Bienvenue chez vous, la Silicon Valley !

Vous n’avez pas tellement le choix.

Depuis une vingtaine d’années, vous avez acquis une double nationalité.

Citoyen de la silicon valley. Sans le vouloir. Une vallée prometteuse, à des milliards de voisins.

Dans une même communauté. Les même rituels.

Bienvenue chez vous !

Une vie dans la Silicon Valley.

Maubeuge, 24 rue des écoles. Cupertino, CA 95014, États-Unis.

La voix de Morrissey monte lentement dans la pièce.

7h32. Le smartphone s’éclaire et me réveille lentement dans une atmosphère cotonneuse.

Encore endolori, je passe mon doigt sur l’écran vitré du smart phone.

La musique s’éteint et une voix douce m’indique :

« Vous avez dormi 6h30 avec douze micro réveils. Votre qualité de sommeil est de 7/10. Bravo, depuis une semaine vous dormez bien. Je vous propose aujourd’hui pour maintenir votre forme un objectif de 6432 pas. Bonne journée ! »

Une fois passé à la douche, j’ouvre le réfrigérateur. Plus de lait. J’ai oublié de valider la commande de ma box « happy breakfast ».

Je me dépêche. Je regarde rapidement sur Plan de mon iPhone. Bouchons ce matin pour aller au travail. Itinéraire conseillé. Fortement conseillé, presque obligé, je suis.

Dans la voiture, l’écran central l’annonce un retard. La voiture fait un lent créneau et s’élance sur la route. 45 minutes estimées. Cela me laisse le temps d’appeler ma soeur que je n’ai pas appelé depuis trois jours. Malgré la relance des notifications. Les alertes répétées m’ont fait culpabiliser.

Keep cool.

Depuis que j’ai investi pour 45000 euros dans ma Tesla, la voiture roule pour moi.

Je peux en profiter pour jouer à Candy Crush sur la tablette.

Je me sens autonome. Quoique.

J’ai oublié qu’il y a encore un an, au feu rouge, j’étais encore avec moi même. Je pensais à toute sorte de choses. Des broutilles, parfois des choses même existentielles.

Maintenant je suis skotché à Candy Cruch.

La journée s’est vite passée. Connectée avec mes collègues en télétravail. Sur le meet ( rencontrer ), je lève le doigt numérique pour pouvoir parler.

« Je dois partir un peu plus tôt. Je pars en week-end à Rome »

Pas grave, l’Intelligence artificielle ( Intelligence Amie ) me fera un résumé que je pourrais lire tranquillement dans la voiture.

Week-end surprise pour ma femme que je n’ai pas encore planifié..

Sur la route, je réserve le billet d’avion, via l’application de la compagnie aérienne. Je cherche rapidement une chambre d’hôtel dans le centre de Rome. En scrutant d’un œil avisé les notes à 4/5 des hôtels.

Tout cela me prend du temps, je pensais que l’informatisation des entreprises allaient permettre d’améliorer l’expérience client ou la qualité de service. Non, les entreprises m’ont délégué le boulot.

Je dois composer mon pack avion. Vérifier la hauteur de ma valise , si elle rentre bien dans les standards de l’offre du billet. Et je planifie moi-même pour la compagnie aérienne le plan d’occupation de l’avion; en choisissant le siège que j’occuperai.

Mais j’ai le temps, dans la voiture.

54 minutes de bouchons annoncés.

Le contact allumé, la playlist se met en marche dans l’habitacle. En boucle, le voilà rassuré. Mon cocon musical me berce.

A un feu rouge, je débraye le système automatique. Je coupe la musique. Et je respire profondément. Je ferme les yeux.

Je me sens seul au fond.

Pourtant, j’ai 6 milliards de voisin qui sont comme moi.

Vos 6 milliards de voisins.

Nous sommes tous citoyens américains. Pas vraiment. Mais citoyen de la Silicon Valley.

Du coréen au rwandais, à l’autre bout du globe, du brésilien au japonais, nous avons les même gestes.

L’enfant de 2 ans encore sur les genoux de sa maman zieute déjà la vidéo YouTube du directeur commercial.

Seule la publicité, le rituel avant de visionner gratuitement la vidéo, diffère. Elle est contextualisée.

Ainsi, du matin au soir, nos gestes ancestraux sont devenus ceux de la Silicon Valley. Que des ingénieurs américains ont désigné pour la planète.

Le même mouvement de scroll, le même pouce qui like.

Notre monde est de la même couleur, où que l’on soit sur le globe : en vert pour les messages écrits de la même police de caractère sur l’Iphone.

Le même pincement de doigt pour zoomer et dézoomer.

Les boutons pause,rewind..

Le même réflexe devant un paysage de composer un selfie. De partager.

Les mêmes smileys qui composent nos textos. Réduits à quelque centaines de symboles, pour ne pas déranger la fluidité et nous encombrer.

Tout est fluide dans la Silicon Valley. C’est certainement un des devises de la Silicon Valley Nation : Fluidité.

Nous avons appris les même gestes au fur a mesure que les applications et usages se sont déployés dans nos devices, nos smartphones. Dans notre poche, même dans notre chambre à coucher.

95 % de la population mondiale âgée de plus de 15 ans a ce fameux passeport de la Silicon Valley : un smartphone.

Quelque 6 milliards.

Nos mêmes rituels.

Dans le village de la Silicon Valley, on y trouve des religions. De quelle confession ?

On ne parle pas de confession, mais de marque.

Celle d’Apple réunit quelques 1,8 milliards de fidèle. La religion la plus fidèle.

Où ses pratiquants que nous sommes honorent chaque matin l’application Plans, Safari, Siri, Apple Music.

Sur un socle, l’IOS ; Iphone Operating System.

L’univers Apple est celui qui atteint le mieux la pureté du Dieu qui trône dans la Silicon Valley.

Le minimalisme. La couleur lisse. Sans dégradé. Sans ride. Sans accrocs. Esthétique.

Il ne faut pas croire que nous sommes justes voisins. Nous sommes un même peuple.

Vous pensez que ces objets numériques ne sont qu’un outil. Qu’on peut s’en séparer.

Et que nous sommes tous un peu semblables car nous avons un même objet en commun.

Comme la même télévision Samsung que l’indien au fin fond de Calcutta…

Et que cela s’arrête juste à ce point commun.

Non, notre être est irradié par les lois indicibles de la Silicon Valley..

  • Par nos même comportements :

La propension à réagir aux posts sur Instagram, sur Facebook.

La propension à scroller sur une application à la recherche d’un tiktok qui satisfera.

La propension à sublimer son voyage en prenant la photographie la plus « instagrammeuse« .

La propension à faire un selfie. Qu’on postera.

  • Par nos même façons de penser :

Penser que nos smartphones nous aident, et c’est vrai : toutes les tâches ingrates, ennuyeuses ont été déléguées. rechercher le meilleur trajet pour la route.

Penser que noter et donner un avis sur un restaurant va aider notre communauté humaine à choisir le bon.

Penser qu’il faut se mesurer. Le self-quantified : mesurer ce qu’on mange, mesurer nos calories, mesurer ses pas , son rythme du sommeil..

  • Par l’attention permanente.

La fonction « temps de déconnexion », ou « limitation de l’utilisation » est révélatrice de notre dépendance à se connecter en permanence. Notifications, buzz, Fomo..

Tout citoyen de la Silicon Valley a son smartphone à portée de main.

Dans le métro, au restaurant, dans son lit, sur le passage clouté. Le smombie et le phubber sont les citoyens modèles de la grande principauté de la silicon Valley.

Mais nous tous, les 6 milliards, avons à plus ou moins grande, l’attention portée sur son smartphone.

Un objet de 5 cm sur 15 cm.

Ce n’est pas l’universel, mais le numiversel; pour reprendre le mot d’Alain Damasio.

Le paradis perdu.

Toute nation a une histoire. Tout peuple a une histoire.

De l’empire romain, des dynasties Chinoises, l’humanité s’est construite pendant des millénaires.

Notre civilisation a rebooté.

Au milieu du XXIe siècle, notre histoire s’est calquée sur la vision du monde.

La startup a disrupté l’anthropologie.

Un nouveau départ : Les États Unis est une jeune nation. A l’échelle des nations mondiales, les Etats-Unis sont un pays neuf. L’histoire est une poussière qui n’a jamais eu le temps de se déposer.

On met des dates sur des marques de bière pour s’inventer un passé dans une société qui ne vit que pour le futur.

Et les sites « historiques » des Etats-Unis ont toujours quelque chose de « faux ». D’artificiel. De forcé, de trop brièvement scellé dans un cube de ciment prompt, qui fend déjà.

La nation est née des pionniers venus d’Europe. La ruée vers l’or.

Elle a attiré des migrants du monde entier. Aggrégé des individus, dont le point commun est la réussite.

Le « self made man ». Réussir par soi-même, même en venant d’en bas, de milieu défavorisé. « You can do it« .

L’esprit de performance, d’autonomie, de réussir par soi-même irrigue la Silicon Valley.

C’est l’esprit « Start-up » qu’on retrouve à longueur de « success story ».

Les réussites fulgurantes d’AirB&N »B, Facebook, Uber, Amazon..

C’est l’histoire qu’on retient encore de la Silicon Valley. Qu’on relira ici résumée : Petite histoire de la Silicon Valley

Des mythes fondateurs imprimés sur les cartes mémoires de nos smartphones et de notre mémoire collective.

La Silicon Valley vient du silicium. Cette matière première nécessaire à l’industrie numérique.

L’histoire de votre pays a plusieurs strates, et il est important que vous la connaissiez.

La première, la génèse de la Silicon Valley date de 1938.

C’est l’année où les frères Hewlett Packard ( HP, marque qui existe encore aujourd’hui ) créent un audio-oscillateur dans leur garage. Le fameux mythe de l’inventeur dans son garage !

L’innovation technologique change radicalement à cette époque. Historiquement, les avancées techniques naissent de la science ( la recherche fondamentale ). L’industrie s’approprie les recherches, dans un temps plus ou moins long.

Ici à la Silicon Valley, au même endroit se réunissent les scientifiques, l’industrie militaire, les écoles universitaires.

Au même endroit, et dans un temps raccourci. On découvre, innove ; en même temps qu’on teste et déploie.

Le résultat et la performance deviennent les indicateurs de la réussite.

C’est bien sûr la guerre qui nécessite au départ la vitesse, l’agilité.

Il faut rompre avec les schémas historiques.

Et c’est cette vision Silicon Valleyenne qui dominera et domine encore aujourd’hui notre monde.

Rompre avec l’ancienne industrie.

La seconde strate historique de la Silicon Valley est celle de la contre-culture :

Le mouvement hyppie, la libération des moeurs , la remise en cause du modèle américain

La fraternité, l’émancipation deviennent le leitmotiv. Et la technologie doit servir l’homme.

L’ordinateur personnel ( Personal Computer ) est le symbole de cette émancipation.

L’ouverture sur le monde avec l’arrivée d’internet est le symbole de l’échange, de la création de communautés. Physiques ou virtuelles. C’est la possibilité d’avoir accès depuis son ordinateur à la connaissance illimitée et à discuter, échanger avec la planète entière.

De là, l’informatique doit libérer les hommes, permettent l’autonomie.

Il s’agit de faire soi-même. Le « Do It Yourself ».

C’est aussi la résistance contre les institutions, l’Etat.

Un défi qui est encore d’actualité. Où le populisme remet en cause les hiérarchies sociales, politiques, sociétales.

Et un moment où la « tech » continue de vouloir rendre l’homme autonome : le monde des multinationales.

La fin de la contre-culture.

Si l’image de l’étudiant dans son garage est restée populaire, la réalité aujourd’hui n’a plus l’utopie salvatrice, bienveillante.

L’ouverture jouissive sur le monde s’est transformée en quelques silôts digitaux :

Chaque GAFA clôture son espace, pour éviter qu’on s’y échappe. L’objectif est de monétiser en permanence la présence sur l’application ( air’b’nb pour les voyages, Amazon pour le commerce, Netflix pour les films .. ), ou le réseau social.

Surfer sur internet, cette liberté de picorer un peu partout sur la toile ; découvrir des terrains numériques vierges n’existe plus , ou plus vraiment.

Les plateformes numériques nous brident, nous enferment. Par la création d’un compte client. D’un profil.

L’anonymat et l’échappement n’existent plus : le cookie ou l’adresse ip est le morceau de bit qui vous colle à la peau, numériquement.

Apple qui a longtemps tiré partie de son aura hipie, de contre-culture est la société la plus fermée.

Par ses normes, sa logique propriétaire. On ne peut sortir du monde Apple.

L’appareil Iphone est impossible à démonter.

Offrir une application à un utilisateur nécessite de passer par la plateforme Apple Store. Qui régit ce qui peut être utilisé ou pas.

Nous sommes à l’opposé du logiciel libre, de l’open source et du partage.

C’est Apple qui décide ce que vous ferez ou pas.

Bientôt 2 milliards de fidèles.

L’évasion fiscale d’Apple avoisine les 150 milliards de dollars d’évasion fiscale dans les îles vierges britanniques.

70 milliards de bénéfice annuel grâce à des marges exponentielles ; des Iphones vendus 1300 euros pour un coût de revient tout compris de 150 euros.

2000 milliards de capitalisation boursière, un montant équivalent au PIB annuel du Canada ou de l’Italie..

Votre Silicon Valley n’est pas l’endroit le plus égalitaire et joyeux qu’on nous le dit…

Le vrai visage de la Silicon Valley.

La Silicon Valley s’est toujours targuée d’être visionnaire. En fait, leurs leaders vendent un unique produit : leur futur. Et il nous le propose à coût de publicités, d’invitations ; à l’échelle mondiale.

Ce sont des ingénieurs informatiques américains qui façonnent un monde à leur image.

Avec l’ambition de la performance. Qui privilégiera toujours l’interface au face-à-face.

Un monde où nos cerveaux organiques doivent se confondre aux micro-processeurs.

Socialement, la Silicon Valley est un monde d’adolescents timides.

Zuckerberg a inventé le Trombinoscope géant ( Facebook ) .

Il était plus à l’aise pour manier une appli que pour séduire une fille, en « réel ».

Il était incapable d’entrer en relation directement et pleinement avec l’autre. Et pour compenser cet handicap, il utilise l’interface, la barrière du numérique.

Nick Pinkston, libertarien , connaissant bien ce milieu du technolibéralisme :

« Ce sont essentiellement des autistes, des gens pour qui avoir des rapports sociaux normaux est juste.. difficile. Les social networks sont nés de leur quête d’une technologie qui puisse résoudre cela à leur façon. En phase avec leur peur de l’autre et leur désir d’échanges, malgré tout. And thy fix it ».

La Silicon Valley nous offre un monde américain, rien d’universel en vérité.

Vous êtes devenus marteaux.

La technologie du technolibéralisme nous a changé, anthropologiquement.

Alain Damasio, dans « Vallée du silicium » :

« Ce que je sais, c’est que personne n’avait imaginé l’impact anthropologique du smartphone, qui a été total.

Le smartphone a tout simplement rebooté l’éthologie de Sapiens. Absolument rien de ce qui constitue nos modes d’être n’a été épargné : on ne travaille, ne joue, ne crée, ou n’habite, on ne se déplace, ni n’échange, ni ne pense, ne dans ou ne baise comme on le faisait il y a encore 30 ans. Tout a été intégralement révolutionné par un rectangle vitré de 5 cm par dix. Notre monolithe de 2001.

Sapiens reloaded est la saison 3 de l’anthropocène. »

La technique n’est pas à décrier. Elle a pu, pendant des siècles, permis à l’homme de survivre ; par l’appropriation du feu, de l’outil ; de soulager l’ouvrier de tâches pénibles ( par la mécanisation ).

Le marteau est un outil. On le prend ; ou le laisse.

A la différence du marteau, le smartphone, nous ne l’utilisons pas. C’est lui qui nous utilise. Il est impossible de discerner qui utilise qui.

Ivan Illich écrit ainsi à propos de la technologie numérique :

« cet ordinateur sur la table n’est pas un instrument. Un marteau, je peux le prendre ou le saisir. Le prendre ne me transforme pas en marteau. Le marteau reste un instrument de la personne, pas du système. Dans un système, l’utilisateur, logiquement, devient partie du système ».

Les 4 rouages de notre dépendance.

De plus en plus de chercheurs, de psychologues, de parents s’inquiètent de la dépendance aux écrans.

Le temps capté sur les écrans avoisine les 4 heures par jour..

Si cette dépendance est difficile à conjurer, c’est qu’elle procède de 4 moteurs :

  • la volonté de pouvoir.

La technique, c’est pouvoir agir. Sous toutes ses formes : le contrôle, la maîtrise, le faire-faire.

Le pouvoir du bourgeois était de disposer un valet de chambre auquel on déléguait les tâches domestiques. Comme la nourrice s’occupant de l’enfant, pour la bourgeoise.

Le smartphone, et ses applications digitales permettent de réaliser, pour chacun, ce pouvoir. Faire faire, déléguer.

Déléguer les tâches du supermarché ( Amazon ) ; déléguer la recherche d’un amoureux ( Tinder ) ; déléguer à son chauffeur ( Google Maps ) l’itinéraire des vacances…

  • la conjuration des peurs.

La technologie rassure. Dans la peur d’un monde qui a toujours été menaçant, la technologie est une drogue qui anesthésie la peur, par des petites vibrations rassurantes.

L’homme refuse l’incertitude. Et la technologie nous semble bienveillante : elle rassure.

La météo de plus en plus précise, sur votre lieu, là où vous êtes.

Les notifications de vos rendez-vous vous permettent de ne pas oublier vos moments importants.

L’incertitude est anéantie. Vous savez à quelle heure vous allez arriver ce soir dans votre résidence de vacances.

Paradoxalement, un monde où tout est écrit, défini, prévu est un monde froid, stérile ; où la vitalité, la surprise ne sont plus.

  • la paresse jouissive.

Si le smartphone et les outils numériques nous sommes devenus indispensables, c’est qu’ils répondent à notre paresse enfantine, et humaine. La technologie est efficace, performante. Et outille nos paresses.

Retire nos fatigues, sur les plus petites contrariétés quotidiennes.

De menus paresses, simples, minuscules ; par un simple effleurement du doigt.

Sortir sa clé de sa poche pour la faire entrer dans la serrure de la voiture : je la dévérouille ma voiture d’un click sur mon smartphone qui n’a jamais quitté ma main…

Sortir de la monnaie, compter pour payer au café : je passe l’écran de mon smartphone sur le même outil que le barman qui n’a pas à compter la monnaie…

Et petit à petit, ces tâches qu’on a délégué deviennent des automatismes. On a oublié même comment faire sans..

Lire une carte de France pour se diriger sur la route, où seuls quelques panneaux à l’entrée des villes vous indiquent « Je suis là »..

Comme l’écrit Alain Damasio :

« Rien de plus doux que la paresse, par sa force d’inertie, de nous acclimater à une technologie ».

  • le fantasme de dépasser la condition humaine.

Le transhumanisme ancré dans les valeurs est l’ambition de la toute puissance de l’homme. Pouvant prolonger sa vie le plus longtemps possible. Et espérer une vie éternelle. Envahir l’espace, au delà de la Terre. Sur la lune, sur Mars.

Si la religion s’est étiolée, si le sens de l’humanité est devenu confus, l’homme a besoin de sens.

Dépasser notre finitude. l’homme augmentée de la technologie serait un « sur-homme ».

Un homme accompli. Un être de puissance.

Si le transhumanisme, cette utopie, n’est pas encore partagée par le commun des mortels, l’homme veut se réaliser.

Et le plus longtemps possible. Ces mythes ancestraux ( mythe d’Icare, animisme ) sont revisités à la lumière des géants numériques. Vivre toujours dans le futur, le mieux possible, et le plus longtemps possible.

Pour cela, toute friction est à éviter. Et notamment dans le domaine de sa santé.

Le smartphone est devenu le médecin, le coach de vie.

Nous laissons les traces numériques de nos courses de jogging, de nos battements de coeur. Du temps de sommeil. De nos calories dépensées. C’est le « self-quantified ».

Se mesurer, en permanence. Un culte de la performance ; chère au technolibéralisme : nous sommes tous devenus « entrepreneurs » de nos vies, comme la start-up née dans le garage californien..

Pouvoir ou puissance ?

Si le pouvoir est de permettre de faire-faire, la puissance, elle, est de rester maître de soi.

Voilà le mensonge de la technologie du XXIèeme siècle. Nous n’avons qu’un sentiment de pouvoir illusoire ; délégué.

La grandeur de l’Homme, construite depuis des millénaires, serait celle de la puissance. Qu’il nous faut retrouver.

Imaginer notre futur dans la Silicon Valley.

Alors, de chair et de sang, comment l’Homme peut-il espérer vivre avec ces nouveaux pansements numériques ?

Le réflexe serait de choisir de s’en libérer. Boycotter ces usages. Ces technologies.

Vivre une expérience extraordinaire. Qui nécessite de sortir du monde.

Cela peut se faire momentanément.

A l’heure des vacances. Le temps d’un weekend… C’est l’expérience involontaire qu’un couple a vécu, dans une chambre d’hôtes. ( à voir ici : ).

Mais fatalement la réalité nous ratrappe.

Il nous faut conjuguer.

A suivre…

Une réflexion au sujet de « Bienvenue chez vous, la Silicon Valley ! »

  1. Ping : Les 3 raisons : Pourquoi sommes-nous accros à nos smartphones ? | Zeboute Infocom’

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