Ma vie avec Twitter, 1 an après : radioscopie

Twitter est devenu mon compagnon de voyage numérique.

Toujours dans la poche, à n’importe quel moment.
Un an, avec ce petit truc, tout simple, un peu moche visuellement, mais pratique.
Toutes les femmes ont leur rouge à lèvre dans leur sac à main.
Moi, j’ai Twitter.

Avoir Twitter dans son sac à main, c’est essentiel.

J’ai expérimenté.

Au bout d’un an de Twitter-experience, quelle leçon

en tant qu’archéologue des SIC ( sciences de l’information et de la communication) sur cet usage ?

Twitter, l’outil technique : Atawad et interfaces.

Twitter est bien l’outil idéal en phase avec ce qu’on nomme l’ATAWAD.

Il est utilisé n’importe où :

Any Time ( Twitter fonctionne le matin, le midi ,et en soirée ).

Any Where (dans mon salon, ma chambre, dans le bus sur mon téléphone ),

Any Device ( sur mon ordinateur, mon Ipad ).

Son interface est adaptée au micro-blogging.

Admettons :

Twitter est limité esthétiquement.

Peu d’image. Des messages à 140 caractères.

Difficile de véhiculer un message, une théorie, une réflexion. Et difficile de l’agrémenter d’images percutantes.

Il faut le reconnaître :

la première fois qu’on s’y connecte, on se retrouve seul, comme dans un forum ou un salon de chat, où il n’y a personne.

Beaucoup de relations personnelles, pourtant « web social » addict, ne comprennent pas le concept. Il faut du temps pour apprivoiser l’outil.

Twitter, en un an de veille sur l’outil, a évolué.

Des fonctions d’image ont été ajoutées. Les vidéos.

Et surtout une interface visuelle permettant d’entrer justement dans le monde fabuleux de Twitter, pour le nouvel usager.

La stratégie de Twitter ne doit pas copier les grands ténors que sont Facebook ou Google+. Le micro blogging par définition est atomique, léger, et c’est ce qui fait sa force.

La convergence des interfaces des grands acteurs des réseaux sociaux est-elle un bon choix ?

Les usages de Twitter.

Comme tout outil technique, l’usage est porté par les utilisateurs, et dépasse souvent l’objet initial d’une innovation.

On se rappellera du minitel, dont l’objectif initial était de supprimer les annuaires téléphoniques papiers. Son succès s’est ensuite basé sur les messageries roses, par exemple.

Les usages de Twitter sont multiples, souvent complémentaires :

  1. Dis ce que tu fais, ou où tu es.
  2. L’usage poétique
  3. la conversation entre internautes
  4. La conversation communautaire, ou l’aggrégation en communautés par le HashTag.
  5. La veille

– Dis ce que tu fais, ou où tu es :

C’est l’usage premier et originel de Twitter à son lancement.

Qui lui a valu au début moquerie : quand j’écris ce que je fais ( je lis « L’étranger » de Camus ), je ne lis pas, je tweete.

Sans forcément d’intérêt : savoir que je suis au musée Grévin a peu de chance de toucher celui à qui on adresse son message ( ses amis ne sont pas sur Twitter à ce moment là ).

Aujourd’hui, cet usage est moins fréquent, et les sites de géolocalisation comme FourSquare ont tari cet usage.

– L’ usage poétique :

Voilà comment réconcilier les fervents défenseurs de la langue française, de la littérature et les nouvelles technologies.

En littérature, par exemple, la poésie, procède de la même technique que Twitter :

Former des vers, avec la contrainte de faire tenir le vers en alexandrin, ou 12 syllabes.

A la contrainte métrique du poème, on fera la comparaison avec Twitter qui limite le « vers » à 140 caractères.

L’aspect court des messages sur Twitter permet d’exprimer nombreuses techniques ou procédés linguistiques :

proverbe, citation, slogan.

L’un des exemples, sur Twitter est le twithaiku , basé sur la technique du poème japonais du haiku.

Selon Wikipedia, le haiku est « un petit poème extrêmement bref visant à dire l’évanescence des choses ». Evanescent comme Twitter, non ?

Exemple de Twithaiku : Silence fragile / Braille, par pitié / Pour l’amour du décibel

Au delà des aspects formels traditionnels renouvelés sur Twitter, la contrainte de Twitter nécessite synthèse, le bon mot, la formule simple.

Et de ce fait procède à un vrai travail linguistique.

– Conversation entre internautes :

On trouvera l’usage classique des messages entre twitternautes :

communiquer avec un autre internaute, en réponse à des Tweets.

Ce qui est paradoxal et troublant, c’est que cette partie de ping-pong entre tweet, ( de réponses à des messages) , est visible des autres.

Ce n’est pas qu’une partie à deux, privée mais une partie de ping-pong « médiatisée ».

Comme un match de tennis où 2 partenaires s’échangent des balles ( Tweets ) , devant un public.

Il existe bien une fonction de messages privée sur Twitter, mais elle est souvent peu utilisée, car non consultée régulièrement. A la différence du fil de Tweet.

Les conversations à deux sont donc exhibées à tous les « followers » ( profils ) qui les suivent.

– La conversation communautaire :

L’originalité de Twitter est la conversation communautaire :

Ou l’aggrégation en communautés par le HashTag.

Sur un sujet donné ( formalisé par « hashTag », un tag, soit une catégorie ), chacun peut suivre ce petit mot-clé et les messages qui y font référence. On s’abonne en quelque sorte, en temps réel à un sujet. On peut y ajouter sa participation active, en écrivant ce petit mot-clé dans son message.

Ce Tag ou mot-clé est un véritable signe méta-linguistique. Il exprime que, dans mon message, je parle autour du contenu de ce mot clé.

Il est né de la limitation du Tweet à 140 caractères. Obligeant à se référer à un petit mot clé, et y écrire son commentaire, sa position, sa réflexion.

La force du HashTag, c’est qu’il n’est pas à l’initiative du réseau Twitter lui-même, mais à l’initiative de chacun. Chacun peut écrire son mot clé.

Twitter se charge de filtrer tous les messages relatifs, et de mettre en avant, dans ses suggestions, les sujets les plus commentés.

L’aspect viral du Tweet permet de faire émerger un sujet, qui suscitera de plus en plus de commentaires.

Parfois, il peut être futile :

#MaJourneeCommenceMal verra une multitude de messages d’internautes relatant leur expérience quotidienne sur ce qui a mal commencé aujourd’hui pour eux…

Cette fonctionnalité de Twitter est une vrai force. Et qui fait de Twitter un vrai relais de « vivre ensemble » ( car communiquer est bien cela ) :

L’aggrégation de tweets autour de ce tag, ce mot clé, va créer une communauté de personnes. Qui n’ont rien à voir entre elles, si ce n’est un intérêt ponctuel ( ou pas ) sur un sujet.

Cette communauté est instantanée, fragile, et temporaire. Elle s’évanouira aussi vite qu’elle sera née.

Elle peut sur un sujet #Sarkozy regrouper des communautés aux opinions opposées.

Twitter se présente comme un vrai espace de convivialité, comme le café du coin, qui voit passer des personnes aux intérêts ou opinions différents.

Autre exemple : la manifestation.

Dans la vie « réelle », une manifestation réunit en un instant et un lieu donnés des milliers de manifestants, sur une thématique ( le refus , un grève, un soulèvement populaire ). Et s’arrête ensuite.

De la même façon, la mobilisation sur Twitter nait à un instant, autour d’un sujet. Elle engendre des milliers de Tweets. Puis s’arrête. Elle est également médiatique, et sera relayée dans tous les médias ( télévision, presse, radio ).

[ exemple : les désactivations des profils parodiant Sarkozy en campagne électorale , Ou les mouvements démocratiques des révolutions arabes ]

– La veille :

L’un des grands usages de Twitter est de suivre de l’information sur des passions. Et même plutôt des spécialistes.

Le slogan actuel de Twitter est bien de « suivre des spécialistes de tous les sujets » .

Dans cet usage, il n’est pas besoin de twitter, ou d’écrire. on peut juste suivre les tweets, sans forcément participer.

La veille commence pour celui qui débute sur le réseau en recherchant un sujet.

Rapidement, en suivant des internautes ( follower ) qui ont la même passion, son réseau de connaissance du sujet s’agrandit.

C’est un aspect viral, non en produisant de l’information, mais en suivant des internautes, qui eux-même peuvent nous suivre.

La veille technologique sur Twitter n’est pas la production de contenu sur Twitter.

Le Multi-Media :

Twitter est un média social, mais sa particularité est qu‘il n’est pas suffisant, pour faire exister une vraie parole publique, ou une vraie réflexion.

Comme on l’a dit, la limitation à 140 caractères ne permet pas de refléter toute la richesse de la pensée de l’internaute.

Il doit se nourrir d’autres médias.

2 exemples :

  • La toile internet elle-même :

Généralement, les messages font référence ( comme sur Facebook ) à d’autres sites internet : sites, blogs, ou videos.

  • La télévision :

Sur une émission de télévision, en direct, les messages sur Twitter permettent de commenter l’émission.

On prendra l’exemple de « On ne peut pas plaire à tout le monde », les élections Miss France, les cérémonies variées, les matchs de football.

Vu l’effet et l’audience de ces émissions télévisuels, un HashTag ( qui reprend classiquement le nom de l’émission ) regroupe instantanément tous les spectateurs.

Et Twitter devient le média qui commente un autre média ( la télévision ).

On retrouve ici la dimension d’autonomie des sciences de la communication de notre siècle :

nous n’avons plus besoin de spécialistes ( les critiques, les billets dans les journaux et les chroniques ), ou de médias ( le papier, l’accès au média comme un commentateur ).

L’accès au web 2.0 permet à tous d’être son propre éditeur, commentateur.

La télévision pourrait même se passer du commentateur. ( pour un match de foot, ou une cérémonie ). Il suffirait de diffuser les Tweets.

Twitter ou la soupe sémiotique.

Twitter est une véritable soupe sémiotique.

A chaque minute, beaucoup d’information, beaucoup de buzz, beaucoup d’informations.

Pris dans une infobésité. Les mêmes informations sont retwittés. Dans le tourbillon du web 2.0 !

La soupe sémiotique, c’est être plongé dans des signes primaires. Des messages courts comme des signaux fébriles de l’activité humaine.

La nature en raffole. Les couchers de soleil, les traces de pas sur le sable, la musique dans les concerts, qui nous font vibrer. Et communier.

La raison permet, elle, de prendre le recul. D’analyser.

Les tweets ne permettent pas la raison , mais de nager dans le brouhaha d’une culture web. On lit, on retweete. On vit.

Voilà la force première de Twitter, c’est de nager dans cette soupe sémiotique.

A savoir, partager les éléments microscopiques d’un monde en mouvement. Vivre les interstices de notre monde réel.

Bien loin du slogan originel « Dites ce que vous faites ». Twitter nous permet de dire  » Qu’est ce que tu vis, qu’est ce qui te fait vibrer ? ».

Tweeter est donc en quelque sorte un laboratoire permanent de messages microscopiques, vivants.

Certains chercheurs et universitaires ont même tenté de publier une cartographie du pouls du monde, par le décodage des messages.

Twitter comme le coeur vivant du web.

A la différence des autres médias sociaux, son aspect instantané est bien l’image d’un coeur en battement continu.

L’apprentissage par le seuil : la carte et le territoire.

De Twitter comme soupe « sémiotique », jaillit souvent un élément qui nous permet de passer un stade supplémentaire dans nos réflexions, nos recherches.

Et d’accéder à un nouveau plancher de connaissance, un nouveau terrain de jeux.

Par tranches successives, ( par le following, ou suivre des référents d’un domaine ), je constitue un capital de connaissances, et de Tweets.

Internet a créé les liens url, c’est à dire de naviguer d’un lien web vers un autre ( une page internet vers une autre ), au gré de ses recherches. Twitter propose plutôt un modèle structuré, et vivant de notre intérieur :

Twitter comme structure neuronale de nos réflexions.

Radioscopie – fin.

Vous l’avez compris, Twitter est un objet numérique particulier, puissant. Mais surtout né de l’usage, qui a dépassé les pensées de leurs inventeurs.

En tant qu’objet médiologique, il ne peut que nous intéresser.

Eh oui, j’ai bien mon compte Twitter, et ma communauté, autour des Sciences de l’information et de la communication. Follow me !

Pour prolonger :

Nouvelle analyse de Twitter : les 4 tendances, dans  Ma vie avec Twitter, 2 ans après. Radioscopie

Les 5 concepts de notre société de communication

Les sciences de la communication en Tweet

Sémiotique de Twitter

Que twitterait Sarkozy ?

Que twitterait De Gaulle ?

Que twitterait Socrate ?

La règle des 3T ou la Twitter Séduction

Penser et Twitter en 140 caractères

Twitter sans fot d’ortographes

Et analyse de Twitter

10 réflexions au sujet de « Ma vie avec Twitter, 1 an après : radioscopie »

  1. crunch

    explication clair précise sur un sujet qui et toujours en mouvement moi qui n’ai jamais utiliser twitter je serai tenté d,aller voir se blog et vraiment intéressant merci pour cette mine d,info

    J’aime

    Répondre
    1. zeboute Auteur de l’article

      Merci beaucoup, et j’espere que vous trouverez les pépites d’or dans cette mine ! Les sciences de l,information et de la communication sont tellement riches et vivantes..’

      J’aime

      Répondre
  2. Lunesoleil

    Merci pour cet article
    Ça fait deux ans que je suis sur twitter avec très peu d’expérience et en 2jours j’ai appris quelques trucs sauf un qui me manque.
    Comment on fait pour répondre a plusieurs en même temps sur un même tweet pour remercier de me suivre

    J’aime

    Répondre
  3. Ping : Twitter part à la chasse aux spams | news-infos.com

  4. Ping : Twitter m’a tué | Zeboute' Blog

  5. Ping : Les 10 billets essentiels de la communication pour cet été ! | Zeboute' Blog

  6. Ping : Ma vie avec Twitter, 2 ans après. Radioscopie. | Zeboute' Blog

  7. Ping : Ma vie avec Twitter, 4 ans après, 4 tendances ! | Zeboute' Blog

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.