous saouler :

 » Il n’y avait pas d’espace pour parler « .

Sur l’ennui existentiel : que faire de sa vie ?

 » Le concept de hobby me remplissait de désespoir existentiel. Je me battrais comme un beau diable pour avoir un maximum de jours sur terre, mais je n’avais pas la moindre idée de comment j’allais les remplir. »

Sur les disputes de couple :

 » Ma hantise du conflit ouvert était si profonde que chaque fois qu’on se disputait je me demandais si ses prochaines paroles n’allaient pas être pour demander le divorce. Au lieu de ça, il y avait des excuses et mieux encore, des rires, révélant que le gouffre béant entre nous n’était pas si profond en fin de compte. C’était juste une dispute. Tous les couples se disputent. C’était une sensation magique, de prendre conscience que nous n’étions pas forcés de remonter une pente insurmontable, après tout , il n’y avait pas de dénivelé. Nous étions sur un terrain plat, ensemble. C’était juste mon cerveau qui me jouait des tours » .

Sur la mort d’un proche :

Certains racontaient la mort de leur famille avec le plus grand détachement car un fusible avait sauté, celui qui empêchait leurs émotions de faire tout exploser, ne leur laissant que les traits tirés.

Quand tout va mal :

J’avais des crampes aux doigts et l’impression de sentir les radiations en train de détériorer mon ADN.

La psy en moi disait : ce n’est pas le moment de faire confiance à tes émotions. Tu es fatigué et tu as faim.

Ne pas culpabiliser ou regretter ses choix :

Bill est psy. et fait ce conseil, précieux ! :

 » Je recommandais à mes clients de ne pas s’identifier avec le choix. Une femme prise au piège dans un mariage sans amour, abusif a une aventure. Ensuite sur le canapé de mon cabinet, elle regarde le plafond et se traite de femme adultère. Vous avez fait un choix, lui dis je. Il ne définit pas votre identité. Il ne vous change pas fondamentalement, c’est un acte, pas une essence.

Vous n’étiez pas bipolaire, vous étiez une personne vivant avec un trouble ni polaire. »

Sur notre propension à penser qu’on peut décider de tout :

Vous n’avez pas tant de pouvoirs que cela. La plupart des choses sur cette terre se produisent sans raison valable.

Dans la nuit brune – Agnès Desarthe

Sur la séparation du couple :

Il n’a pas compris pourquoi elle l’avait quitté. Il n’a pas compris non plus pourquoi elle l’avait épousée.

Sur la difficulté de communiquer :

Sa pensée ne produit pas de phrases. Elle s’arrête juste avant.

C’est trop tard maintenant. Trop tard pour quoi ? Pour se parler. On aurait dû commencer par là mais on s’est trompés. On a lu la carte à l’envers.

Sur le temps ; les vieux tentant de récupérer leur jeunesse :

Rendez-nous notre jeunesse, hurlent les diables grisonnants. A l’âge qu’on a, on saura quoi en faire.

Métaphore de la résistance, de ce qu’on ne peut bouger :

Prenez un arbre dans vos bras et tirez vers le haut, tentez de le soulever. Voilà rien ne bouge. C’est ça, la mort se dit Jérôme.

Si seulement elle pouvait rester ainsi endormie dans les bras de ses parents et ne se réveiller que bien plus tard, bien plus tard après que la terre aura recouvert la tombe, après que l’herbe y aura repoussé, après qu’elle aura trouvé un nouvel amour, après la naissance de ses enfants.

Sur la mort de sa mère :

Tu ne prononceras plus jamais le mot maman

Une phrase puissante : « La mort est puissante. »

Minuit vingt – Daniel Galera

Les phrases ou mots bien écrits que j’ai kiffé :

Plonger dans un coma auto-induit
Une normalité débandante.

Dispensable.

J’avais eu avec elle une conversation assez intime, lubrifiée par les mojitos.

Dans les vestiaires les hommes massaient leur ego sans aucune pudeur

Concernant l’égoïsme des gens qui ne vous écoutent pas :

Antero était trop égocentrique pour se souvenir en détail de tout ce qui ne l’impliquait pas directement.

Dans les sujets de famille qu’on ne veut pas évoquer, il y a aussi parfois la politique :

Le second sujet la politique était plus banal, mais seulement à condition de rester dans ses modalités légères et désengagées, à peine un cran au dessus de la météo dans le domaine des conversations visant à combler le vide

J’adore les personnes qui écrivent des lettres ou s’écrivent des lettres qu’elles aimeraient envoyer. Ou ici la lettre que le personne aurait eu envie d’écrire si elle était toujours vivante. J’aime également ce passage, car il reprend le Mythe de Sisyphe, d’Albert Camus ; et challenge ce mythe à notre époque :

J’ai ouvert mon ordinateur portable, puis j’ai écrit la lettre que j »aurais écrite a Andrei s’il avait été vivant. Dans cette lettre je lui disais, en gros, que Sysiphe avait la chance de vivre pendant l’Antiquité. S’il vivait à notre époque, il en saurait beaucoup trop sur le Rocher, sur la montagne et sur lui même pour être capable de se vouer éternellement a l’absurdité de sa tâche.

Parfois, on se libère d’une tâche, d’une activité ennuyeuse, et on fonce vers autre chose ; plein d’énergie qu’on pensait ne plus avoir :

Énergisé de ces litiges, non seulement j’ai oublié ma fatigue mais je me suis senti pris d’un élan inhabituel.
Au lieu de déjeuner j’ai sauté dans un bus pour rentrer chez moi; j’ai fourré lunettes et maillot de bain serviette et affaires de toilette dans mon sac et j’ai repris un bus T9 jusqu’au complexe sportif de l’université.
Je savourais mes endorphines comme si je venais de prendre un ecstasy
Dans les vestiaires les hommes massaient leur ego sans aucune pudeur.

Andrew Sean Greet. Tribulations d’Arthur Mineur, et Arthur Mineur court à sa perte.

J’aime beaucoup les textes d’Andrew Sean Greet, car ils donnent un recul sur nos vies. Et notamment sur la séparation et la vie en solitaire. L’auteur nous fait vivre la vie d’Arthur Mineur.

Voici quelques mots choisis :

Mineur ne sait même pas où est rangé sa véritable identité.

Ma philosophie ? La mienne consiste à embrasser l’affirmatif.

J’avais moi même échappé à la structure de ma propre histoire.

A laquelle j’avais fait faux bond, purement et simplement

Concernant l’urgence de vie, et la futilité que nous avons parfois dans les choses matérialistes :

Vous devriez aller à la plage comme vous le faites aujourd’hui, vous défoncer, vous enivrer, avoir des tas de relations sexuelles.

J’estime que la chose la plus triste au monde, c’est un jeune homme de 25 ans qui discute de la bourse. Ou pire, des impôts.

Ou encore d’immobilier, nom de Dieu !

Tout homme de 25 ans qui prononce le mot « refinancer » ‘, on devrait l’arrêter et le fusiller. Parlez d’amour, de musique, de poésie .

De ces choses dont on oublie tous qu’elles ont un jour compté.

Gaspillez chaque jour, voilà ce que je dis, moi.

Sur l’espoir de l’enfance, et la désillusion :

Tout le monde a déjà fait l’expérience d’un chagrin dans des moments festifs.

Aux petits enfants qu’on réveille un jour en leur disant « aujourd’hui tu as cinq ans ! ».

Ne pleurent ils pas à chaudes larmes en voyant leur monde glisser vers le chaos ?

Et puis notre soleil qui meurt lentement, la spirale de la galaxie en expansion, les molécules qui se détachent seconde après seconde vers notre inévitable mort thermique ; ne devrions pas tous élever nos plaintes jusqu’aux étoiles ?

Pour un garçon de sept ans, rester assis dans la salle d’atttente d’un aéroport est aussi ennuyeux que d’être cloué au lit en convalescence.

Ce garçon en particulier a déjà gaspillé le six millième de sa vie dans cet aéroport.

A l’époque, une génération d’écart. Aujourd’hui, ils sont pratiquement contemporains.

Se rassurer sur la séparation : elle ne signifie pas d’oublier les moments passés :

⁃ Mais tu as rompu avec lui. Quelque chose ne colle pas. Quelque chose est allé de travers.

⁃ Non non Arthur, non c’est tout le contraire !

Et je te dis, c’est une réussite. Vingt années de joies, de soutien, d’amitié, c’est une réussite.

Est ce que cette nuit est un échec, parce qu’elle va se terminer dans une heure ?

Est ce que le soleil est un échec parce qu’il va disparaître dans un milliard d’années ?

Non, c’est cette merveille de soleil, bordel.

Les gens utilisent la même vieille table, même si elle est branlante et qu’elle a été réparée des tas de fois, simplement parce que c’était celle de leur grand mère.

On relira d’autres mots dans ce billet : Mes tribulations d’Arthur Mineur.

Les règles du Mikado, Erri de Luca.

La poussière dérègle les montres parce qu’elle veut être celle qui mesure le temps

Les montres sont des instruments de mesure, mais le temps c’est autre chose. Il va aussi bien au ralenti qu’à toute vitesse.

C’est comment d’être vieux ?
C’est quand on te parle et qu’on glisse le mot encore. Vous travaillez encore ? Vous campez encore ?
Et si on me demande comme je vais je réponds : encore, je suis encore là

Tu me dis vieux, d’accord mais j’ai le même âge que toi, je vis à la même époque.
Les générations n’existent pas pour moi. Tant que nous vivons nous sommes contemporains, nous sommes deux personnes

Il arrive qu’un événement se fiche comme un clou dans le bois au cours d’une brève période détachée du flux de la vie. Ce pont oriente ensuite tout l’espace environnant.
C’est un centre qui est au moment où il se produit ne prévient pas qu’il sera immuable.

Le matin je fais l’appel, j’invite chaque partie de mon corps à dire présent. Je commence par les pieds pour finir par la nuque. Je dresse le plan de la journée, les activités indispensables et les superflues.
La durée du jour est un tour du monde. Le soir je me retrouve aux antipodes, la nuit me ramène au point de départ.

Être un engrenage dans la machine du monde.

Bon dimanche, ici c’est le seul jour de la semaine.

Le futur – Naomi Alderma

Le succès comme système de mesure, très peu pour moi

Clôtures.

Les arrière-grand-mère étaient des immigrés irlandais. Ils étaient venus aux États Unis pendant la grande famine. Les aristocrates avaient érigé des clôtures. Ils s’emparaient des terres communales que tout le monde utilisait autrefois pour faire paître des vaches, moutons ou chèvres. Ils construisaient des clôtures autour et disaient : «  ces terres m’appartiennent maintenant et tant pis pour votre gueule « .

Les aristocrates justifiaient les clôtures au nom de la performance.

Prenez ces petites bandes de terre communes, rassemblez les et vous pourrez les labourer avec de plus grandes charrues. Vous pourrez vraiement aller loin. Et en effet ils ont gagné beaucoup d’argent. Et pas un sou n’a été redistribué aux pauvres. Ils ont pris quelque chose qui n’appartenait à tout le monde et ont trouvé le moyen de se l’approprier. 

Ils ont pris ce qui appartenait à chacun d’entre nous. Ils ont rassemblé sous forme de bloc de données utilisables et s’en sont servis pour devenir très riches.

C’est ce qu’ont fait les réseaux sociaux et les géants de la technologie. Ils ont trouvé le moyen de s’accaparer ce qui jusque là n’appartenait à personne m. Ils ont inventé un nouveau type de barrière pour faire office de clôtures.

Avant personne ne pouvait s’approprier le contenu du carnet d’adresses des gens . Ni la liste de ce que vous achetiez au magasin.

Ni les mots que vous employiez pour parler à vos amis. Ni les données indiquant où vous vous trouviez. Ni les images que vous aviez dessiné et exposés sur votre mur dans la chambre. Ils ont pris toutes ces informations, et récolte les données. Ils ont amalgamés le tout et l’ont rendu plus efficient.

Mais cette efficience n’était pas censée profiter à tous; ils s’en servaient our s’enrichir et nous maintenir dans la pauvreté.

Il y’a toujours un avenir à imaginer jusqu’à ce qu’il disparaisse

Même les cochons d’Inde veulent tisser des liens avec d’autres cochons d’Inde. Les humains sont enclins à aller à la rencontre d’autrui.

L’espèce humaine ne s’améliore pas, on ne fait que devenir différents, que gagner en quantité et rapidité.

On souffre une arrogance en phase terminale

Cloisonner, les barrières, des champs, des frontières des pays. Subdiviser jusque l’atome. En fission. Bombe atomique.

À Martha qui était déçue qu’on ne lui attribue pas ce qu’elle avait dit et fait :

Vous vouliez qu’on reconnaisse ce que vous aviez fait ! Merci quoi, Jesus a dit que les humbles allaient hériter la terre n’empêche qu’il voulait quand même avoir son nom dans son foutu livre, non ? Ils n’ont pas écrit « un type a dit et fait telle chose mais on ne sait plus comment il s’appelait, si ? »

Autour d’eux le matin se levait, le jour pareil à un nouveau né débordant de possibilités.

Une déferlante d’information. Le seul problème étant qu’elle est comme la révolution de Gutenberg qui a été suivie de 400 cents ans de guerre sanglante. Soudain les gens se sont retrouvés exposés à plus d’information que jamais auparavant. Ils ne disposaient pas de systèmes pour les traiter ou distinguer la vérité des mensonges. Ils étaient dépassés. On en est au même point.

Dieu est grave remonté contre nous

Le lapin et le renard : Le renard chasse, bouge. Le lapin lui reste ancré sur son territoire. Pourquoi le lapin reste il sur place ? Deux éléments :

Les comportements symboliques. Des signes d’adoration maintenaient les gens sur place et vouer aux dieux leurs céréales.

Et puis l’alcool et le tabac , nécessitent d’être stocké, mature, seche. Comme les céréales. Les lapins voulaient picoler.

Le sexe aussi était une aubaine. Les quelques chasseurs en petit nombre avaient suffisamment de partenaire pour reproduire un enfant. Mais pas assez pour l’appétit sexuel. Une grande communauté chez soi !

Nos instincts étaient construits pour la chasse et la pêche. Mais nos cervelles bien remplies savaient que l’antilope risquait de s’enfuir. L’angoisse insoutenable.

C’est là le problème. Nous pouvons imaginer l’avenir. Et une fois que nous l’avons imaginé, nous ne pouvons pas l’ arrêter.

Si le problème est : je ne sais pas ce qui va se passer, il est souvent plus facile de découvrir ce qui va se passer même si ce n’est rien de réjouissant.

Ils préféraient regarder un coin boueux de récoltes et six chèvres maigrichonnes et dire : tiens voilà ce que je vais manger.

Et être sûr plutôt que de faire face quotidiennement à l’incertitude de la chasse.

C’était une illusion. Une peste et une nuée de sauterelles décimeraient les récoltes.

Lapin ivre de symboles, de sexe et d’orge fermenté préférait l’illusion à la réalité

Nous descendons du lapin.

Nous détestons Renard. Ces gens qui voyagent, les nomades, les sans abris et tous ceux qui n’ont ni maison ni état nation.

Nous les haïssons pour nous convaincre que nous allons bien., que nous sommes en sécurité

La règle de sel : Si vous risquez de le faire quelque chose alors il est normal que j’aie la possibilité de faire la même chose

N’étant dotés ni de griffes pointues, ni de fourrure chaude, ni de dents acérées ni d’une rapidité phénoménale, nous avons un cerveau.

Le seul avenir que nous possédons réside dans notre confiance en l’autre.

Elle rirent comme le font les enfants quand on les jette très haut dans les airs.

Nous tombons tous, tout le temps, du passé à moitié compris à l’avenir impossible à connaître

Tomber sans peur s’appelle aussi voler.

Soyez impatients les enfants, Véronique Ovaldé.

Les coïncidences sont bien la preuve de la paresse de l’univers.

J’étais le genre de gamine qui pense que la place des voyelles dans l’alphabet est ordonnée selon une logique souterraine. Parce que tout doit avoir un sens. Il ne peut en être autrement.

Tu n’as rien vécu et si Dieu le veut tu ne vivras rien.

Dors ton soleil de brute, Carole Martinez.

Ce n’est pas grave, je ne suis pas pressée et je l’aime malgré tout. Je me tais et le laisse à sa fureur.

Ma pensée était tenue en bride, structurée par mon travail, par mon quotidien

Je pliais le réel dans tous les sens je supposais tout et j’oubliais mes hypothèses à mesure que je les inventais. Ma pensée faisait des bonds, malgré l’écriture je ne parvenais plus à la maîtriser. J’enfermais des phrases sans queue ni tête dans mon cahier

Elle s’amusait à enfoncer ses mots, ses doigts dans mes plaies

Tu n’as jamais cherché la compagnie des hommes, tu rend fous. Tu n’aimes pas les gens en général et plus vraiement les gens en particulier, encore moins ceux qui parlent trop fort, les exubérants, avides d’existence, incapables de silence, ceux qui prennent trop de place en se gonflant de mots inutiles comme la grenouille de la fable. Seuls les fragiles trouvent grâce à tes yeux, une écorchure au coude t’attendrît plus qu’un brillant discours.

Tu fuies tout ce qui brille et rien n’attrape ton regard que les sourires timides de ceux qui comme toi peinent à dire « je ».

Beaucoup de connaissances anciennes ont été oubliées c’est dommage. Le progrès a enterré les plus lumineuses, ne restent souvent que les peurs sombres, tout ce qui peut servir de levier au pouvoir quel qu’il soit.

Ce qui n’est pas dit n’existe pas.